Pour leur première sortie publique, le Front économique a présenté un ensemble de mesures jugées « chocs » par leurs auteurs et destinées, selon eux, à enrayer le déclin de la France. Le document, dévoilé vendredi 29 août (année non précisée dans le texte d’origine), propose notamment de ramener la taille du gouvernement de 35 à 23 ministres, de supprimer 20 000 communes et autres collectivités locales, de réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires, d’alléger les impôts, de faciliter les heures supplémentaires et de créer une « bourse des données » calquée sur les marchés financiers.
Genèse et objectifs du Front économique
Le projet a été lancé en octobre 2024. En pleine tourmente politico‑budgétaire, Patrick Martin, président du Mouvement des entreprises de France (Medef), et l’économiste Philippe Aghion ont décidé de relancer la bataille des idées. Leur intention affichée : « rétablir de la rationalité économique dans le débat public », défendre une orientation pro‑entreprises et tenter de débloquer des situations jugées stagnantes.
Pour construire ce corpus, le patron des patrons a réuni plus d’une soixantaine de personnes. Y figurent des dirigeants d’entreprises comme Angeles Garcia‑Poveda (Legrand) et Ross McInnes (Safran), ainsi qu’un groupe d’économistes — parmi lesquels Emmanuel Combe, Julien Damon et Denis Ferrand. Le profil des contributeurs est majoritairement masculin : « des hommes, à plus de 80 % », précise le texte fourni.
Des propositions de rupture
Le document compile des mesures touchant plusieurs registres : l’organisation de l’État, l’action publique locale, le marché du travail, la dépense publique et l’innovation autour des données. Certaines propositions visent à réduire le nombre d’élus et d’administrations locales en supprimant jusqu’à 20 000 communes et autres collectivités. D’autres ciblent la fonction publique, avec l’objectif affiché d’une baisse « drastique » des effectifs.
Sur le volet économique et social, le Front préconise un allègement de la fiscalité et un assouplissement des heures supplémentaires. Il suggère également la création d’une place de marché pour les données, une « bourse des données » conçue sur le modèle des bourses d’actions, destinée à faciliter les échanges et la valorisation des jeux de données.
Composition et absence de contrepoids
La composition du groupe éclaire ses orientations. L’initiative rassemble largement des dirigeants d’entreprise et des économistes. Aucun syndicaliste n’apparaît dans la liste des contributeurs, selon le texte. Ce profil explique en partie la tonalité résolument pro‑marché des propositions et éclaire les craintes sur l’équilibre des arbitrages politiques et sociaux.
Le fait que le mouvement ait été conçu et animé par des représentants du monde économique rend probable un ancrage fort de ses recommandations dans une logique de compétitivité. Mais il signale aussi l’absence d’acteurs représentant les salariés et les collectivités locales pour discuter des impacts concrets.
Un impact politique incertain
Les signataires estiment que leurs mesures permettraient de redresser des faiblesses structurelles. En l’état, l’adoption de propositions aussi radicales apparaît toutefois politiquement peu réaliste. Plusieurs points posent des obstacles sensibles : la suppression massive de communes toucherait au maillage territorial et aux services de proximité. La réduction importante des effectifs publics soulèverait des enjeux sociaux et opérationnels. Et la création d’un marché des données suppose un cadre réglementaire, juridique et éthique encore à définir.
Enfin, la portée réelle de ce type de manifeste dépendra de l’accueil qu’il recevra au‑delà des réseaux économiques. Sans adhésion politique large ni concertation avec les collectivités et les syndicats, les mesures risquent de rester au stade de propositions d’intention.
Le document publié vendredi 29 août (la source initiale ne précise pas l’année) marque toutefois le lancement d’une offensive idéologique visible. Son contenu témoigne d’une volonté de peser sur le débat public et d’imposer des pistes de réforme fortes. Reste à voir si ces pistes franchiront l’épreuve du calendrier politique et des arbitrages nationaux.