Julien Talpin est directeur de recherche en science politique au CNRS. Il concentre ses travaux sur l’engagement politique dans les quartiers populaires et sur les dynamiques citoyennes qui s’y développent.
Parcours et publications
Son ouvrage La Colère des quartiers populaires (PUF, 2024) explore les formes contemporaines de mobilisation et de revendication dans ces territoires. Son travail l’a aussi conduit à documenter, au sein de collectifs et d’observatoires, les transformations de l’espace associatif en France.
Membre de l’Observatoire des libertés associatives — structure qui, selon ses statuts, documente les entraves à l’exercice associatif depuis 2018 —, il signe avec le sociologue Antonio Delfini un nouvel essai intitulé L’État contre les associations.
Un livre pour analyser une évolution législative
L’ouvrage, publié le 17 septembre (Textuel, 240 pages, 19,90 €), se donne pour objet d’analyser les interactions entre l’État et le monde associatif au prisme des mesures de sécurité et des récentes lois. Les auteurs examinent notamment la manière dont des dispositions exceptionnelles ont été pérennisées et intégrées au droit commun.
Ils retracent un tournant survenu après les attentats de 2015. Selon leur analyse, des mesures issues de l’état d’urgence ont progressivement été incorporées au droit commun, modifiant le cadre d’intervention et de contrôle des associations.
Les auteurs reviennent aussi sur la loi dite « séparatisme », promulguée en 2021. Ils estiment que ce texte a franchi une nouvelle étape en élargissant les instruments juridiques et administratifs visant à lutter contre le terrorisme islamiste, au point, selon eux, de viser l’intégralité du monde associatif.
Observation et enjeux
Le livre se positionne à la fois comme une restitution documentaire et comme une mise en garde. En documentant les entraves relevées depuis 2018 par l’Observatoire des libertés associatives, les auteurs cherchent à montrer comment des dispositifs pensés pour répondre à des menaces particulières peuvent, selon eux, peser sur la liberté d’association.
Sans prétendre à l’exhaustivité, ils mettent en lumière des tensions entre impératifs de sécurité et principes de liberté collective. Leur propos invite à interroger l’équilibre des pouvoirs et la place des associations dans la sphère publique, surtout lorsque des instruments juridiques exceptionnels deviennent permanents.
Le format de l’ouvrage — 240 pages — et son positionnement éditorial (Textuel) visent à toucher un public de lecteurs attentifs aux débats publics, aux chercheurs et aux acteurs associatifs. Le prix annoncé est de 19,90 €.
Une contribution au débat public
En s’appuyant sur des observations consolidées par l’Observatoire et sur des analyses sociologiques, Julien Talpin et Antonio Delfini proposent une lecture critique des choix politiques récents. Leur travail alimente le débat sur la régulation de la vie associative et sur les effets à long terme des réponses sécuritaires.
Le propos du livre, tel qu’il est présenté, se situe au croisement de la recherche académique et du commentaire civique. Il entend éclairer des évolutions législatives et administratives qui, d’après les auteurs, ont des répercussions concrètes sur le fonctionnement et l’autonomie des associations.
Sans prendre parti pour une posture partisane, l’ouvrage pose des questions sur la compatibilité entre la lutte contre le terrorisme et la préservation d’un espace associatif libre et pluraliste. Il invite décideurs, acteurs du monde associatif et citoyens à mesurer les effets possibles de règles sécuritaires durablement intégrées au droit commun.