Un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) Provence-Alpes-Côte d’Azur confirme des éléments révélés en mai 2024 par une lanceuse d’alerte et deux médias, Le Monde et Marsactu, concernant la gestion irrégulière de la commune de Rognac (Bouches‑du‑Rhône). Lundi 25 août 2025, Christophe Gonzalez, nouveau maire de la ville pour le Rassemblement national (RN), a présenté en introduction d’un conseil municipal tendu les conclusions de cette enquête administrative couvrant la période 2019‑2024.
Un contexte politique et chronologique précis
La commune de Rognac, qui compte environ 12 000 habitants, a connu, durant les cinq années examinées par la CRC, une succession de deux responsables municipaux. Stéphane Le Rudulier, élu Les Républicains (LR), a laissé son mandat local à la suite de son accession au Sénat en octobre 2020. Sa succession a été assurée par Sylvie Miceli‑Houdais, de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), qui a exercé la fonction jusqu’en novembre 2024, date à laquelle des élections anticipées ont conduit à la victoire du Rassemblement national.
Ces repères chronologiques sont importants pour comprendre la période auditée : la CRC a analysé la gestion municipale entre 2019 et 2024, période marquée par des changements d’équipe exécutive et, selon le rapport, par des pratiques qualifiées d’irrégulières.
Contenu du rapport et éléments confirmés
Les 62 pages du rapport de la chambre régionale des comptes, telles que présentées en séance, reprennent et confirment au moins une part des éléments dénoncés publiquement en mai 2024. Le document est accompagné d’une longue réponse du nouvel exécutif municipal et de deux lettres succinctes signées par d’anciens édiles, pièces qui figurent dans le dossier examiné par les magistrats financiers.
Sans entrer dans le détail des points techniques exposés par la CRC, le rapport met en lumière, selon le compte rendu municipal, des dysfonctionnements répétés et des situations qualifiées par l’actuel maire d’ »abus, d’irrégularités et de désinvolture ». Christophe Gonzalez, lors du conseil municipal du 25 août 2025, a déclaré : « Je suis atterré de voir autant d’abus, d’irrégularités et de désinvolture », et s’est engagé publiquement à suivre les 12 recommandations formulées par les juges.
Le rapport détaille également des éléments signalés initialement par une agente communale, qui a sollicité le statut de lanceuse d’alerte. Sa démarche a conduit le parquet d’Aix‑en‑Provence à ouvrir une enquête préliminaire portant sur la gestion des fonds municipaux, procédure distincte mais parallèle à l’audit financier réalisé par la CRC.
Conséquences et suite procédurale
Sur le plan administratif, la CRC formule douze recommandations adressées à la municipalité. Le nouveau maire a annoncé sa volonté de s’y conformer, mais le chemin vers la mise en œuvre effective reste à préciser. Le rapport, la réponse de l’exécutif et les lettres des anciens responsables constituent pour l’instant le corpus documentaire disponible publiquement à la suite de cette présentation en conseil municipal.
Parallèlement, l’enquête préliminaire du parquet d’Aix‑en‑Provence, déclenchée après le signalement de la lanceuse d’alerte, suit son cours. Le caractère distinct des procédures — administrative et pénale — signifie que des suites judiciaires éventuelles dépendront des investigations menées par le parquet et, le cas échéant, des éléments complémentaires recueillis.
La séance de conseil municipal où le rapport a été rendu publique a été qualifiée de tendue par plusieurs participants. Le document de la CRC et les réponses annexes vont désormais servir de base pour les décisions à venir, tant sur le plan de la gouvernance locale que sur celui des contrôles financiers et juridiques.
Sans préjuger des conclusions que tirera l’autorité judiciaire, les comptes rendus officiels et la présentation municipale constituent pour l’instant l’information vérifiable disponible au sujet des irrégularités dénoncées. Les recommandations émises par la CRC, le suivi annoncé par la nouvelle équipe municipale et l’enquête préliminaire restent les éléments structurants de l’affaire à ce stade.
Enfin, la chronologie et les faits repris par le rapport — révélations de mai 2024, succession municipale d’octobre 2020 à novembre 2024, et présentation publique du document le 25 août 2025 — permettent de situer clairement les événements et d’évaluer les suites possibles, administratives comme judiciaires, pour la commune de Rognac.