Manuel Valls: relancer l’accord de Bougival en Nouvelle‑Calédonie, dialoguer avec le FLNKS et privilégier des compromis réalistes avec les modérés

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Appel à relancer les négociations sur l’accord de Bougival en Nouvelle‑Calédonie : plaider pour un dialogue lucide avec le FLNKS, reconnaître la recomposition du mouvement indépendantiste et privilégier des compromis réalistes avec les modérés (Palika, UPM, UNI).

La tribune de Benoît Trépied publiée dans Le Monde le 2 septembre et intitulée « Manuel Valls devrait reconnaître l’échec de Bougival et relancer de nouvelles discussions » soulève la nécessité de clarifications. Elle invite à reprendre les négociations sur le dossier néo‑calédonien, une proposition qui mérite d’être examinée sans complaisance et avec respect pour tous les acteurs concernés.

Dialogue et lucidité

Je partage l’attachement au dialogue avec le FLNKS, fondamental pour toute solution politique durable. Toutefois, la situation actuelle impose de regarder la réalité en face : il ne s’agit ni de se passer du FLNKS, ni de vouloir imposer une solution contre lui. La question centrale reste la suivante : faut‑il considérer qu’aucune avancée n’est possible sans l’adhésion unanime du mouvement ?

Répondre par l’affirmative reviendrait à faire abstraction de l’évolution profonde de la société néo‑calédonienne et des tensions qui traversent aujourd’hui le camp indépendantiste. Il convient donc de distinguer le principe du dialogue — que je défends — et l’immobilisme qui peut résulter d’une exigence d’unanimité.

Rencontres et initiatives

Lors de mon déplacement en Nouvelle‑Calédonie fin août, j’ai rencontré à deux reprises des responsables du FLNKS. J’ai voulu un échange franc et direct. Je les ai encouragés à reprendre les discussions avec les autres délégations politiques afin de trouver une issue favorable pour la mise en œuvre de l’accord de Bougival.

Ces entretiens confirment que le canal du dialogue reste ouvert. Ils montrent aussi que la dynamique politique locale s’est transformée : la simple existence d’un dialogue n’exonère pas de la nécessité d’en évaluer les conditions politiques réelles, les marges de manœuvre et les positions respectives des forces en présence.

Une recomposition du mouvement indépendantiste

Le FLNKS de 2025 n’est plus celui des années 1988 ou 1998. Le retrait, à la suite des violences de mai 2024, de partis historiques — le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste en Mélanésie (UPM) — a entraîné une recomposition profonde du mouvement.

Ces formations, qui avaient pourtant participé à la construction du FLNKS depuis ses origines, ont choisi une autre voie. Leur retrait illustre qu’il existe désormais une pluralité de sensibilités indépendantistes et qu’aucune organisation ne peut prétendre, à elle seule, incarner l’avenir du peuple kanak.

Il est donc important de reconnaître la diversité interne au camp indépendantiste : cette diversité modifie les équilibres politiques et complique l’application d’une logique binaire — pour ou contre l’accord — qui ne rend pas compte des réalités actuelles.

Le rôle des modérés et la nécessité de compromis

Je souhaite souligner le rôle singulier de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), aux côtés du Palika et de l’UPM. Ces formations portent une vision que l’on peut qualifier de constructive et lucide : celle d’un compromis possible, d’une voie médiane qui refuse la logique du tout ou rien.

La contribution de ces acteurs au débat politique mérite d’être pleinement reconnue et respectée. Elle pose en filigrane la question des alternatives à l’immobilisme : trouver des compromis suppose d’accepter des concessions réciproques et d’ouvrir des espaces de négociation qui tiennent compte des évolutions internes au mouvement indépendantiste.

En l’état, la réalité politique en Nouvelle‑Calédonie commande prudence et réalisme. Le dialogue reste indispensable, mais il doit se fonder sur une appréciation lucide des forces en présence et sur la prise en compte effective de la pluralité des sensibilités politiques.

Il appartiendra aux protagonistes de définir les modalités d’un nouveau cadre de discussions, si nécessaire élargi ou réaménagé, capable de traduire en actes les aspirations des différentes composantes de la société néo‑calédonienne.

Parlons Politique

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