Taxe Zucman et start‑up : entrepreneurs français divisés entre soutien à l’innovation, quête de financement et appel à une contribution des très fortunés

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Au BIG de Bpifrance à l’Accor Arena, le « start‑up nation » salué par Emmanuel Macron a buté sur les cortèges de Bloquons tout et un débat vif autour de la « taxe Zucman » (2 % au‑delà de 100 M€). Entre entrepreneurs en quête de financement et besoins de stabilité fiscale, les témoignages opposés soulignent le clivage entre célébration de l’innovation et revendications contre les inégalités.

La « start‑up nation » vantée par Emmanuel Macron s’est retrouvée au cœur d’un contraste net mardi 23 septembre lors du BIG, le rendez‑vous annuel organisé par Bpifrance. Tandis que le président, en déplacement à New York, adressait un message enregistré saluant « l’énergie, la sève, la fierté » du pays, des cortèges du mouvement Bloquons tout brandissaient des pancartes accusant les entreprises et les « riches » d’être des passagers clandestins de la solidarité.

Atmosphère contrastée à l’Accor Arena

Sur place, à l’Accor Arena, l’effervescence était d’un autre ordre. Des créateurs de jeunes pousses et des porteurs de projets cherchaient avant tout des financements, des partenaires et des signaux d’encouragement. Parmi eux, Mathieu Yenkamala, 26 ans, prospecte des soutiens pour lancer une entreprise de compléments alimentaires. La mobilisation politique et les débats nationaux semblaient, pour certains, lointains face aux préoccupations concrètes liées au démarrage d’une activité.

Interrogé sur la « taxe Zucman », l’initiative qui divise la communauté des affaires, Mathieu a admis ne jamais en avoir entendu parler. À la réflexion, il se positionne contre l’idée d’un impôt plancher : « Si j’ai tout fait dans les règles, je ne vois pas pourquoi je devrais payer plus si ma boîte a réussi. » Sa remarque illustre une crainte répandue chez des entrepreneurs qui associent succès économique et récompense du risque.

Des avis opposés sur une même proposition

La « taxe Zucman », nommée d’après l’économiste qui la propose, est présentée dans les débats publics comme un impôt plancher de 2 % par an pour les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Cette précision chiffrée — 2 % et 100 millions d’euros — revient comme un point de repère dans les discussions et cristallise des opinions très différentes parmi les acteurs présents au BIG.

À l’opposé de Mathieu, Oulfa Marzouk, 45 ans, affiche une position favorable. Elle déclare : « Si ma boîte vaut un jour 100 millions d’euros, je paye les 2 % avec plaisir ! » Tout en se décrivant comme une personne qui « fourmille d’idées », Oulfa confie hésiter encore à se lancer dans la création d’entreprise. « Le climat politique, cela ne rassure pas. Je suis venue chercher de l’énergie et de la motivation. »

Ces deux trajectoires — l’une sensible aux effets d’un prélèvement jugé pénalisant, l’autre prête à accepter une contribution symbolique en cas de réussite — traduisent la pluralité des regards portés sur la justice fiscale et le rôle des entrepreneurs dans la société.

Entre mobilisation sociale et recherche de soutien

Le contraste entre le discours présidentiel et les manifestations de rue n’a pas seulement une portée symbolique : il interroge la façon dont est perçue la relation entre l’État, les entreprises et la société civile. Pour certains participants, l’enjeu principal du BIG reste pratique et immédiat : trouver des capital‑risqueurs, des incubateurs ou des clients. Pour d’autres, l’événement s’inscrit dans un contexte politique plus large, où les inégalités et la redistribution focalisent l’attention.

Plusieurs personnes venues au salon ont exprimé le même besoin : celui d’être rassurées. Rassurées sur la stabilité des règles, sur les conditions d’accès au financement, ou encore sur la lisibilité fiscale en cas de succès. Ces demandes renvoient à une attente d’un cadre prévisible, perçu comme indispensable pour transformer une idée en entreprise pérenne.

Le message enregistré d’Emmanuel Macron — saluant « l’énergie, la sève, la fierté » — a été reçu comme un encouragement officiel. Il a toutefois paru dissonant face aux slogans des manifestants et aux préoccupations de certains porteurs de projet présents dans l’arène : divergence de tonalité entre célébration institutionnelle et revendications sociales.

Au final, le BIG a mis en lumière un clivage apparent entre deux réalités qui coexistent : d’un côté, des entrepreneurs en quête de ressources et d’encouragements concrets, de l’autre, une opinion publique mobilisée contre les inégalités et réclamant une plus grande contribution de certains patrimoines. Les témoignages recueillis sur place montrent que ces débats pèsent dans la décision individuelle de s’engager ou non dans la création d’entreprise.

Sans résolution évidente, la rencontre a surtout rappelé l’importance, pour les jeunes pousses, d’un écosystème stable et lisible. Elle a aussi souligné que les questions fiscales et sociales continueront de structurer le débat public autour de l’innovation et de la réussite économique.

Parlons Politique

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