Samedi 13 septembre 2025, l’agence de notation Fitch a abaissé la note de la dette française de AA− à A+. Cette décision a immédiatement suscité une vague de réactions politiques, illustrant les tensions sur l’état des finances publiques et l’instabilité perçue de l’action gouvernementale.
Des responsables politiques pointent des fautes de gouvernance
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et président des Républicains (LR), a dénoncé samedi sur X « des décennies d’errance budgétaire » et a rejeté les propositions du Parti socialiste (PS) pour réduire les déficits. « La dégradation de la note de la France vient sanctionner non seulement l’instabilité chronique voulue par les ingénieurs du chaos mais aussi des décennies d’errance budgétaire et de politiques social-étatistes », a-t-il écrit. Il a ajouté : « Il est plus que temps de redresser la barre. Ce que proposent les socialistes ne fera que tout aggraver. »
Le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, a, selon le texte original, exprimé l’espoir d’un terrain d’entente avec le PS pour faire adopter le budget 2026 à l’Assemblée nationale, où il ne dispose pas d’une majorité claire.
L’article rapporte également la réaction de François Bayrou, décrit comme « ancien premier ministre » et renversé lors d’un vote de confiance lundi. Sur X, M. Bayrou a réagi : « Note Fitch : un pays que ses “élites” conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix. » Le texte rappelle que François Bayrou avait multiplié ces dernières semaines des mises en garde sur l’état des finances publiques et les risques liés à l’endettement.
Véronique Louwagie, ministre du Commerce démissionnaire (LR), a appelé, toujours sur X, à une réaction collective : « La dégradation de la note doit nous réunir pour, ensemble, réagir et corriger durablement la trajectoire budgétaire de la France. »
Positions divergentes sur l’interprétation de la note
De son côté, Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée et membre de La France insoumise (LFI), a relativisé la portée de la décision. Il a estimé que « les seuls responsables de cette évaluation sont ceux qui ont dramatisé l’état des finances publiques pour le bénéfice unique de leur agenda politique », ajoutant que « la dette française reste sûre et recherchée ». Dans un communiqué, il a mis en garde : « Si le prochain gouvernement choisit lui aussi de s’appuyer sur les marchés pour imposer l’austérité, il court à la catastrophe annoncée par lui-même et conduira le pays toujours plus loin dans la crise économique, sociale et écologique. »
Ces prises de position montrent une polarisation sur l’interprétation des causes et des remèdes : certains appellent à un durcissement des politiques budgétaires, d’autres pointent le risque social et économique d’une réponse trop austère.
Les motifs de Fitch et les implications budgétaires
Fitch a justifié l’abaissement de la note en invoquant, notamment, « la chute du gouvernement lors d’un vote de confiance », qu’elle juge représentative d’une « fragmentation et [d’une] polarisation croissante de la politique intérieure ». L’agence a estimé que cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur.
Fitch a également jugé peu probable que la France parvienne à ramener son déficit public en dessous de 3 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2029, objectif affiché par le gouvernement précédent. La note est désormais qualifiée de « qualité moyenne supérieure » plutôt que de « haute qualité », un changement qui, selon certains acteurs du secteur financier, peut alourdir le coût du financement pour l’État.
Daniel Baal, président de la Fédération bancaire française, a qualifié l’abaissement de « mauvaise nouvelle » lors d’une intervention sur France Inter. Il a imputé la situation à des choix politiques de long terme : « C’est juste le résultat de politiques, notamment de politiques budgétaires, menées depuis très longtemps dans ce pays qui nous conduisent dans cette situation extrêmement complexe. C’est d’abord une responsabilité politique. Ce n’est certainement pas une responsabilité des entreprises. » Il a enfin pointé « l’incertitude constante » créée par la dissolution de l’Assemblée nationale, intervenue en juin 2024, comme un facteur aggravant.
Au-delà des appréciations politiques et techniques, la décision de Fitch relance le débat public sur l’équilibre entre réduction des déficits, soutenabilité de la dette et protection des dépenses sociales — un débat qui devrait occuper une place centrale dans la préparation du budget 2026.