Bardella et le RN tendent la main à la droite pour un accord de gouvernement inédit : cordon sanitaire remis en cause, LR pressés de trancher

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Le Rassemblement national (RN) opère un tournant stratégique en évoquant la possibilité d’un « accord de gouvernement », Jordan Bardella proposant une main tendue notamment aux élus de Les Républicains en cas de majorité relative. Ce glissement remet en cause le cordon sanitaire, pousse LR à clarifier sa position et soulève des questions sur la stabilité et les modalités d’exécutifs construits sur des majorités ponctuelles, alors que seuils et conditions restent flous.

Elle, de droite ? « J’aurais l’impression de trahir ma nature profonde », disait Marine Le Pen il y a moins d’un an auprès du Monde. À l’époque, la députée du Pas-de-Calais se décrivait plutôt « au centre » : « On est moins à droite que la droite sur les questions économiques, et moins à gauche que la gauche sur l’immigration : il n’est pas tout à fait fou de dire qu’on a une position centrale. » Aujourd’hui, cette posture semble céder le pas à une stratégie politique plus ouverte, visant explicitement l’accès au pouvoir, quitte à modifier des lignes longtemps présentées comme immuables. »

Un glissement affiché vers la prise de responsabilité gouvernementale

La direction du Rassemblement national (RN) a franchi une étape symbolique en évoquant la possibilité d’un « accord de gouvernement ». Mercredi 8 octobre, Jordan Bardella a notamment ouvert la voie à cette hypothèse si une nouvelle dissolution ne donnait au RN qu’une majorité relative. La proposition rompt avec l’image d’une force exclusivement en opposition et interroge sur la capacité du parti à modifier ses pratiques pour gouverner.

Ce changement d’orientation se lit comme une acceptation pragmatique : le RN prépare des scénarios dans lesquels il ne disposerait pas d’une majorité absolue mais pourrait néanmoins prétendre former un exécutif. L’expression même d’une « main tendue » vers d’autres formations illustre cette volonté de neutraliser les blocages institutionnels et politiques qui ont longtemps empêché toute collaboration ouverte entre la droite traditionnelle et l’extrême droite.

Une main tendue principalement vers Les Républicains

Dans la pratique, la « main tendue » visera prioritairement des élus de Les Républicains (LR). Le RN n’a en revanche pas précisé les contours de l’accord envisagé : pas de lignes directrices rendues publiques, ni de modalités sur le statut des élus ralliés au sein des groupes parlementaires. Les questions restent nombreuses. Les candidats potentiels pourront-ils rester dans le groupe LR après un ralliement ? Quelles concessions politiques seraient exigées en échange d’un soutien ?

Les déclarations publiques divergent sur le seuil qui déclencherait l’ouverture des négociations. Selon certains responsables, il suffirait que le RN manque de « quelques » sièges pour accepter des discussions. Le vice‑président du RN, Sébastien Chenu, a évoqué pour sa part un nombre plus élevé, proche de 60 sièges. Ces divergences montrent qu’aucune ligne consolidée n’est encore arrêtée et que le parti ménage des marges de manœuvre.

Incidences politiques et interrogations

L’annonce provoque plusieurs effets simultanés. D’une part, elle remet en cause le « cordon sanitaire » qui, pendant des années, a servi à séparer nettement la droite républicaine et l’extrême droite. D’autre part, elle contraint les LR à clarifier leur position : accepter des négociations aboutirait à un basculement stratégique, les excluant d’un rôle d’opposition claire. Les effets sur la cohésion interne de ces formations sont difficiles à prévoir dans l’immédiat.

Sur le plan institutionnel, la perspective d’accords post‑électoraux pose des questions de stabilité gouvernementale et de lisibilité démocratique. Un exécutif construit sur des majorités relatives et des accords ponctuels peut fonctionner, mais il risque aussi d’être fragile face à des désaccords sur des sujets majeurs. Le calendrier des discussions et les motifs précis d’un éventuel rapprochement restent, pour l’heure, flous.

Ce qui n’est pas encore tranché

Le RN n’a pas dévoilé de texte cadre ni de conditions précises pour toute coalition éventuelle. Le parti se garde de préciser si les ralliés conserveraient leur place dans le groupe LR, et n’a pas publié de liste d’engagements à respecter pour ouvrir des négociations. De même, la définition du seuil minimal — « quelques » sièges ou « près de 60 » — demeure sujette à interprétation selon les responsables.

Ces zones d’ombre peuvent être interprétées comme une stratégie délibérée : en laissant flotter l’incertitude, le RN augmente sa marge de manœuvre dans d’éventuelles tractations. Elles peuvent aussi refléter une absence de consensus interne sur la nature exacte des compromis acceptables.

Enjeux pour l’opinion et la scène politique

Pour l’électorat et les commentateurs, la perspective d’un accord entre RN et des élus LR pose des questions identitaires et programmatique. Des électeurs qui percevaient Marine Le Pen comme « au centre » pourraient voir une contradiction si le parti engage des alliances marquées à droite. Inversement, pour des sympathisants plus radicaux, ces ouvertures peuvent apparaître comme une normalisation bienvenue et une voie vers l’exercice effectif du pouvoir.

À ce stade, la démarche reste d’abord déclarative. Les prochaines journées politiques, les résultats d’échéances électorales et les arbitrages internes détermineront si ces propositions se traduisent en accords concrets ou restent des postures tactiques. Les incertitudes annoncées montrent que la stratégie n’est pas figée et que la marge de manœuvre du RN dépendra autant des rapports de force électoraux que des réactions de ses partenaires potentiels.

Parlons Politique

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