Les services de renseignement estiment que la journée de mobilisation « Bloquons tout » prévue mercredi 10 septembre pourrait rassembler, sous une forme ou une autre, jusqu’à 100 000 participants. Ce chiffrage, qualifié d’« aléatoire » par les autorités, repose sur des estimations établies à partir des assemblées générales de préparation qui se sont tenues sur l’ensemble du territoire tout au long de l’été, et de façon plus intensive depuis deux semaines.
Comment a été construite l’estimation ?
L’évaluation — maximale — de 100 000 personnes n’est pas présentée comme une prévision ferme mais comme un scénario issu d’un recoupement d’observations locales. Selon le texte d’origine, les services de renseignement ont comptabilisé la participation déclarée ou observée lors des assemblées générales organisées dans plusieurs villes, puis extrapolé ces données pour estimer une mobilisation nationale.
Les autorités soulignent toutefois la forte marge d’incertitude de ce calcul. Les assemblées générales, qui ont servi de base, sont des processus locaux et variables : elles peuvent fédérer de petits noyaux militants comme attirer des participants plus larges, selon les territoires et les communications menées en amont. Le document mentionne aussi une intensification des préparatifs depuis deux semaines, facteur pris en compte dans l’estimation finale.
Le vote de confiance à l’Assemblée nationale, facteur d’oscillation
Les services de renseignement jugent que la force du mouvement dépendra en partie du résultat d’un événement politique intervenant quelques jours avant la mobilisation : le vote de confiance demandé par le premier ministre, François Bayrou, à l’Assemblée nationale, lundi 8 septembre. Un responsable du ministère de l’intérieur estime que « si le gouvernement tombe, une partie de ceux qui comptaient participer risque de se démobiliser, mais les plus politisés, eux, en sortiront galvanisés ». Cette appréciation montre que les tenants politiques de la crise gouvernementale peuvent à la fois affaiblir et renforcer la mobilisation, selon les profils des participants.
Autrement dit, la dynamique du mouvement le 10 septembre pourrait être sensible à l’atmosphère politique créée dans les 48 heures précédant la journée d’action. Les organisateurs et observateurs surveillent donc à la fois les résultats politiques et le niveau d’activité dans les assemblées générales.
Origines et composition politique du mouvement
Le texte initial rappelle que « Bloquons tout » se déclarait apolitique à sa naissance, mais qu’il est désormais largement pris en main par des forces d’extrême gauche. Les services de renseignement identifient notamment la France insoumise et le Nouveau Parti anticapitaliste comme acteurs actifs dans les assemblées générales de préparation.
Parmi les autres composantes identifiées figurent des militants syndicaux — principalement de la CGT et de Solidaires — ainsi que des activistes pro‑palestiniens, des membres d’Extinction Rebellion et des militants regroupés sous l’étiquette des Soulèvements de la Terre. Le recensement fait état d’un mélange de profils : syndicaux, écologistes, politiques d’extrême gauche et militants de causes diverses, ce qui complexifie l’analyse du mouvement et de ses objectifs.
Géographiquement, la volonté de contestation est décrite comme la plus vive dans des bastions traditionnels de la gauche ou de l’extrême gauche : les régions de Nantes, Rennes, Toulouse, Lyon et Bordeaux sont citées comme des points d’ancrage forts pour la mobilisation annoncée.
Scénarios et limites de l’analyse
Plusieurs scénarios restent possibles pour la journée du 10 septembre. Le chiffre maximal avancé par les services de renseignement constitue un plafond théorique qui peut être affecté par des facteurs politiques (le résultat du vote de confiance), logistiques (capacités d’organisation locales) et communicationnels (appel à la grève ou à l’action relayé par les réseaux et syndicats).
Inversement, une démobilisation partielle est envisagée si l’événement politique du 8 septembre occupe l’agenda public ou entraîne des changements dans la configuration politique perçus comme des raisons d’attente par certains participants. Le responsable cité par le ministère de l’intérieur met en garde contre une lecture trop linéaire : selon lui, le même événement peut à la fois décourager des participants et motiver d’autres, plus engagés.
En l’absence d’un suivi chiffré en temps réel rendu public par les organisateurs ou les autorités, ces éléments restent des estimations et des analyses prospectives. Ils dessinent cependant des lignes de force utiles pour comprendre les forces en présence et les zones géographiques où la contestation pourrait être la plus visible.