Accords de libre-échange de l’UE : de l’Inde aux Émirats, pourquoi la diversification (ASEAN, Australie, Golfe) ravive débats agricoles et environnementaux

Share This Article:

Accords commerciaux en débat : face aux manifestations contre l’accord Mercosur, l’UE mise sur la diversification (Indonésie, Inde, ASEAN, Australie, Golfe) pour sécuriser échanges et influence — mais des risques agricoles et environnementaux persistent.

Accords commerciaux en débat : manifestations et stratégie européenne

Vendredi 26 septembre, de nouvelles manifestations ont eu lieu en France pour contester l’accord de libre‑échange avec le Mercosur, accord qui divise plusieurs pays européens, dont la France.

La Commission européenne affirme toutefois nourrir l’espoir d’une adoption d’ici la fin de l’année. Cette position s’inscrit dans une stratégie plus large de « diversification » face à ce que Bruxelles qualifie d’imprévisibilité américaine, et vise à multiplier les alternatives commerciales et géopolitiques pour l’Union.

Un portefeuille d’accords dense et fragmenté

Au total, l’Union européenne a signé une quarantaine d’accords de libre‑échange avec plus de 70 pays et régions. Les négociations ont débouché sur une vingtaine d’accords signés, en cours d’adoption ou de ratification, parmi lesquels figurent des textes avec le Mercosur et avec l’Indonésie.

Parmi les avancées récentes, Bruxelles est parvenue à un accord de partenariat économique global (CEPA) avec l’Indonésie, qui doit encore être ratifié par les parties concernées. D’autres textes sont aujourd’hui négociés et pourraient être présentés au Conseil des Vingt‑Sept d’ici la fin de l’année.

Les négociations avec l’Inde : enjeux et points de tension

L’Inde est la première partenaire commerciale de l’Union européenne. En 2023, les échanges de marchandises entre l’UE et l’Inde se sont élevés à environ 124 milliards d’euros, soit plus de 12 % du commerce extérieur indien.

Les négociations en cours entre l’UE et New Delhi portent sur trois textes distincts : un accord de libre‑échange, un instrument de protection des investissements et un accord sur les indications géographiques protégées. New Delhi, très protectionniste sur certaines filières, applique des droits de douane allant jusqu’à 50 % sur certains produits face aux États‑Unis, tandis que l’Union européenne est en moyenne taxée à hauteur de 15 % par l’Inde.

Les deux parties espèrent parvenir à un accord commercial d’ici la fin de l’année 2025. Les discussions, relancées en 2022 après un long hiatus commencé en 2007, visent à ouvrir le marché indien et à intensifier les échanges, tout en nouant des partenariats stratégiques, notamment dans la défense et les technologies.

L’Inde prépare par ailleurs un budget militaire élevé pour 2025–2026, supérieur à 70 milliards d’euros, et planifie la modernisation de sa marine et de son aviation, éléments qui renforcent l’intérêt stratégique de New Delhi pour des partenaires comme l’Union.

ASEAN, Malaisie et défis régionaux

L’UE poursuit également le développement de ses accords bilatéraux avec des pays de l’ASEAN. Les discussions avec la Malaisie, lancées en 2010 puis suspendues en 2012, ont été relancées : en janvier 2025, Bruxelles et Kuala Lumpur ont annoncé la reprise des négociations en vue d’un accord de libre‑échange.

Le prochain « round » de négociations avec la Malaisie devrait se tenir du 17 au 21 novembre prochain. L’UE considère que des accords bilatéraux avec différents pays de l’ASEAN peuvent servir de base à un futur accord régional entre le marché sud‑asiatique et l’Union. Aujourd’hui, certains accords avec le Vietnam et Singapour sont déjà en vigueur, et les échanges UE‑Malaisie atteignent environ 45 milliards d’euros par an.

Risques pour l’agriculture et enjeux environnementaux

À Paris, une étude commandée par le ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a mis en garde contre les risques pour certaines productions indiennes — viande bovine et sucre — qui bénéficient d’importantes subventions à l’export. Le rapport alerte sur la possibilité d’une déstabilisation du marché européen si ces flux s’intensifient.

Les négociations butent aussi sur les normes environnementales et sociales. L’Inde reproche parfois à l’Union européenne des normes jugées trop strictes, comme lors de l’adoption du règlement européen sur la déforestation. Les mesures environnementales européennes constituent donc un point de friction récurrent.

Autres dossiers : Australie, Gulf et relance des discussions

Les discussions avec l’Australie, lancées en 2018, ont été suspendues en 2023, notamment en raison de désaccords sur l’accès du bœuf, du sucre et des produits laitiers au marché européen. Les pourparlers ont repris en mai 2025.

Bruxelles a aussi relancé des négociations avec les pays du Conseil de coopération du Golfe, et a engagé, en avril 2025, des discussions formelles avec les Émirats arabes unis. Ces négociations, officiellement lancées le 28 mai 2025, portent principalement sur la réduction des droits de douane et sur la coopération dans les services, le numérique et les investissements.

La Commission européenne voit dans ces partenariats un fort potentiel, notamment pour les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et les technologies numériques, ainsi que pour renforcer la présence européenne dans la région indo‑pacifique.

Perspectives

Si la multiplication des accords offre de nouvelles opportunités commerciales et stratégiques, elle suscite aussi des résistances internes et des inquiétudes sectorielles. Les débats autour du Mercosur en France illustrent les tensions entre ambitions d’ouverture et protection des filières nationales.

Les accords « nouvelle génération » négociés par l’UE vont au‑delà de la simple suppression des droits de douane et comprennent des engagements en matière de droits des travailleurs, d’environnement et de propriété intellectuelle. Leur mise en œuvre dépendra des processus d’adoption et de ratification dans les États membres et chez les partenaires concernés.

Parlons Politique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Subscribe To Our Newsletter

No spam, notifications only about new products, updates.

[contact-form-7 id="b565394" title="Untitled"]

L’actu politique, sans détour

En bref

Parlons Politique décrypte l’actualité française et internationale avec clarté et précision en utilisant l’IA.

Analyses, débats et enquêtes : notre rédaction s’engage à vous offrir une information fiable, accessible à tous et sans détour.

© 2025 Parlons Politique