La publication, vendredi 26 septembre, d’un entretien de Sébastien Lecornu dans Le Parisien n’a pas atténué les tensions entre le gouvernement et les organisations syndicales. Dans cet entretien, le nouveau chef du gouvernement expose ses premières orientations pour les budgets de l’État et de la Sécurité sociale en 2026. Les principaux syndicats jugent que ces déclarations n’apportent pas de réponses aux revendications qu’ils lui avaient présentées deux jours plus tôt, lors d’une rencontre à l’hôtel de Matignon.
Des syndicats déçus après la rencontre à Matignon
Les organisations de salariés, qui avaient rencontré M. Lecornu à Matignon avant la parution de l’entretien, estiment que leurs revendications n’ont pas été prises en compte. Selon elles, les déclarations publiques du chef du gouvernement confirment l’absence de concessions significatives sur plusieurs dossiers sensibles.
Cette déception alimente un climat de méfiance entre le gouvernement et les représentants du monde du travail. Les syndicats, pour l’heure, maintiennent leur position sur l’insuffisance des propositions et réclament des engagements plus concrets, notamment sur les thèmes des retraites et de l’emploi.
Le dossier des retraites reste au cœur des tensions
La question des retraites figure parmi les principaux motifs d’insatisfaction. Dans l’entretien, M. Lecornu affirme ne pas vouloir supprimer ni suspendre le report à 64 ans de l’âge d’ouverture des droits à une pension, une mesure instaurée en 2023. Ce point constitue un frein majeur aux discussions, car il touche directement la durée cotisée et l’âge de départ des travailleurs.
Seule concession évoquée dans le texte : une « amélioration du sort des femmes et des personnes ayant exercé des métiers pénibles ». Le gouvernement ne détaille pas, dans l’entretien, les contours précis de ces améliorations ni le calendrier de leur mise en œuvre. Cette absence de précisions laisse les syndicats circonspects quant à l’ampleur réelle des mesures envisagées.
Sur un dossier aussi structurant que les retraites, l’ampleur des réformes et leurs effets sur les carrières longues ou les emplois exposés aux pénibilités demeurent des points de friction potentiels. Les réponses limitées apportées à ce stade risquent de prolonger l’impasse politique et sociale autour du sujet.
Indemnisation des chômeurs et ruptures conventionnelles : ambiguïtés
Sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi, M. Lecornu ne tranche pas clairement. Il n’indique pas s’il entend durcir les règles, comme l’envisageait son prédécesseur, François Bayrou. Le flou entretenu alimente les interrogations sur l’orientation future de la politique de l’emploi.
Le chef du gouvernement se concentre toutefois sur les ruptures conventionnelles. Il annonce vouloir les réexaminer « avec les partenaires sociaux ». Ce dispositif, qui met fin au contrat de travail par accord entre salarié et employeur, est selon lui susceptible de donner lieu « à des abus ».
La formulation suggère une volonté d’encadrer ou de préciser les modalités de ces ruptures, sans pour autant annoncer de réforme immédiate et tranchée. Les partenaires sociaux, qui seront associés à la réflexion annoncée, conserveront un rôle central dans la définition des changements éventuels.
Le positionnement du gouvernement sur ce point laisse ouverte la possibilité de négociations sectorielles ou de mesures visant à mieux prévenir les dérives sans remettre en cause le principe même de la rupture conventionnelle.
En l’état, l’entretien de M. Lecornu confirme des lignes directrices budgétaires et sociales mais n’apporte pas les engagements précis attendus par les syndicats. Les prochains échanges entre l’exécutif et les organisations salariales seront donc déterminants pour savoir si un terrain d’entente peut être trouvé ou si la confrontation perdurera.