Taxe Zucman : impôt sur les très hauts patrimoines (>100 M€, ~1 800 foyers) pour financer le budget 2026 (≈20 Md€/an) — enjeux de justice fiscale et coordination UE

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Face à un déficit public de 5,8 % du PIB en 2024, le gouvernement prépare le budget 2026 en cherchant recettes et acceptabilité. La « taxe Zucman », visant les patrimoines >100 M€ (≈1 800 foyers) et évaluée à ~20 Md€/an, relance le débat sur justice fiscale, coordination européenne et risques d’évasion.

Les finances publiques françaises cristallisent les tensions depuis la forte dégradation du solde public en 2024. Selon Eurostat, le déficit public s’est élevé à 5,8 % du PIB, soit près de 169,7 milliards d’euros, une situation qui contraint l’exécutif à concilier exigences européennes et acceptabilité domestique.

Objectifs politiques et contraintes budgétaires

Face à ce contexte, le Premier ministre Sébastien Lecornu multiplie les consultations avec les groupes parlementaires pour bâtir un budget 2026 jugé acceptable à la fois par Bruxelles, visant un retour progressif sous le seuil de 3 %, et par l’opinion publique. L’enjeu est double : obtenir une majorité retrouvée à l’Assemblée nationale et proposer des mesures perçues comme justes par la population française.

Parmi les pistes avancées, certaines émanent de formations de gauche : la « taxe Zucman », désormais inscrite au débat public, revient régulièrement comme solution possible pour augmenter les recettes sans alourdir la fiscalité des classes moyennes.

La « taxe Zucman » : principe et portée

Nommée d’après l’économiste français Gabriel Zucman, cette taxe vise les patrimoines très élevés et se présente comme un impôt supplémentaire. Elle concernerait, dans la proposition évoquée, les foyers dont la fortune dépasse 100 millions d’euros — soit environ 1 800 personnes en France selon les chiffres cités — et garantirait qu’ils paient au moins 2 % de la valeur totale de leur patrimoine en impôts chaque année.

Concrètement, le mécanisme agirait comme un impôt plancher : si un contribuable règle déjà des prélèvements (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune immobilière, prélèvements sociaux, etc.) représentant moins de 2 % de son patrimoine, il devrait verser la différence pour atteindre ce seuil. Gabriel Zucman estime que la mesure permettrait de collecter environ 20 milliards d’euros par an pour l’État français.

L’objectif affiché est clair : corriger une inégalité fiscale souvent constatée, où les ultra-riches paient proportionnellement moins d’impôts que le reste de la population, en particulier du fait de mécanismes d’optimisation fiscale. La taxe est présentée comme un instrument de justice fiscale et de contribution équitable à l’effort collectif, dans un contexte où les besoins de financement public restent importants.

Comparaisons européennes et limites pratiques

À ce jour, aucun pays de l’Union européenne n’a instauré une taxe strictement comparable à la « taxe Zucman » telle que décrite. Plusieurs États pratiquent néanmoins des formes d’imposition du patrimoine.

En France, l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) ne concerne que le patrimoine immobilier dont la valeur nette dépasse 1,3 million d’euros. Il s’agit d’un impôt progressif visant à faire contribuer les foyers aisés, mais il ne garantit pas l’existence d’un montant minimal d’imposition global sur l’ensemble du patrimoine, contrairement à la proposition Zucman.

D’autres pays — Pays-Bas, Luxembourg, Belgique — disposent de systèmes d’imposition partiels ou indirects sur le patrimoine, parfois limités à certains types d’actifs financiers. L’Espagne a, pour sa part, instauré de manière temporaire un impôt de solidarité complétant son impôt sur le patrimoine ; ce dispositif cible les patrimoines nets de 3 millions d’euros ou plus, avec des taux progressifs allant de 1,7 % à 3,5 % selon les tranches.

Hors Union européenne, la Norvège et la Suisse maintiennent des impôts sur la fortune globale (biens immobiliers, actifs financiers, liquidités), mais avec des taux généralement plus bas et des assiettes plus larges que la proposition Zucman, qui se concentre sur les ultra-riches.

Estimation européenne et enjeux de coordination

Dans une note datée de mars 2025, l’organisation dirigée par M. Zucman estime que les pays européens pourraient récupérer un total de 67 milliards d’euros en appliquant un taux minimal de 2 % aux plus aisés, et jusqu’à 121 milliards d’euros avec un taux de 3 %. Toujours en mars 2025, l’Union européenne comptait 537 milliardaires, dont 147 en France, 128 en Allemagne et 71 en Italie, selon les calculs de l’Observatoire européen de la fiscalité. Ces chiffres servent à illustrer le potentiel de recettes, mais leur mobilisation dépendrait d’un large degré de coordination fiscale entre États.

La mise en œuvre d’une telle taxe soulève plusieurs défis : difficulté de définir l’assiette exacte du patrimoine, risque d’optimisation et d’évasion fiscale, et nécessité d’un cadre administratif adapté pour contrôler des patrimoines complexes. Sur le plan politique, l’acceptabilité d’une nouvelle contribution ciblant une poignée de foyers très riches devra être pesée face aux impératifs de retour sous les 3 % et aux équilibres parlementaires recherchés par l’exécutif.

La discussion publique autour de la « taxe Zucman » illustre la tension entre recherche de recettes rapides et volonté d’instaurer des règles jugées justes et efficaces sur le long terme. Les prochains mois, et notamment l’élaboration du budget 2026, permettront de mesurer la capacité du gouvernement à traduire ces propositions en mesures concrètes et opérationnelles.

Parlons Politique

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