Librairies assiégées : attaques, menaces et autocensure — protéger la liberté d’expression et le pluralisme culturel

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Vitrines brisées, tags à l’acide, menaces et cyberharcèlement : des librairies de plusieurs villes en France dénoncent une série d’attaques visant à faire taire certains ouvrages et à empêcher des rencontres littéraires. Les professionnels alertent sur le risque d’autocensure et appellent à une réponse judiciaire et collective pour préserver la liberté d’expression, le pluralisme et la sécurité des lieux.

Des vitrines brisées, des façades taguées à l’acide et des menaces proférées contre des personnels : ces actes ont été signalés dans plusieurs villes françaises — Paris, Lille, Rennes, Périgueux, Nantes, Lyon, Rosny‑sous‑Bois (Seine‑Saint‑Denis) et Marseille — ainsi que dans d’autres communes, selon le récit des librairies concernées.

Une cible récurrente : les librairies sous pression

Outre les dégradations matérielles, des libraires rapportent des insultes, des intimidations et des campagnes de cyberharcèlement. Ces agressions, lorsqu’elles visent des débats ou des rencontres avec des écrivains, ont, d’après les témoignages recueillis, empêché ou perturbé des rencontres à Bordeaux, Strasbourg et Bruxelles.

Les actes sont souvent attribués, dans les déclarations des professionnels, à des groupuscules ou à des individus se réclamant d’idéologies extrémistes. Qu’il s’agisse d’attaques physiques ou d’attaques en ligne, le fil conducteur reste le même : la volonté d’empêcher la diffusion et l’échange autour d’ouvrages jugés inacceptables par certains.

Face à ces incidents, les librairies appellent à ne pas banaliser de telles pratiques. Pour elles, il ne s’agit pas seulement de réparer des vitrines, mais de préserver un espace de débat et de pluralité d’opinions.

Les motifs et les enjeux : pourquoi ces attaques visent le livre

Les manifestations de violence décrites ont, selon les acteurs du secteur, pour unique motif le fait que certains livres sont vendus, présentés ou débattus. En cherchant à faire disparaître des titres ou à empêcher des rencontres, les auteurs de ces actions cherchent à imposer un interdit par la peur.

Pour les professionnels du livre, la librairie remplit une fonction civique : exposer des idées diverses, organiser des débats, permettre la confrontation d’arguments. Lorsque la pluralité est limitée par la violence, le risque est celui d’une autocensure durable, qui appauvrirait le débat public.

Refuser la contradiction ou l’altérité conduit, selon ces acteurs, à substituer une vision univoque à la complexité du monde contemporain. Ce constat ne présage pas d’une quelconque neutralité des ouvrages, mais souligne l’importance de garantir qu’ils puissent être présentés, critiqués ou ignorés librement.

Liberté d’expression et cadre judiciaire

Jusqu’à preuve du contraire, les ouvrages incriminés et présents dans de multiples librairies n’ont fait l’objet d’aucune procédure judiciaire et ne contreviennent donc pas à la loi. Ils relèvent de l’expression d’une opinion ou d’un travail de recherche, et non d’une infraction avérée.

La responsabilité de censurer ou d’interdire un ouvrage incombe à la justice, et non à des groupes ou individus qui s’estiment offensés. La protection juridique des libraires et des éditeurs s’inscrit dans ce principe : la voie démocratique pour contester un livre reste la critique, la plainte formelle ou la procédure judiciaire appropriée.

La liberté dont jouissent les libraires de défendre ou non un titre fait écho à la liberté de pensée et d’expression des créateurs, à la liberté de publication des éditeurs et à la liberté des lecteurs de choisir leurs lectures.

Si des menaces ou des dégradations constituent des infractions, elles relèvent du champ pénal et doivent, selon les professionnels, être traitées comme telles pour garantir la sécurité des lieux et la libre circulation des idées.

Les acteurs du secteur insistent enfin sur la nécessité de distinguer débat et violence : contester une démarche intellectuelle par des arguments relève du débat; recourir à l’intimidation ou à la destruction matérielle relève de la contrainte et sape le principe même du pluralisme.

La série d’incidents signalés dans différentes villes pose, au‑delà des réparations immédiates, une question de fond : comment préserver les espaces de parole et d’échange face à des tentatives répétées de harcèlement ou de mise à l’écart ? Les réponses devront conjuguer sécurité, application du droit et vigilance collective pour que les librairies restent des lieux de vie intellectuelle.

Parlons Politique

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