Vendredi 10 octobre, Catherine Trautmann a annoncé sa candidature aux élections municipales prévues en mars prochain, lors d’une conférence de presse tenue devant la gare de Strasbourg. Ancienne ministre et ex-maire de la ville, elle indique s’engager « par respect pour les Strasbourgeoises et pour les Strasbourgeois et par amour pour ma ville ».
Une candidature attendue et revendiquée
Conseillère municipale actuelle, Mme Trautmann a déclaré avoir été « encouragée, sollicitée, voire parfois sommée » par des habitants « de prendre [ses] responsabilités ». Elle se présente ainsi au scrutin face à plusieurs concurrents déclarés : la maire sortante Jeanne Barseghian (Les Écologistes), le centriste Pierre Jakubowicz, investi par le parti Horizons d’Édouard Philippe, et Jean-Philippe Vetter (Les Républicains).
L’annonce intervient dans un climat politique local où Mme Trautmann affirme constater un déclin : selon elle, Strasbourg a « perdu sa place » et ce « déclassement » serait dû, a-t-elle dit, au « mandat actuel qui a désuni, déconstruit, déstabilisé et rabaissé » la commune. Ces critiques structurent son intervention publique et motivent sa volonté de reprendre la tête d’une liste municipale.
Un parcours récapitulé
Catherine Trautmann, âgée de 74 ans, rappelle dans son discours un parcours longuement ancré dans les institutions locales et nationales. Elle a été maire de Strasbourg de 1989 à 2001, avec une interruption de trois ans liée à ses fonctions ministérielles. Elle a en effet occupé le portefeuille de la Culture dans le gouvernement de Lionel Jospin, de 1997 à 2000.
Sur la scène européenne, elle a siégé au Parlement européen lors de deux mandats : de 1989 à 1997, puis de 2004 à 2014. Plus récemment, elle avait déjà conduit une liste aux municipales de 2020 et terminé en troisième position au second tour, avec 23,33 % des voix, résultat que son équipe évoque pour souligner sa base électorale résiduelle.
Positionnement politique et refus d’alliances
Interrogée sur la composition de son équipe, Mme Trautmann a été volontairement prudente : elle n’a pas détaillé les noms mais a assuré que la liste sera « ouverte » et qu’elle « alliera l’expérience et la compétence de celles et ceux qui ont déjà fait leur preuve à l’énergie, à la créativité et au regard neuf de nouvelles générations ».
Insistant sur sa capacité physique et politique à conduire un mandat, elle a admis être « dans les prolongations comme on dit en foot », en précisant toutefois avoir « vérifié l’état de la machine » et évalué sa capacité à « tenir la course ». Elle a mis en avant son « expérience » et sa « capacité d’écoute » et présenté son éventuelle victoire comme « un mandat de réparation » destiné à « retrouver des marges de manœuvre financières » et « apaiser la ville ».
Sur la question des alliances partisanes, Mme Trautmann a écarté toute démarche formelle avec les écologistes, les centristes ou la droite, affirmant que « la seule alliance est celle avec les Strasbourgeois ». Cette position marque un refus de composer en amont avec d’autres forces politiques locales.
De son côté, la maire sortante Jeanne Barseghian, interrogée par l’Agence France-Presse, a jugé que Mme Trautmann se situe « dans une opposition extrêmement virulente » et lui a reproché de s’être « beaucoup rapprochée de la droite » au cours du mandat. Pour Mme Barseghian, « c’est aux socialistes de savoir quelle ligne ils souhaitent porter, s’ils souhaitent porter une ligne qui permet d’envisager une union ou s’ils restent sur une ligne qui est une ligne d’opposition ».
Dans les semaines qui précéderont la campagne officielle, ces divisions internes et la confrontation des projets devraient structurer le débat municipal. Mme Trautmann pose d’ores et déjà sa candidature comme une offre axée sur la restauration de la stature de Strasbourg et sur une « réparation » des marges financières et du climat politique local.