Un congrès sans ministre annoncé en raison de l’absence de nouveau gouvernement
Le 85e congrès annuel des organismes HLM se tient à Paris du mardi 23 au jeudi 25 septembre 2025. Fait inhabituel pour cette édition : aucun membre du gouvernement n’a été annoncé pour intervenir, une conséquence directe de l’absence de formation d’un nouvel exécutif au moment de l’ouverture.
Malgré cette absence ministérielle, la première séance plénière consacrera ses débats à la place de l’État dans l’avenir de la politique du logement. L’enjeu est central pour les acteurs du logement social, qui attendent des orientations claires et des moyens adaptés face à une demande croissante.
Mobilisation demandée par la présidence de l’Union sociale pour l’habitat
Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), a appelé à une intervention renforcée de l’État lors d’une conférence de presse tenue le mardi 16 septembre 2025. « Il faut un sursaut de mobilisation de la part de l’Etat », a-t-elle déclaré, estimant que la crise du logement « touche l’ensemble des territoires et toutes les catégories de la population ».
Ses propos soulignent la volonté des bailleurs sociaux d’obtenir des réponses politiques et financières rapidement, alors que le congrès doit servir de plateforme pour définir, au moins partiellement, des priorités communes en l’absence d’un ministre en charge présent.
Demande record : près d’un ménage sur dix concerné
Les demandes pour obtenir un logement HLM ou pour en changer ont augmenté d’environ 4 % au premier semestre 2025, pour atteindre 2,87 millions de dossiers en cours. Ce niveau représente près d’un ménage français sur dix, un indicateur de pression sociale et territoriale important.
Dans le même temps, les organismes HLM ont pu répondre à une part très limitée de ces demandes : en 2024, moins d’un dixième des sollicitations a été satisfaite. Deux facteurs principaux expliquent cette difficulté : d’une part, la crise du logement a réduit les départs de locataires, ralentissant les rotations dans le parc social ; d’autre part, la production de nouveaux logements HLM a progressivement diminué au cours des dernières années.
La production en panne, malgré une légère reprise
Les agréments, qui conditionnent la construction et la livraison de logements financés, ont connu une baisse marquée entre 2016 et 2023. Ils sont passés d’environ 125 000 logements en 2016 à près de 82 000 en 2023, hors dispositifs de rénovation urbaine.
Une reprise modeste est toutefois observée : 2024 a amorcé une remontée des agréments, et 2025 devrait confirmer cette tendance avec environ 88 000 agréments escomptés. Ce niveau reste toutefois inférieur à l’objectif initial annoncé pour 2025, fixé à 100 000 agréments dans le cadre d’un « pacte d’engagement réciproque » conclu en février entre le gouvernement et les bailleurs sociaux.
La différence entre l’objectif et les chiffres attendus met en lumière l’écart persistant entre les engagements politiques et les contraintes opérationnelles rencontrées sur le terrain, qu’il s’agisse de foncier, de coûts de construction ou de délais administratifs.
Perspectives et questions ouvertes
À court terme, le congrès HLM devra définir des priorités pour orienter l’action collective en l’absence d’un interlocuteur ministériel confirmé. Les participants sont attendus sur plusieurs dossiers : accélération des constructions, mobilisation foncière, adaptation aux besoins des territoires ruraux et urbains, et gestion des tensions dans les rotations locatives.
Les chiffres présentés — hausse de la demande, taux de satisfaction faible, agréments en deçà des objectifs — dessinent un paysage où l’effort attendu de l’État est mis en miroir des capacités opérationnelles des bailleurs. Les débats du congrès devraient permettre d’évaluer les marges de manœuvre et de formuler des propositions concrètes en vue d’un redressement de la production sociale de logements.
En l’état, l’orientation finale dépendra toutefois de la formation du nouveau gouvernement et de la capacité des pouvoirs publics et des acteurs du logement social à traduire en moyens financiers et réglementaires les engagements évoqués lors du pacte conclu en février.