Alors que les syndicats ont relancé une journée de mobilisation pour tenter d’influer sur le prochain budget, le premier ministre Sébastien Lecornu étudie plusieurs pistes de baisse de prélèvements en direction des salariés, selon des informations communiquées à l’Agence France-Presse le jeudi 2 octobre.
Mesures étudiées : heures supplémentaires, allègement des charges et défiscalisation
Le cabinet du premier ministre a précisé que « rien n’est encore arbitré », mais que différentes options étaient à l’examen. Parmi elles figurent « une défiscalisation et un allègement des charges sociales » sur les heures supplémentaires, ainsi qu’une réduction ciblée de l’impôt sur le revenu pour certains couples salariés.
Matignon a expliqué que la réduction d’impôt envisagée viserait des couples dont chacun des membres est rémunéré « légèrement » au‑dessus du SMIC. Dans un premier temps, les services du premier ministre avaient évoqué les foyers touchant exactement le SMIC, puis ont rectifié l’après‑midi en fournissant des précisions chiffrées : un couple dont chaque membre perçoit 1 476 euros par mois — montant mensuel indiqué comme étant celui du SMIC dans le texte — n’est pas assujetti à l’impôt sur le revenu, le seuil d’imposition étant fixé à 1 491 euros.
L’objectif affiché de cette mesure est d’« alléger leur montant d’impôt », voire de « l’annuler pour tous ceux en entrée de barème », afin que ces couples soient « traités » fiscalement comme des célibataires, a indiqué l’entourage de M. Lecornu.
Autres pistes : prime Macron et incitations à la transmission
Le premier ministre examine également le rétablissement de la « prime Macron de partage de la valeur », qui, selon l’entourage cité, pourrait bénéficier d’exonérations d’impôt et de cotisations sociales. Une mesure destinée à encourager le versement d’une prime aux salariés figure parmi les options étudiées.
Parmi les autres idées à l’étude, Matignon mentionne une disposition « encourageant » les transmissions aux petits‑enfants et aux jeunes. L’entourage a justifié ces travaux par la préoccupation affichée des pouvoirs publics : « Le fait de vivre de son travail et le reste à vivre demeurent une des premières préoccupations des Français. »
Dans toutes ces hypothèses, le premier ministre reste pour l’heure prudent : aucun arbitrage définitif n’a été rendu public et les modalités précises (plafonds, modalités d’application, calendrier) n’ont pas été formellement présentées.
Réactions politiques et calendrier de consultations
Sur le volet politique, le Rassemblement national (RN) et le Parti socialiste (PS) sont attendus vendredi matin à Matignon pour rencontrer Sébastien Lecornu. Les deux formations réclament des ouvertures sur le projet de budget 2026 et menacent, selon le contexte rapporté, d’une éventuelle censure si elles jugent les réponses insuffisantes.
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a estimé jeudi que les propositions avancées par le premier ministre pour les salariés à bas revenus étaient « très en deçà » des attentes des socialistes. Il a toutefois déclaré vouloir « donner sa chance » à M. Lecornu avant la rencontre prévue vendredi.
Les rendez‑vous programmés à Matignon sont détaillés par l’entourage : Marine Le Pen est attendue à 9 h, la délégation socialiste à 10 h 30, les communistes à 12 h 30 et les Écologistes à 15 h 45. Un rendez‑vous initialement prévu jeudi avec le groupe indépendant Liot a été annulé.
Depuis sa nomination il y a trois semaines, Sébastien Lecornu est resté volontairement discret, mais il a déjà présenté, la semaine précédente, ses premières pistes pour le budget attendu à la mi‑octobre. Il a rencontré à plusieurs reprises les responsables du « socle commun » (Renaissance, MoDem, Horizons, LR) et a reçu des partis d’opposition depuis qu’il a succédé à François Bayrou.
Sur les propositions chiffrées et leur traduction budgétaire, Matignon n’a, à ce stade, pas publié d’estimation publique des coûts ni de calendrier précis d’entrée en vigueur. Les mesures restent donc, à la fois, en discussion interne et en attente des arbitrages politiques à venir.