Les huit principales organisations syndicales ont accordé un bref répit au gouvernement, tout en laissant la porte ouverte à une reprise possible de l’action. Selon nos informations, leurs dirigeants se sont retrouvés vendredi 19 septembre au siège national de la CGT, à Montreuil (Seine‑Saint‑Denis), pour travailler à une déclaration commune destinée à être diffusée dans la journée.
Un texte sans date mais avec une menace implicite
Le document préparé au terme de cette réunion ne devrait pas fixer de calendrier précis pour une nouvelle mobilisation. Il visera toutefois à envoyer un signal clair à l’exécutif : si le premier ministre, Sébastien Lecornu, n’apporte pas rapidement de réponses jugées satisfaisantes aux revendications du monde du travail, les syndicats exhorteront à nouveau la population à investir l’espace public et à se mettre en grève.
Formulé autrement, le compte‑à‑rebours serait « enclenché », selon plusieurs responsables présents. Certains protagonistes parlent même d’une sorte d’« ultimatum » adressé au chef du gouvernement, formulation qui traduit la fermeté de l’avertissement sans pour autant préciser de date ou de modalités.
Une ligne commune décidée sur le terrain
La construction de cette position intersyndicale a commencé la veille, jeudi 18 septembre, au cours de la journée de mobilisation. Les numéros un des huit centrales, qui défilaient ensemble à Paris, se sont temporairement retirés du cortège pour se réunir à la Bourse du travail, située sur le tracé de la manifestation près de la place de la République.
À cet endroit précis, les dirigeants ont échangé afin de définir une stratégie collective et d’envisager la manière de prolonger ce premier « coup de semonce ». Ces concertations sur le terrain ont servi à mettre en ordre des positions parfois hétérogènes et à esquisser une communication commune susceptible d’être portée publiquement quelques heures plus tard.
Ambiguïtés et enjeux pour l’exécutif
Le choix de ne pas caler immédiatement une nouvelle date témoigne d’une double logique : ménager un temps de dialogue possible avec le gouvernement, tout en conservant une capacité de mobilisation rapide si les réponses se révèlent insuffisantes. Cette posture mêle donc la volonté de préserver l’unité syndicale et celle d’exercer une pression politique soutenue.
Pour le gouvernement, l’avertissement fait peser la menace d’une escalade sans pour autant donner au public un repère temporel. Du point de vue des organisations de salariés, l’absence de calendrier est un levier, car elle rend difficile pour l’exécutif la préparation d’une réponse dilatoire calibrée uniquement sur un rendez‑vous fixé à l’avance.
Prochaines étapes et incertitudes
La déclaration commune devait être diffusée dans la journée de vendredi 19 septembre, selon le calendrier interne des syndicats. Au-delà de sa publication, la suite dépendra de la teneur des réponses que l’exécutif jugera ou non satisfaisantes.
Les modalités d’une éventuelle nouvelle mobilisation — ampleur, formes d’action, temporalité — restent incertaines. Les dirigeants syndicaux disposent ainsi d’un levier politique : la capacité à appeler à la grève ou à investir massivement l’espace public en fonction de l’évolution du dialogue social.
Sans coup de théâtre, la position décrite ici apparaît comme la ligne majoritaire au sein des huit centrales : maintien d’une pression politique, maintien d’une unité de façade, et recours à l’action si nécessaire. La prudence demeure toutefois de mise, car l’issue dépendra autant des décisions gouvernementales que de la capacité des organisations à conserver leur cohésion.
Enfin, il convient de noter que ces éléments reflètent la situation telle qu’elle a été rapportée lors des échanges syndicaux et des sources consultées ; ils rendent compte d’intentions et d’orientations, et non de mesures déjà adoptées ou de calendriers fermes.