Pour sa première prise de parole politique aux universités d’été de La France insoumise (LFI), Jean‑Luc Mélenchon a de nouveau soutenu, vendredi 22 août, le mouvement de blocage annoncé pour le 10 septembre et appelé à une « grève générale ». Le chef de file du mouvement a exprimé cet appel devant plusieurs milliers de militants réunis à Chateauneuf‑sur‑Isère, près de Valence (Drôme).
Un appel clair au blocage et à la grève
« Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est‑à‑dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre ce soit la grève générale », a déclaré Jean‑Luc Mélenchon, tout en précisant : « Ce n’est pas à moi d’en décider, bien sûr. »
Le chef des « Insoumis » a relié cet appel au calendrier politique annoncé par son mouvement : « Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M. Bayrou. » Selon lui, l’objectif est de pousser, par l’obtention d’un renversement au Parlement, le président Emmanuel Macron à la démission.
Une mobilisation présentée comme citoyenne
Mélenchon a salué la dynamique qui entoure l’appel au blocage : « Personne ne sait comment tout ça s’est engagé, mais des milliers de gens s’y sont rallié d’entrée de jeu. » Il a souligné la multiplication des « assemblées citoyennes » qu’il attribue au mouvement et a estimé qu’il s’en créerait d’autres à l’approche du 10 septembre.
Le mouvement du 10 septembre n’a, à ce stade, que des contours peu définis et réclame notamment davantage de justice fiscale ainsi qu’un rejet du plan Bayrou pour le budget 2026 de la France, tel qu’il est évoqué par ses soutiens. Mélenchon a pris soin d’écarter toute accusation de « récupération » politique : « Notre stratégie est d’aider et de servir le mouvement », a‑t‑il assuré, jugeant que LFI devait accompagner l’initiative citoyenne plutôt que la diriger.
Positionnements à gauche et enjeux pour la présidentielle
Jean‑Luc Mélenchon, triple candidat à l’élection présidentielle (2012, 2017, 2022), n’a pas répondu directement, dans ce discours, aux appels à l’union de la gauche en vue de la présidentielle de 2027. En revanche, il a rappelé son appréciation de la mobilisation et la centralité, selon lui, des assemblées citoyennes dans ce mouvement.
La veille, aux universités d’été des Écologistes, la dirigeante du parti, Marine Tondelier, a renouvelé son plaidoyer pour l’union de toutes les forces de gauche. Elle a exhorté à abandonner les « attaques personnelles » et les conflits internes : « Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la ‘‘commedia dell’arte’’, et les “gnagnagna, si tu me mets un dissident là, je t’en mets un là” (…) On n’a pas le temps », a‑t‑elle martelé.
À gauche, le Parti socialiste d’Olivier Faure, les Écologistes ainsi que d’anciens Insoumis — cités dans le discours, comme Clémentine Autain et François Ruffin — défendent l’idée d’une large union face à la montée de l’extrême droite. Deux personnalités se déclarant candidates à la présidentielle, Raphaël Glucksmann et Jean‑Luc Mélenchon, se montrent toutefois réservées sur une union immédiate en raison de divergences programmatiques. Mélenchon a déjà indiqué qu’il se dit favorable à une union, mais à condition qu’elle se construise « derrière LFI et autour de son programme de rupture », selon ses propos rapportés.
Accès médiatique et controverse autour d’un journaliste
Lors de ces universités d’été, La France insoumise a refusé l’accès à son rassemblement au journaliste du quotidien Le Monde, Olivier Pérou, co‑auteur du livre d’enquête sur LFI intitulé La Meute. Cette décision a été signalée dans le compte rendu de la journée et s’inscrit dans un contexte de tensions entre certains médias et le mouvement.
Les déclarations de Jean‑Luc Mélenchon, les appels au blocage et à la grève pour le 10 septembre, ainsi que l’annonce d’un dépôt de motion de censure pour le 23 septembre constituent, dans le discours de LFI, une stratégie politique claire : faire pression par la mobilisation citoyenne et parlementaire pour provoquer un renversement du gouvernement qu’ils attribuent à M. Bayrou. Les contours opérationnels du mouvement du 10 septembre restent toutefois, au moment de cette prise de parole, peu précisément définis.