Dans le portable des présidents : comment smartphones, réseaux et messagerie transforment la communication présidentielle et menacent vie privée et démocratie

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Un documentaire scrute le smartphone présidentiel comme symbole de modernité et instrument de communication directe (Macron, Trump), tout en alertant sur ses dérives potentielles : propagande, surveillance et brouillage entre sphère privée et pouvoir.

Elysée, le 24 juin 2017. Alors qu’Emmanuel Macron pose pour son portrait officiel, un détail discret attire l’attention : empilés à côté de sa main droite, deux iPhone témoignent d’une image voulue d’un chef d’État jeune et connecté.

Ce contraste avec le téléphone de Valéry Giscard d’Estaing — dont la sonnerie oscillait entre « le sifflement du train et la bouilloire », commente le réalisateur Sylvain Pierron en voix off — ouvre la réflexion du documentaire Dans le portable des présidents. Ce film commence sur une note presque légère, puis aborde des enjeux plus graves. Le propos avance que le smartphone, outil de communication directe, peut également étendre le pouvoir exécutif et servir d’instrument politique.

Du symbole à l’objet politique

Le mobile est d’abord présenté comme un symbole générationnel. Deux iPhone sur un bureau présidentiel incarnent la volonté d’afficher proximité et modernité. Mais le documentaire, en suivant cette piste, évoque rapidement d’autres dimensions : l’appareil personnel devient vecteur de messages politiques, s’exonérant parfois du filtre journalistique.

Communiquer directement avec le « peuple », sans l’intermédiaire des médias, plaît à des dirigeants contemporains. Le film cite notamment Emmanuel Macron et Donald Trump pour illustrer ce basculement vers des prises de parole instantanées, souvent exécutées depuis un portable. Selon le documentaire, cette capacité à contourner les médias traditionnels transforme la relation au public et la nature même du discours politique.

Entre propagande, surveillance et risque stratégique

À mesure que le récit progresse, le smartphone est décrit comme une extension du pouvoir qui comporte des risques. Le documentaire avance que cet outil peut devenir un instrument de propagande, un moyen d’espionnage, voire une arme — des qualificatifs lourds, présentés dans le film comme des hypothèses et des constats selon différents intervenants.

Cette tonalité plus inquiétante s’appuie sur des témoignages et des observations filmées. Le propos ne prétend pas à l’exhaustivité : il alerte sur des mécanismes potentiels sans établir de causalité systématique. Les affirmations lourdes de conséquences sont donc cadrées comme des analyses issues du documentaire lui‑même.

Le cas de Donald Trump est mis en avant pour montrer la force et les limites de cette communication directe. Le documentaire indique que, en juin 2020, Donald Trump pouvait envoyer jusqu’à 1 000 tweets par mois. Il souligne en parallèle une pratique quotidienne : « le jour, sa collaboratrice l’assiste, mais la nuit, il est sans filtre », résume le film pour rendre compte d’une forme d’instabilité éditoriale.

Marc Fisher, du Washington Post, est cité par le documentaire pour illustrer un signe révélateur : « You know when he has really typed a tweet, because there are spelling mistakes. » (On sait quand il a lui‑même tapé un tweet, car il y a des fautes d’orthographe.) Cette observation sert à souligner le caractère parfois improvisé et personnel de ces interventions.

Usage et responsabilité

Au‑delà des exemples, le film interroge la responsabilité des dirigeants qui utilisent des outils privés pour des fonctions publiques. Le smartphone, par sa nature connectée et personnelle, brouille la frontière entre sphère privée et sphère institutionnelle. Le documentaire laisse entendre que cette confusion complexifie la protection des données, la traçabilité des décisions et la régulation de la parole publique.

La sémiologue Élodie Mielczareck est citée avec une formule qui résume la portée symbolique de cet usage : « Dis‑moi comment tu utilises ton téléphone portable, je te dirai quel leader tu es. » Cette boutade, reprise dans le film, sert de fil conducteur : l’outil révèle des habitudes, des stratégies et, parfois, des vulnérabilités.

Sans prétendre à des conclusions définitives, le documentaire propose un angle critique sur la modernisation des pratiques présidentielles. Il montre comment un objet du quotidien — ici, deux iPhone posés sur un meuble — peut devenir l’emblème d’un changement plus profond dans l’exercice du pouvoir.

En gardant une distance analytique, le film invite le spectateur à mesurer les effets politiques et symboliques d’un basculement technologique : de la maîtrise de l’image publique jusqu’aux risques de désinformation ou d’instrumentalisation des canaux numériques.

Parlons Politique

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