Le dialogue social s’est brusquement tendu la première quinzaine d’août, après l’envoi de deux courriers du gouvernement aux partenaires sociaux, les 8 et 9 août. Ces lettres, qui traitent du budget 2026 et de réformes sociales envisagées pour l’automne, ont suscité une réaction de colère « unanime » des organisations de salariés et, dans une moindre mesure, du patronat, selon le texte d’origine transmis aux syndicats.
Contenu des courriers : jours fériés et assurance‑chômage
Les missives ont formalisé deux pistes majeures. La première porte sur la suppression de deux jours fériés — « le lundi de Pâques et le 8 mai » — pour les salariés du privé comme pour les agents publics, mesure que le Premier ministre François Bayrou présente comme destinée à dégager 4,2 milliards d’euros dès le budget 2026. Le gouvernement indique toutefois que les jours envisagés peuvent encore être « discutés ».
La deuxième piste concerne un durcissement des règles de l’assurance‑chômage. Selon le gouvernement, ces ajustements pourraient générer « 4 milliards d’euros d’économies en régime de croisière à partir de 2030 ». Les deux volets sont présentés comme des composantes du même effort de redressement budgétaire.
Modalités financières et répartition de l’effort
Sur les jours fériés, le courrier précise que « les salariés mensualisés et les agents publics ne seront pas rémunérés davantage pour ces nouvelles heures de travail ». En parallèle, il est prévu que « les employeurs du secteur privé s’acquitteront d’une contribution qui sera affectée au budget de l’Etat », formule qui renvoie à un dispositif comparable à la journée de solidarité déjà en place.
Concernant l’assurance‑chômage, le document évoque l’objectif chiffré de 4 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2030, sans détailler dans la lettre transmise aux partenaires sociaux l’ensemble des mesures techniques retenues pour parvenir à ce montant.
Réactions des organisations professionnelles et syndicales
Les deux envois ont ravivé l’hostilité des organisations de salariés, qualifiée dans le texte d’origine d’« colère unanime ». Le patronat, lui, serait moins unanime mais fait part de réserves. Les syndicats dénoncent l’annonce comme brutale et reprochent au gouvernement d’avoir fixé des objectifs chiffrés avant d’engager un véritable dialogue sur les modalités et les conséquences sociales des mesures.
Sur le plan politique, la démarche du gouvernement a également suscité des commentaires : le député MoDem d’Eure‑et‑Loir, Philippe Vigier, est cité estimant qu’« on ne peut pas laisser les dépenses sociales dériver », et ajoutant que « tout le monde doit participer à l’effort du haut au bas de l’échelle, à due proportion ». Cette citation, rapportée telle quelle, illustre la logique du gouvernement et de certains responsables politiques en faveur d’une répartition de l’effort.
Suite de la procédure et points d’attention
Les courriers ont pour objet d’ouvrir une négociation encadrée, fixant des « modalités de la négociation » sur l’assurance‑chômage et d’apporter un « document d’orientation » sur la suppression de deux jours fériés. Le Premier ministre précise que les jours concernés peuvent rester sujets à discussion, ce qui laisse une marge de négociation sur le calendrier précis des jours fériés finalement retenus.
Plusieurs inconnues subsistent dans les éléments transmis aux partenaires sociaux : le calendrier détaillé des mesures, la liste complète des ajustements envisagés pour l’assurance‑chômage, et l’évaluation précise des conséquences sociales pour les salariés et les agents publics. Ces points devront faire l’objet d’échanges approfondis lors des réunions prévues entre le gouvernement et les organisations représentatives.
En l’état, les lettres déclenchent une période de tensions dans le dialogue social, alors que l’exécutif cherche à inscrire ces économies dans le budget 2026 et à préparer des réformes pour l’automne. Les partenaires sociaux ont été officiellement sollicités pour négocier ; la portée finale des mesures dépendra des discussions à venir et des arbitrages politiques ultérieurs.