Nouvelle‑Calédonie : l’accord de Bougival, opportunité historique selon Manuel Valls — le rejet du FLNKS menace création d’État, stabilité et relance économique

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Accord de Bougival : Manuel Valls qualifie le texte d’« opportunité historique » pour la Nouvelle‑Calédonie, mais le rejet du FLNKS fragilise la création envisagée d’un « État de Nouvelle‑Calédonie » et compromet la stabilité politique, pourtant jugée essentielle pour relancer l’économie (nickel, services publics) après les émeutes de mai 2024.

« L’accord de Bougival est une opportunité historique, saisissez‑la », a déclaré Manuel Valls mercredi 20 août devant le Sénat coutumier de Nouvelle‑Calédonie, insistant sur le caractère incontournable de ce texte pour l’avenir du territoire. Signé en juillet, cet accord est toutefois fragilisé par le rejet qu’en a fait le principal mouvement indépendantiste, le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS).

Rencontres et réactions après la session

Après son intervention publique, le ministre des Outre‑mer a reçu à huis clos une délégation du FLNKS. La réunion a duré deux heures et demie. À l’issue des échanges, les membres du bureau politique du Front ont refusé toute déclaration, expliquant qu’ils devaient d’abord rendre compte au président du mouvement, Christian Tein, chargé de « superviser les discussions avec l’État ». Le texte précise que Christian Tein est placé sous contrôle judiciaire et fait l’objet d’une interdiction de séjour en Nouvelle‑Calédonie.

Le président du Sénat coutumier, Éloi Gowé, a estimé pour sa part qu’il était « urgent, en s’inspirant de ces demi‑échecs [de Bougival et de Deva, en mai], de proposer un nouveau cadre de discussion et une nouvelle approche ». Cette réflexion souligne la fragilité du processus politique local et la nécessité d’ouvrir un nouveau cycle de négociations.

Ce que prévoit l’accord de Bougival

L’accord, conclu le 12 juillet à Bougival (Yvelines) après plusieurs jours de négociations entre l’État, les indépendantistes et les loyalistes, envisage la création d’un « État de Nouvelle‑Calédonie » doté d’une nationalité propre. Le texte prévoit également que ce nouvel État pourrait obtenir plusieurs compétences régaliennes tout en restant inscrit dans la Constitution française.

Le projet a reçu l’aval de l’ensemble du camp non indépendantiste, ainsi que du mouvement Éveil océanien, positionné comme formation « ni ni » (ni indépendantiste ni loyaliste). Il a aussi été validé par les indépendantistes du Palika et de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui s’étaient éloignés du FLNKS il y a un an. En revanche, le FLNKS a formellement rejeté l’accord, ce qui prive le texte d’un large consensus au sein du principal pôle pro‑indépendance.

Enjeux économiques et sociaux évoqués

Avant son départ pour le territoire, Manuel Valls avait averti que « sans accord, sans stabilité politique, il n’y aura pas de repreneurs pour le nickel, la pénurie de soignants perdurera et les inégalités continueront de se creuser ». Le ministre a ainsi relié la tenue du compromis à des conséquences concrètes pour l’économie locale et les services publics.

Le FLNKS, répondant par communiqué, a dénoncé les « leçons de responsabilité » venant de l’État et a estimé que le ministre engageait un « rapport de force (…) alors que le pays est sous perfusion depuis plusieurs années et que les inégalités n’ont fait que se creuser depuis des décennies ». Cette formulation traduit une forte défiance à l’égard de l’intervention de l’État et une perception d’asymétrie dans le dialogue politique.

Le déplacement ministériel survient dans un climat toujours marqué par les violences de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme électorale. Ces émeutes avaient fait 14 morts et occasionné plus de deux milliards d’euros de dégâts, selon les bilans rapportés, entraînant aussi une chute d’activité estimée à au moins 10 % du PIB de la Nouvelle‑Calédonie.

Un calendrier de visites serré

Depuis sa nomination en fin d’année dernière, Manuel Valls multiplie les déplacements pour tenter de relancer un dialogue rompu après les émeutes de mai. Une première tentative de médiation, à Deva en mai, avait échoué avant que l’accord de Bougival ne soit négocié en juillet.

Durant sa visite de quatre jours, le ministre doit rencontrer les présidents de province, des maires, des responsables coutumiers et syndicaux, ainsi que des acteurs économiques. Le programme inclut également, le jeudi, un déplacement dans le Nord de l’archipel, une zone confrontée depuis les émeutes à une pénurie de personnels soignants.

Face à la division des forces politiques locales et à l’urgence sociale et économique, les acteurs politiques insulaires et l’État se trouvent à la croisée des chemins. Le rejet du FLNKS prive l’accord de Bougival d’une adhésion totale, rendant nécessaire, aux yeux de certains responsables coutumiers comme Éloi Gowé, l’élaboration d’un nouveau cadre et d’une méthode renouvelée pour poursuivre les négociations.

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