Sébastien Lecornu temporise pour former son gouvernement : le quoi avant le qui, compromis avec le PS, préparation budgétaire et attente du renouvellement de l’Assemblée

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Formation du gouvernement : Sébastien Lecornu prend plus de temps que Michel Barnier pour composer son cabinet, privilégiant « le quoi avant le qui » — préparation budgétaire, recherche d’un compromis avec le PS et attente du renouvellement des bureaux de l’Assemblée (2 octobre). Emmanuel Macron appelle à la patience ; la stratégie vise à sécuriser des majorités ponctuelles tout en courant le risque d’affaiblir l’autorité du Premier ministre.

Plus fort que Michel Barnier ? Un an après que Michel Barnier a mis seize jours pour former son gouvernement — un record de lenteur sous la Ve République — Sébastien Lecornu, arrivé à Matignon le 9 septembre, semble sur le point de le dépasser en durée de composition de son cabinet.

Prudence présidentielle et calendrier serré

Depuis New York, Emmanuel Macron a pris la défense du chef du gouvernement, estimant le mardi 23 septembre que « Il y a un travail qui est fait par le premier ministre, et il est normal qu’il prenne le temps, il a raison ». Le président a ajouté : « Il faut [le] laisser faire ce travail », et a conclu en appelant à « retrouvons du respect et de la bienveillance, du partage d’intelligence et essayons ensemble d’avancer ». Ces déclarations, reprises telles quelles, traduisent une volonté de ne pas précipiter l’annonce et de laisser au Premier ministre l’espace politique nécessaire pour construire une configuration ministérielle perçue comme durable.

Sur le plan du calendrier, l’entourage de Sébastien Lecornu insiste sur une logique de priorités : l’ancien ministre des armées se concentre d’abord sur la préparation de la copie budgétaire et privilégie « le quoi avant le qui ». Dans ce cadre, la communication officielle autour de la composition du gouvernement ne devrait pas intervenir avant le 2 octobre, date évoquée uniquement après laquelle le bureau de l’Assemblée nationale et les présidences de commission auront été renouvelés.

Une stratégie tournée vers le compromis

Le choix de temporiser répond également à une contrainte politique : l’absence d’une majorité claire au Palais-Bourbon. Pour ménager des marges de manœuvre, Sébastien Lecornu chercherait à obtenir un compromis avec le Parti socialiste (PS). L’objectif, selon les éléments rapportés, est de préserver le « socle commun » et de ne pas priver cet ensemble de voix décisives lors de votes à caractère politique.

La formule « le quoi avant le qui », répétée par son entourage, signifie une approche programmatique — d’abord définir les priorités et l’architecture des politiques, puis désigner les personnes chargées de les mettre en œuvre. Cette méthode peut rallonger la phase de nomination, mais vise à affirmer la cohérence du projet gouvernemental avant la constitution formelle de l’équipe.

Éviter la déclaration de politique générale : pourquoi ?

Pour permettre des discussions avec les socialistes et d’autres forces parlementaires, le locataire de Matignon envisagerait de s’abstenir, au moins dans un premier temps, de la traditionnelle déclaration de politique générale. Ne pas tenir cette déclaration permettrait, selon les informations contenues dans le texte d’origine, de garder des « champs de discussion possibles » et d’éviter d’enfermer d’emblée l’exécutif dans un positionnement qui fermerait la porte aux négociations.

Cette option procède d’un calcul politique : tenir immédiatement une déclaration de politique générale peut cristalliser les oppositions et provoquer des tensions dès l’ouverture de la session parlementaire, alors que l’exécutif se trouve privé d’une majorité assurée. En différant ce moment, le gouvernement gagne du temps pour identifier des alliés potentiels et tester des compromis sur des points programmatiques.

Risques et enjeux parlementaires

La prolongation de la période de formation du gouvernement comporte des risques et des opportunités. Côté risques, un délai trop long peut alimenter l’impression d’indécision et fragiliser l’autorité du Premier ministre. Côté opportunités, la patience peut permettre d’ajuster la composition ministérielle pour rassembler un nombre suffisant de soutiens au Palais-Bourbon, condition essentielle pour faire passer des textes sensibles, en particulier le budget.

La mention explicite de la date du 2 octobre comme seuil avant lequel l’annonce ne devrait pas intervenir montre le lien direct entre le calendrier parlementaire et les arbitrages gouvernementaux. Le renouvellement des organes de l’Assemblée nationale est en effet un moment clé qui peut modifier l’équilibre des forces et la capacité du gouvernement à obtenir des majorités ponctuelles.

Au-delà du jeu des noms et des dates, la situation illustre une réalité institutionnelle : en l’absence d’une majorité automatique, la construction d’un gouvernement suppose désormais une ambition programmatique plus fine et, souvent, des compromis politiques construites pas à pas.

La lenteur relative de la constitution du cabinet n’est donc pas seulement un record potentiellement battu, elle est aussi le signe d’un contexte parlementaire et stratégique qui impose prudence et méthode.

Parlons Politique

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