Crise des finances publiques : l’indifférence envers les engagements de Lecornu révèle le discrédit de la parole politique et fragilise le budget

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Crise des finances publiques : l’affaiblissement de l’exécutif et la fragmentation du Parlement paralysent les décisions. La mobilisation syndicale du 18 septembre et le débat sur la « taxe Zucman » (2 % au‑delà de 100 M€) concentrent les tensions autour des retraites, de l’assurance‑chômage et de la justice sociale, rendant le budget à venir incertain.

Dans l’interminable crise des finances publiques que traverse le pays, chaque semaine apporte une nouvelle facette du malaise. La succession de gouvernements — cinq depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron, trois depuis la rupture avec la politique du « quoi qu’il en coûte » — a d’abord pris l’apparence d’une crise parlementaire.

Affaiblissement de l’exécutif et conséquences parlementaires

L’écosystème politique a été profondément désarçonné par l’affaiblissement de l’autorité présidentielle. Pour le président réélu, la perte de la majorité absolue en 2022, puis celle de la majorité simple en 2024, a rompu la verticalité traditionnelle de la Ve République.

Cette évolution a mécaniquement renforcé le rôle de l’Assemblée nationale. Le Parlement disposait d’une marge d’action accrue, à condition que les forces politiques situées entre La France insoumise et le Rassemblement national acceptent de conclure des compromis pour contenir la pression des extrêmes. Sur ce point, l’accord n’a pas eu lieu. Le résultat a été une quasi-paralysie des décisions publiques et une forte dégradation de l’image du Parlement, parallèle au recul de la stature présidentielle.

Entrée en scène des partenaires sociaux et mobilisation du 18 septembre

Les partenaires sociaux, traditionnellement attendus pour relayer et canaliser les revendications, mettent en lumière l’étendue du dissensus social. Les syndicats ont appelé à une journée d’action le jeudi 18 septembre, qu’ils présentent comme une démonstration de force contre le projet budgétaire porté initialement par François Bayrou.

Le texte préparatoire de Bayrou comportait une mesure très impopulaire — la suppression de deux jours fériés pour financer l’effort de défense — mesure qui, selon le récit politique, a été rapidement retirée par son successeur. Outre cette mesure devenue symbolique, les syndicats ciblent la réforme des retraites et celle de l’assurance‑chômage.

Dans leur communication, les organisations syndicales se posent aussi en relais d’un sentiment d’injustice sociale. Elles dénoncent « le mauvais partage de la valeur et des richesses » et mettent en avant des chiffres contestataires : « les baisses d’impôts pour les riches et les 211 milliards d’euros d’aides publiques captées par les plus grandes entreprises », est-il écrit dans le communiqué de l’intersyndicale.

Économie politique : tensions sur la fiscalité des très hauts patrimoines

Au moment où le Parti socialiste (PS) se présente comme l’arbitre du prochain budget, le débat fiscal s’est encore durci. Le PS fait monter les enchères autour de la « taxe Zucman », qui vise à instaurer un impôt minimal de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Cette proposition cristallise les tensions entre exigences de recettes nouvelles et opposition aux prélèvements ciblés sur les très hauts revenus.

La combinaison de revendications syndicales, du repositionnement du PS et de l’affaiblissement institutionnel crée un contexte politique volatil. Les discussions budgétaires à venir risquent d’être longues et difficiles, car elles mêlent impératifs de redressement des comptes publics et fortes demandes de justice sociale.

Sur le plan institutionnel, la crise illustre une tension durable entre l’exécutif et le Parlement dans une configuration politique fragmentée. Sur le plan social, elle révèle une défiance marquée envers les politiques économiques qui, pour une part importante de l’opinion et des acteurs syndicaux, profiteraient davantage aux plus aisés qu’aux salariés et aux petites entreprises.

À l’approche des discussions budgétaires, la question centrale reste de savoir si la capacité de compromis entre acteurs de centre-gauche et centre-droit sera suffisante pour dessiner un budget viable et socialement acceptable. Pour l’heure, la conjonction d’un pouvoir exécutif affaibli, d’un Parlement fragmenté et d’une mobilisation syndicale forte dessine un paysage politique où la réforme budgétaire s’annonce particulièrement âpre.

Parlons Politique

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