Bruxelles s’inquiète de l’instabilité française : percée du Rassemblement national et trois Premiers ministres en un an menacent la cohérence de l’UE

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À Bruxelles, la percée du Rassemblement national aux européennes 2024 et la succession rapide de gouvernements — illustrée par la nomination de Sébastien Lecornu comme troisième Premier ministre en moins d’un an — suscitent une vive inquiétude sur la stabilité politique française. Les capitales redoutent des répercussions sur la capacité de l’Union européenne à agir de manière cohérente en matière de défense, d’énergie et d’industrie.

À Bruxelles, la percée du Rassemblement national (RN) aux élections européennes de juin 2024 et la tentative de dissolution ratée engagée par Emmanuel Macron ont provoqué une vive inquiétude parmi les partenaires européens. La nomination, le 9 septembre (2024), de Sébastien Lecornu comme troisième Premier ministre en moins d’un an n’a pas apaisé ces préoccupations et est perçue, dans certains milieux, comme un signal d’instabilité prolongée au cœur de l’Union européenne.

Sources de préoccupation à Bruxelles

Plusieurs éléments expliquent l’attentisme — parfois l’alarme — des capitales européennes. D’abord, la montée électorale d’une formation d’extrême droite eurosceptique lors du scrutin de juin 2024 change l’équilibre politique au sein des institutions européennes et dans certains États membres. Ensuite, la succession rapide de chefs de gouvernement en France interroge la capacité de Paris à maintenir une ligne politique stable et lisible au niveau européen.

La France occupe un rôle particulier dans l’Union : pays fondateur, deuxième économie européenne, seule puissance nucléaire parmi les États membres et unique membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU au sein de l’UE. Ces attributs font de la stabilité politique française un facteur stratégique pour la cohésion et la crédibilité de l’Union.

Enjeux géopolitiques et économiques

L’Union européenne affronte aujourd’hui plusieurs défis simultanés : une guerre aux frontières, le retour de Donald Trump à la présidence des États‑Unis et un écart économique grandissant avec les grandes puissances mondiales comme les États‑Unis ou la Chine. Dans ce contexte, la vigueur et la prévisibilité de la politique française sont considérées comme des éléments clés pour la capacité de l’UE à réagir collectivement.

Ces facteurs fragilisent la marge de manœuvre européenne. Ils rendent plus coûteuse l’incertitude politique française, car nombre de décisions communautaires supposent un leadership durable et l’adhésion de Paris aux grandes orientations communes.

Réactions politiques au sein du Parlement européen

Le 9 septembre, l’eurodéputée macroniste Valérie Hayer a résumé ce climat d’inquiétude : « Je ne peux que vous faire part de mon inquiétude sur la situation politique en France et l’inquiétude dont nous font part nos collègues ». Sa déclaration reflète une préoccupation partagée par des élus issus de différents groupes politiques, soucieux de la stabilité d’un partenaire clé.

Du côté des formations conservatrices et nationalistes, la montée des incertitudes françaises est perçue comme une illustration des limites des gouvernements traditionnels. L’eurodéputé Nicola Procaccini, proche de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et membre du parti Fratelli d’Italia, a jugé le même jour : « L’instabilité politique en France est un problème pour l’Europe. Quatre gouvernements en moins de deux ans, c’est trop ». Cette remarque met en lumière la pression qu’exercent les turbulences internes françaises sur le débat européen.

Conséquences possibles et marges d’action

Sans anticiper d’issues précises, plusieurs conséquences potentielles peuvent être envisagées. D’abord, une période prolongée d’incertitude à Paris pourrait compliquer la préparation et la mise en œuvre des politiques européennes, notamment en matière de défense, d’énergie et de politique industrielle.

Ensuite, l’érosion de la confiance entre partenaires risquerait d’affaiblir la capacité de l’UE à présenter un front uni face à des acteurs extérieurs. Enfin, l’essor d’une rhétorique eurosceptique au sein de États membres fragilisés pourrait favoriser des majorités changeantes au Parlement européen et ralentir l’adoption de textes communautaires.

Toutefois, ces effets ne sont pas mécaniques : les institutions européennes disposent de procédures et d’alliances qui peuvent compenser des faiblesses nationales temporaires. La trajectoire future dépendra autant de l’évolution de la situation politique interne française que des réponses concertées des autres capitales.

En l’état, Bruxelles observe et évalue : la nomination de Sébastien Lecornu est un épisode de la séquence politique française, mais c’est la durée et la direction de cette instabilité qui détermineront son impact sur l’Union.

Parlons Politique

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