Rassemblement national, taxe Zucman et ultrariches : divisions internes, recul de Marine Le Pen et équilibre entre justice sociale et concessions économiques

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Marine Le Pen et le Rassemblement national nuancent leur rhétorique anti‑élites et adoptent une posture plus conciliante vis‑à‑vis des milieux économiques. La taxe « Zucman » cristallise ce tournant : entre divisions internes et impératifs budgétaires, le RN hésite sur la fiscalité des très riches et recherche un équilibre entre justice sociale et acceptabilité économique.

Longtemps accusatrice des « faux patrons » et porteuse d’une rhétorique hostile aux grandes fortunes, Marine Le Pen semble aujourd’hui nuancer son discours à l’égard des milieux économiques. À l’heure où la pression budgétaire oblige l’État à rechercher de nouvelles recettes, le Rassemblement national (RN) affiche des positions plus ambivalentes sur la contribution des plus riches.

Un retournement de ton vis‑à‑vis des grandes fortunes

Pendant des années, la cheffe de file de l’extrême droite a dénoncé les « puissances de l’argent » et ciblé les grandes fortunes qu’elle qualifiait de « faux patrons », au profit d’un « vrai » patronat composé de petits chefs d’entreprise. Ce vocabulaire populiste a structuré une partie importante de l’identité du mouvement.

Pourtant, cette hostilité affichée aux élites économiques a laissé place à une stratégie plus conciliante, destinée à « amadouer les milieux économiques » dans la perspective d’accéder au pouvoir. Le RN, qui naguère proposait des mesures de répression fiscale ou réglementaire contre les très riches, hésite désormais à soutenir des dispositifs ciblant fortement les patrimoines élevés.

La taxe Zucman comme test politique

La taxe dite « Zucman » — un impôt de 2 % visant les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros — cristallise ces hésitations. Le RN s’oppose désormais à son instauration, jugeant la mesure inefficace. En privé, Marine Le Pen a qualifié cet impôt de « pour amuser la galerie gauchiste et ne rien rapporter », une formule qui résume le rejet affiché par une partie du parti.

Malgré ce refus, la cheffe du RN cherche à ménager une position publique plus nuancée. Sur CNews, « le 16 septembre », elle a déclaré : « Je pense qu’il n’est pas anormal que ceux qui sont les plus riches dans notre pays participent au règlement des difficultés. Ce n’est pas un totem d’immunité quand même d’avoir une très grosse fortune. » Le texte d’origine ne précise pas l’année de cette intervention.

Cette double parole — critique de principe envers les inégalités mais hostile à des instruments précis comme la taxe Zucman — révèle une tension interne : comment concilier un discours anti‑élites historique avec la volonté d’apparaître crédible et rassurant pour les acteurs économiques ?

Conséquences internes et enjeux budgétaires

La position du RN sur la contribution des plus aisés divise aujourd’hui le camp lepéniste. Certains responsables réclament des mesures claires et redistributives; d’autres craignent de perdre le soutien des chefs d’entreprise et des investisseurs potentiels si le programme paraissait trop hostile.

Sur le plan des finances publiques, la question est concrète : la crise budgétaire oblige à identifier des recettes nouvelles. Dans ce contexte, la focalisation du débat politique autour d’une mesure aussi médiatique que la taxe Zucman oblige les formations politiques à préciser ce qu’elles entendent par « justice sociale » et quelles bases fiscales elles privilégieraient pour l’équilibre des comptes.

Le basculement vers un discours plus conciliant vis‑à‑vis des milieux économiques s’inscrit aussi dans une logique stratégique : séduire des relais d’opinion et des acteurs économiques peut apparaître comme une condition de gouvernabilité si le RN vise à transformer un soutien électoral en capacité d’action publique.

Reste que les contradictions apparentes entre les déclarations publiques et les prises de position concrètes sur la fiscalité des très riches continuent d’alimenter le débat. Elles posent une question centrale pour l’avenir du parti : quelle forme d’équilibre entre affirmation sociale et acceptabilité par l’économie réelle sera retenue dans son programme ?

Sans résolution claire de cette tension, le RN risque d’afficher des orientations fiscales fluctuantes, désormais scrutées par les électeurs, les observateurs et les milieux économiques, au moment où les besoins de ressources publiques se font pressants.

Parlons Politique

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