Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé lundi 8 septembre la mobilisation d’environ « 80 000 gendarmes et policiers » pour la journée de mercredi 10 septembre, afin de prévenir tout débordement lié au mouvement social intitulé « Bloquons tout ». « On ne tolérera aucun blocage, aucune violence, aucune action évidemment de boycott », a-t-il déclaré sur France 2.
Une mobilisation inédite et des consignes adressées aux préfets
Selon M. Retailleau, l’objectif des forces de l’ordre est double : assurer la liberté de manifester dans des conditions calmes et empêcher les actions illégales susceptibles de paralyser des services ou de mettre en danger des personnes. Le ministre a indiqué son intention de réunir l’ensemble des préfets pour coordonner la réponse aux initiatives prévues mercredi.
Le communiqué ministériel précise que les effectifs mobilisés devront appliquer une « consigne très claire, c’est la fermeté ». En cas de soupçon de délit, les policiers et gendarmes « devront interpeller au maximum », a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu’il s’agira d’accompagner les cortèges lorsque la manifestation restera pacifique, « parce que c’est un droit constitutionnel de manifester tranquillement ».
Le ministre a formulé ces annonces à la veille d’une journée pour laquelle les autorités prévoient des actions variées sur l’ensemble du territoire : blocages de gares, de raffineries, entraves aux axes de circulation, opérations de sabotage de radars automatiques et rassemblements classiques.
Accusations ciblées et récit de la « radicalisation »
Bruno Retailleau a directement mis en cause La France insoumise (LFI) et son leader, Jean‑Luc Mélenchon, accusant ce camp politique de « souffler sur les braises de l’exaspération de la colère des Français ». « Les insoumis veulent créer, comme je l’indiquais, un climat insurrectionnel », a‑t‑il déclaré, jugeant que le mouvement initial avait été « confisqué et détourné » puis « radicalisé » par « la mouvance d’extrême gauche ».
Interrogé sur la nature de cette radicalisation, le ministre a affirmé que certains groupuscules d’ultragauche étaient « déterminés, organisés » et « ultraviolents », exprimant la crainte d’actions violentes à l’occasion du 10 septembre. Ces propos visent à justifier la posture de fermeté annoncée et la préparation d’interpellations ciblées si des délits sont constatés.
Une mobilisation « horizontale » difficile à prévoir
Les services de renseignement ont, pour leur part, souligné la difficulté à anticiper précisément l’ampleur et la forme du mouvement, décrit comme « horizontal » et sans chef identifié. « Chacun fait ce qu’il veut », avait résumé une source sécuritaire auprès de l’Agence France‑Presse (AFP) en fin de semaine dernière, illustrant la dispersion des acteurs et l’absence de commandement centralisé.
Dans ce contexte, les autorités s’attendent à une grande diversité d’initiatives, qui pourraient ponctuellement perturber les transports et l’approvisionnement d’infrastructures sensibles. Le dispositif annoncé vise donc autant à maintenir l’ordre public qu’à prévenir des atteintes aux biens et personnes.
Réponse de La France insoumise
Jean‑Luc Mélenchon a répondu aux propos du ministre en estimant que « le ministre de l’intérieur [était] en guerre contre le peuple français ». Sur France 2, il a appelé ses soutiens au calme : « Je le dis les yeux dans les yeux à tous ceux qui m’écoutent : ne faites rien d’autre que des choses qui soient maîtrisées et calmes », a‑t‑il lancé.
La tension verbale entre le ministère et LFI illustre la polarisation politique autour de la journée du 10 septembre. Tandis que le gouvernement souligne la nécessité de prévenir les violences et de protéger les infrastructures, les responsables de l’opposition mettent en garde contre une répression excessive et affirment leur volonté d’encadrer pacifiquement la protestation.
Par ailleurs, le texte rapporté indique que le premier ministre, François Bayrou, doit remettre sa démission à Emmanuel Macron mardi matin, information mentionnée par le ministre au moment de ses annonces. Cette précision figure dans les déclarations entourant la préparation des autorités pour la journée de mobilisation.
Au croisement des annonces publiques, des déclarations partisanes et des alertes sécuritaires, la journée du 10 septembre apparaît comme un test de capacité pour l’État à concilier droit de manifester et prévention des actes illégaux. Les prochains jours devraient préciser l’ampleur réelle du mouvement et l’attitude des organisateurs comme des forces de l’ordre.