Le Rassemblement national (RN) est devenu, pour la première fois, le principal bénéficiaire de l’aide publique aux partis politiques, percevant près de 15 millions d’euros pour l’année 2025. Cette attribution résulte de sa progression lors des élections législatives de 2024 et de la répartition décidée par un décret publié au Journal officiel le samedi 6 septembre 2025.
Montant global et critères de répartition
Au total, les partis politiques toucheront un peu plus de 64 millions d’euros au titre de l’année 2025, selon le décret. La somme se répartit selon deux critères principaux : le nombre de voix obtenues au premier tour des législatives et le nombre de parlementaires. Ces modalités avantagent particulièrement le RN, combinant une forte base électorale et un contingent parlementaire élargi après le scrutin.
Concrètement, le RN recevra 14,8 millions d’euros, contre moins de 10,2 millions l’année précédente. Cette hausse le propulse devant la coalition présidentielle et le Parti socialiste (PS), jusqu’ici parmi les principaux bénéficiaires du dispositif.
Les mouvements gagnants et perdants
La coalition présidentielle (Renaissance, MoDem et autres) voit son financement baisser substantiellement : de 19,5 millions d’euros à 11,3 millions. Cette chute s’explique par des résultats électoraux moins favorables et la redistribution des sièges. Par ailleurs, le parti Horizons, autour d’Édouard Philippe, perçoit désormais 3 millions d’euros en son nom propre, montant qui était jusque-là intégré à la dotation globale de la coalition.
Le Parti socialiste revient sur le podium : sa subvention augmente de 4,7 à 7,9 millions d’euros. Ce bond s’explique notamment par l’accord conclu avec d’autres partis de gauche l’an dernier, sous la bannière du Nouveau Front populaire, qui a permis de mutualiser candidatures et voix au premier tour.
À l’inverse, La France insoumise (LFI) voit son aide diminuer, passant de 7,9 à moins de 6,7 millions d’euros. Les écologistes et le Parti communiste conservent des montants relativement stables, respectivement autour de 3,5 millions et 2,1 millions d’euros.
Sanctions pour non-respect de la parité et effets sur les dotations
Plusieurs formations ont été pénalisées pour non-respect de la parité hommes-femmes dans leurs listes de candidats. Les règles prévoient des retenues sur les aides publiques lorsqu’un parti ne présente pas un nombre suffisant de candidates. Les Républicains (LR) voient ainsi leur dotation reculer, de 9,5 à 7,4 millions d’euros, en grande partie à cause d’une sanction supérieure à un million d’euros liée au déséquilibre entre candidats masculins et féminins.
L’Union des droites pour la République, mouvement lié à Éric Ciotti, subit la pénalité la plus lourde : plus de 1,3 million d’euros retirés, ce qui ramène sa dotation à environ 600 000 euros pour 2025. Ces retenues traduisent l’application stricte des critères de parité lors du calcul des financements.
La formation Reconquête! d’Éric Zemmour voit pour sa part la quasi-totalité de son financement amputée, passant de 1,5 million d’euros à 200 000 euros. Cette baisse s’explique à la fois par le mauvais score aux législatives et par la pénalité liée à la parité.
Contexte juridique et calendrier
Le versement des aides intervient plus d’un an après les élections législatives de 2024 et après l’épuisement des recours devant le Conseil constitutionnel. Ce délai, habituel lorsque des contentieux surviennent, a retardé la confirmation des montants définitifs et la publication du décret qui précise la répartition.
La répartition annoncée pour 2025 reflète donc l’état des forces politiques issu du scrutin de 2024, corrigé par l’application des règles sur la parité et les effets de regroupements ou de scissions au sein des familles politiques.
Les chiffres cités ici proviennent du décret paru au Journal officiel et des montants publiés dans le communiqué de répartition : total global d’un peu plus de 64 millions d’euros pour 2025 ; RN : 14,8 millions d’euros (contre moins de 10,2 millions l’année précédente) ; coalition présidentielle : 11,3 millions (contre 19,5 millions) ; Horizons : 3 millions ; PS : 7,9 millions (contre 4,7 millions) ; LFI : moins de 6,7 millions (contre 7,9 millions) ; Écologistes : 3,5 millions ; Parti communiste : 2,1 millions ; LR : 7,4 millions (contre 9,5 millions) ; Union des droites pour la République : ~600 000 euros après une retenue de plus de 1,3 million ; Reconquête! : 200 000 euros (contre 1,5 million).