Le ministre démissionnaire de l’Économie, Éric Lombard, a estimé, samedi 4 octobre, qu’il existait « des pistes de compromis possibles avec plusieurs forces de gauche », en particulier avec le Parti socialiste. Son intervention intervient alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu doit convaincre le PS de ne pas déposer une motion de censure dans les jours à venir.
Situation politique et rendez‑vous décisif
Dans un message publié sur X, M. Lombard a souligné : « Le chemin est difficile, mais il existe ». Il a ajouté que « les propositions des formations politiques ont montré des pistes de compromis possibles avec plusieurs forces de gauche, à commencer par le Parti socialiste ».
Ces déclarations font écho à des échanges récents entre Matignon et les dirigeants socialistes. Reçus vendredi matin à Matignon, les responsables du PS ont jugé la copie budgétaire du Premier ministre « très insuffisante et à bien des égards alarmante », selon leurs propos rapportés aux journalistes.
Réunis en bureau national vendredi soir, les cadres du PS ont déclaré attendre « un nouveau bougé du Premier ministre d’ici mardi » et notamment une déclaration de politique générale « sur le fond », qui doit montrer « que c’est vers nous qu’il se tourne, et pas vers le RN », a indiqué un participant à l’Agence France‑Presse. Un autre responsable a résumé la position interne : « On est restés sur notre faim, on laisse décanter le week‑end et on se revoit lundi » pour un nouveau bureau national.
Les thèmes de compromis évoqués par Éric Lombard
M. Lombard, qui a voulu faire de sa capacité à dialoguer avec les socialistes une caractéristique de son action, a indiqué plusieurs axes possibles de négociation. Il a cité la « juste mise à contribution du patrimoine des plus fortunés afin d’assurer un effort partagé, en préservant l’outil productif et [la] capacité [de la France] à innover et investir ».
Il a aussi mis en avant l’amélioration de la réforme des retraites « sur la base des avancées portées par les partenaires sociaux », ainsi que le soutien au pouvoir d’achat « des citoyens qui travaillent ». Ces orientations dressent un cadre de discussion centré sur la redistribution ciblée et la protection de la compétitivité économique.
Le ministre a insisté sur le caractère concret de ces pistes, les présentant comme « thèmes bien identifiés » autour desquels M. Lecornu et le PS pourraient trouver un terrain d’entente.
Le recours au 49.3 et la dynamique parlementaire
Éric Lombard a salué la décision de Sébastien Lecornu de renoncer à l’utilisation du 49.3 — procédure permettant l’adoption d’une loi sans vote au Parlement —, décision qui répond à une revendication de la gauche. Selon lui, ce recul « redonne pleinement la main aux parlementaires pour construire le budget de notre pays ».
Pour M. Lombard, le rétablissement du débat parlementaire ouvre la voie à des amendements et à des compromis susceptibles d’éviter un blocage institutionnel. Il a cependant posé une condition politique : « Ces discussions ne pourront avoir lieu qu’avec les partis qui cherchent, sincèrement, la stabilité de la France ».
Cette mise en garde vise, en filigrane, le Rassemblement national et La France insoumise, deux formations qui réclament soit une nouvelle dissolution de l’Assemblée, soit la démission du président de la République, Emmanuel Macron.
Incidence sur la composition gouvernementale
L’avenir personnel d’Éric Lombard dans le prochain gouvernement reste incertain. Le communiqué rappelle qu’il est « ministre démissionnaire » et que son maintien dans l’exécutif en cours de composition n’est pas garanti.
Son appel au dialogue et sa valorisation d’un travail de fond avec le PS s’inscrivent toutefois dans une stratégie visant à rassembler des soutiens parlementaires autour du budget, sans recourir à des manœuvres constitutionnelles strictes.
En l’état, les prochaines journées — la réunion du bureau national du PS et la déclaration de politique générale attendue d’ici mardi — apparaissent comme des moments clés pour mesurer si un compromis suffisant peut voir le jour et si la motion de censure pourra être évitée.