Serge Papin, 70 ans, ancien dirigeant de la grande distribution, revient dans la lumière en acceptant un portefeuille ministériel chargé des petites et moyennes entreprises (PME), du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat. Connu pour avoir dirigé Système U — dont il fut PDG de 2015 à 2018 — il quitte plusieurs années d’ombre pour défendre, cette fois, les intérêts des entreprises de taille intermédiaire et des commerces de proximité.
Un profil industriel pour un ministère aux missions larges
La nomination de Serge Papin surprend par son origine professionnelle : longtemps de l’autre côté du rapport commercial, il a administré un réseau de distribution et négocié avec des fournisseurs et des producteurs. Le portefeuille qui lui est confié regroupe des secteurs variés — PME, commerce, artisanat, tourisme — ainsi qu’un volet transversal, le pouvoir d’achat, qui touche tant les consommateurs que les acteurs économiques.
Son parcours à la tête de Système U, présenté dans la notice initiale comme « l’ancien nom de la Coopérative U », implique une connaissance approfondie des circuits de distribution et des relations commerciales. Ces expériences expliquent sans doute le choix qui a été fait de le placer pour représenter et accompagner des entreprises souvent en tension avec les logiques du marché de masse.
Déclarations publiques : service du bien commun et accord entre acteurs
Interrogé par Le Monde, Serge Papin a justifié sa décision en ces termes : « avant tout pour œuvrer pour le bien commun ». Il ajoute que « la société civile peut apporter une contribution ». Ces citations, telles que rapportées, situent son engagement dans une logique de service public, selon ses propres mots.
Il a par ailleurs déclaré : « Toute ma carrière a été tournée vers l’intérêt général, et notamment celui des familles ». Cette formulation insiste sur une continuité personnelle entre son action passée dans la distribution et ses objectifs ministériels actuels. Elle sert à inscrire sa nomination dans une trajectoire où l’impact social est mis en avant.
Relations avec les PME : de la confrontation à l’accord tripartite
Le nouvel ministre affirme n’avoir « jamais été dans le rapport de force » face aux PME, alors que, lorsque qu’il dirigeait les hypermarchés et les Super U, il négociait régulièrement les prix avec ces mêmes entreprises. Cette précision vise à désamorcer une critique prévisible : celle d’un ancien grand patron devenu régulateur de ses anciens interlocuteurs.
Sur la manière de structurer ces relations, il se déclare favorable aux « accords tripartites » — une formule qu’il résume comme une concertation entre agriculteurs, industriels et distributeurs. Présentée comme un principe de gouvernance commerciale, cette approche met l’accent sur la négociation et la coopération plutôt que sur l’affrontement.
Ces positions renvoient aux débats récurrents sur la fixation des prix, la chaîne de valeur et la protection des producteurs et des PME. Elles proposent une grille de lecture centrée sur le dialogue entre les différents maillons du secteur alimentaire et commercial.
Retour médiatique et attentes
Après plusieurs années discrètes, Serge Papin réapparaît sous le projecteur politique. Son profil, à la croisée des mondes économique et social, soulève des attentes contrastées : certains attendent une meilleure compréhension des contraintes opérationnelles des entreprises ; d’autres resteront vigilants quant aux conflits d’intérêt potentiels entre un passé patronal et des missions visant le service public.
Les déclarations citées ici proviennent d’entretiens et de communiqués rendus publics. Elles permettent de cerner son discours d’intention — centré sur le bien commun, la protection des familles et la recherche d’accords tripartites — sans se prononcer sur les mesures concrètes qu’il mettra en œuvre dans le cadre de son ministère.
En l’état, sa prise de fonction ouvre une période d’observation : la transition entre un acteur de la distribution et un responsable politique chargé de réguler et soutenir les PME reste délicate, et les premières initiatives du ministre permettront de mieux apprécier la portée de ses choix.