Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche 14 septembre le gouvernement et les partis à rechercher un compromis sur les économies inscrites au projet de budget 2026, en visant « de 35 à 36 milliards » d’euros plutôt que les 44 milliards initialement avancés par François Bayrou. Sur LCI, la présidente de l’Assemblée nationale a admis qu’il faudrait « baisser cette ambition » pour permettre un accord politique autour d’une cible réduite.
Un ajustement face aux résistances
Yaël Braun-Pivet a dit sa satisfaction après l’annonce du premier ministre, Sébastien Lecornu, d’abandonner la suppression de deux jours fériés — une mesure défendue par son prédécesseur et jugée impopulaire — qui visait à augmenter les recettes de l’État. « Je pense que l’on peut arriver à un accord autour d’une somme qui sera un peu moindre [et] si on pouvait avoir une cible à 35-36 milliards, ça serait bien », a expliqué la présidente macroniste.
Elle a précisé que l’objectif devait rester double : « résorber cette dette et nous inscrire dans une bonne trajectoire et d’être juste vis-à-vis de nos concitoyens ». Braun-Pivet a souligné la nécessité de « justice fiscale » et a insisté pour que l’effort soit partagé, en demandant que « tout le monde mette la main à la pâte pour que l’on puisse y arriver, patrons compris, entreprises comprises ».
Controverses fiscales et ouverture à la gauche
Face aux demandes de la gauche, et en particulier du Parti socialiste, la présidente de l’Assemblée a appelé le PS à ne pas adopter « une attitude qui serait une attitude de blocage ». Elle a toutefois rejeté la proposition socialiste d’une taxe dite Zucman sur les très hauts patrimoines, jugeant que ce n’était « pas d’une bonne piste ».
Sur le terrain économique, Braun-Pivet a écarté l’idée d’un retour sur la réforme des retraites adoptée en 2023 — votée après recours au 49.3 — mais elle a ouvert la porte à des compensations ciblées, évoquant des pistes sur « la pénibilité et la carrière des femmes ». Elle a aussi défendu la politique de l’offre menée depuis 2017, estimant que « la France est redevenue le pays le plus attractif d’Europe parce que nous avons mené cette politique ».
Les positions du gouvernement
Le nouveau chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, avait annoncé la veille, dans un entretien à la presse quotidienne régionale, que la suppression de deux jours fériés ne figurerait pas dans le projet de budget 2026 « afin d’épargner celles et ceux qui travaillent ». Il a également déclaré écarter l’idée de relancer un nouveau « conclave » sur les retraites.
Interrogé sur la possibilité d’instaurer une taxe Zucman, Lecornu s’est dit prêt à travailler sur des « questions de justice fiscale », tout en appelant à la prudence concernant le « patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France ». Le premier ministre mise sur le « dialogue avec les partenaires sociaux » pour trouver « d’autres sources de financement » du budget.
Il a enfin annoncé vouloir mener une « discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau » avec le PS, les Écologistes et le Parti communiste, afin d’ouvrir une voie de sortie de l’impasse budgétaire.
Points à surveiller
Les principaux points de friction restent les montants d’économies à atteindre, les leviers fiscaux envisagés et la répartition de l’effort entre ménages, entreprises et administrations. La proposition d’un objectif de 35–36 milliards d’euros marque une tentative de compromis qui devra être négociée dans les prochaines semaines entre l’exécutif et les groupes parlementaires.
Les déclarations de Braun-Pivet et de Lecornu montrent une volonté affichée de conciliation, mais aussi des limites claires sur certains sujets sensibles, comme la taxation des très hauts patrimoines et la remise en cause de la réforme des retraites de 2023. Le contenu final du projet de budget 2026 dépendra des arbitrages à venir et des concessions que chaque camp acceptera de faire.