Reçus mardi 2 septembre à Matignon, les responsables du Rassemblement national (RN) ont quitté l’entretien en confirmant leur intention de voter contre la motion de confiance, prévue lundi. Selon eux, la rencontre n’a pas modifié leur position sur les orientations budgétaires proposées par le gouvernement.
Les réactions du Rassemblement national
« Le miracle n’a pas eu lieu », a résumé Jordan Bardella, président du RN. Il a déclaré être en « désaccord total avec les orientations » budgétaires présentées par le premier ministre, François Bayrou, et a dénoncé des « lignes rouges nocives pour le pays et extrêmement injustes pour les Français ».
Bardella a également jugé que « la mauvaise dépense publique n’[était] pas traitée » dans le plan présenté par Matignon, estimant que les mesures proposées ne permettent pas de répondre aux problèmes structurels des finances publiques.
Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a abondé dans le même sens. Elle a reproché au premier ministre d’avoir « fait le choix d’appuyer sur le siège éjectable et de faire des consultations a posteriori ». Selon elle, si M. Bayrou avait voulu réellement entendre les partis politiques, ces concertations « auraient été faites dès le mois de juillet ».
Mme Le Pen a appelé à une « dissolution ultrarapide » pour permettre, selon elle, qu’« une nouvelle majorité (…) puisse construire un budget ». Cette proposition vise, d’après elle, à ouvrir la voie à un projet budgétaire différent et à rebâtir une majorité parlementaire.
Place publique appelle au dialogue plutôt qu’au vote
Avant la visite du RN, Raphaël Glucksmann, président du mouvement Place publique, avait été reçu à Matignon. Il a invité le premier ministre à revenir sur sa décision de solliciter un vote de confiance, jugeant que l’annonce du scrutin pour le 8 septembre avait « cassé la possibilité de (…) négociations » sur le projet de budget.
Face au « problème grave » de la dette, M. Glucksmann a plaidé pour « un processus de négociation » qui rende possible « d’obtenir une majorité pour un budget ». Il a expliqué qu’un calendrier de discussions durant le mois de septembre aurait permis d’aboutir soit à un compromis, soit à une censure, tout en laissant « la chance à la discussion, au dialogue, au rapport de force et à la démocratie parlementaire ».
Accompagné du député Aurélien Rousseau et de l’eurodéputée Aurore Lalucq, M. Glucksmann a aussi demandé au président de la République, Emmanuel Macron, de « revenir sur la politique fiscale (…) menée ces huit dernières années », estimant que sans changement de cap il n’y aurait « pas de compromis possible ».
Calendrier des consultations et positions des partis
La série de consultations engagée par François Bayrou a débuté lundi avec la réunion avec le Parti communiste. Le calendrier prévoyait ensuite la réception, mardi après‑midi, des dirigeants des partis Les Républicains, Renaissance et Horizons, puis, jeudi, des responsables du Parti socialiste (PS).
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait toutefois déjà averti que la décision de son parti de ne pas voter la confiance était « irrévocable ». Cette posture illustre la polarisation des positions à l’Assemblée et les difficultés à rassembler une majorité stable autour du projet de budget.
À l’issue des consultations, plusieurs formations ont exprimé leur volonté d’obtenir des clarifications sur les mesures fiscales et sur les dépenses publiques. Les échanges à Matignon reflètent l’enjeu politique majeur que représente l’adoption du budget, et la stratégie du gouvernement pour obtenir ou conserver une majorité.
Les prochains jours apparaissent déterminants : le vote de confiance programmé et les discussions en coulisses vont décider si le gouvernement parviendra à faire adopter son plan ou si la crise politique conduira à de nouvelles options institutionnelles.