Le vent balaie les nuages en rafales au‑dessus d’un corps de ferme normand du XVIIIe siècle : le ballet atmosphérique ne trouble ni la quiétude du lieu, proche de Varaville (Calvados), ni le déroulé du séminaire de rentrée du MoDem, qui s’y est tenu en grande partie à huis clos.
Réunis entre dimanche 14 et mardi 16 septembre, une trentaine de parlementaires du groupe Démocrates ont assisté à cet événement annuel loin de l’agitation parisienne. La rencontre, qui a alterné sessions de travail et prises de parole, a pris cette année une tournure particulière après la démission de François Bayrou de Matignon.
Une ambiance de « retraite » politique
Plus encore que lors des éditions précédentes, le séminaire a ressemblé à une parenthèse réflexive pour le parti démocrate chrétien. À quelques kilomètres de Cabourg, les échanges ont été marqués par la volonté de temporiser et d’analyser collectivement les conséquences politiques et médiatiques de la sortie précipitée de leur chef de file.
Le huis clos a limité la propagation d’éléments factuels précis dans la presse, mais plusieurs interventions publiques citent la déception des élus centristes. Au terme d’une table ronde — à laquelle participaient notamment le président du groupe, Marc Fesneau, et le ministre des Affaires étrangères, Jean‑Noël Barrot —, nombreux sont ceux qui ont qualifié la séquence récente d’ »occasion manquée ».
Le diagnostic centristes : erreurs, mais fidélité
La formule révèle un double sentiment : critique de la méthode et loyauté à l’égard du leader. Les parlementaires ont ainsi distingué l’échec de la stratégie mise en œuvre à Matignon de l’évaluation du diagnostic porté par François Bayrou sur des sujets jugés structurants, notamment la dette publique.
« Il a fait des erreurs, mais il a permis une prise de conscience de l’opinion publique sur le sujet de la dette en posant le bon diagnostic. L’histoire finira par lui donner raison », a déclaré le député du Loiret Richard Ramos, résumant pour plusieurs élus présents la tonalité des échanges : critique circonstanciée sans rupture d’allégeance.
Le choix d’éviter d’alimenter de nouvelles polémiques correspond à une stratégie de regroupement interne. Selon des participants, l’objectif affiché a été de préserver la cohérence du groupe parlementaire et de préparer les étapes politiques à venir, sans pour autant éluder les désaccords sur la méthode.
Table ronde et lignes politiques
La table ronde dirigée en fin d’après‑midi a permis de faire le point sur les priorités législatives, la communication politique et la posture du MoDem face aux récentes secousses. Les interventions publiques de Marc Fesneau et Jean‑Noël Barrot ont porté principalement sur la manière de réarticuler l’offre politique du centre et sur la nécessité de reconstruire la confiance électorale.
Les participants n’ont pas caché leur souhait de transformer le moment de turbulence en opportunité de clarification programmatique, sans toutefois détailler de trajectoire précise. Le cadre discret du séminaire a favorisé cet échange réflexif mais a limité la diffusion d’annonces opérationnelles.
Sur le plan humain, la rencontre a été aussi l’occasion d’exprimer solidarité et empathie envers François Bayrou, dont la démission a provoqué une onde de choc au sein de la formation. Plusieurs élus ont reconnu des erreurs de conduite tout en défendant l’apport intellectuel et politique qu’ils lui attribuent.
La tonalité générale, telle qu’elle ressort des prises de parole publiques et des témoignages recueillis, est celle d’un groupe cherchant à se recomposer et à stabiliser son projet. La fin du séminaire, prévue mardi 16 septembre, doit marquer le retour progressif des parlementaires à leurs fonctions législatives et la mise en œuvre des conclusions internes discutées durant ces journées.
Sans dramatiser la séquence, les centristes affirment vouloir tirer des enseignements. À l’heure où la vie politique nationale reste attentive à l’avenir du centre, le MoDem se place dans une posture de réflexion collective plutôt que dans une remise en cause publique et immédiate de son leadership.