L’Allemagne traverse sa troisième année de stagnation économique. Le Royaume‑Uni subit une inflation persistante et affiche un déficit public jugé proche de celui de la France, exposant le pays à des tensions sur les marchés financiers et alimentant, chez certains économistes alarmistes, des scénarios évoquant l’éventualité d’un recours au Fonds monétaire international (FMI). Pendant ce temps, la France est plongée dans une crise politique majeure qui pourrait aboutir à l’absence de loi de finances votée avant la fin de l’année.
La gravité de la situation a été résumée en une phrase par François Villeroy de Galhau, vendredi 10 octobre sur RTL : « La France, traditionnellement, est la locomotive de l’Europe. Aujourd’hui, c’est le wagon de queue. » Cette image illustre la consternation d’une partie des observateurs face aux soubresauts politiques et à leurs répercussions économiques.
Des difficultés concentrées chez les grands pays
Le constat qui se dégage est celui d’un Vieux Continent dont les principales puissances sont aujourd’hui en difficulté. Autrefois considérés comme des moteurs de l’économie européenne, l’Allemagne, le Royaume‑Uni et la France apparaissent désormais, pour des raisons différentes, comme des cas à risque.
La nature des crises varie d’un pays à l’autre : stagnation prolongée en Allemagne, inflation et fragilité budgétaire au Royaume‑Uni, instabilité politique et incertitude budgétaire en France. Ces trajectoires distinctes contrastent avec la situation de nombreux autres États membres de l’Union européenne, qui affichent des performances économiques plus résilientes.
Un contraste avec le reste de l’Europe
« La zone euro [qui concerne 20 des 27 États membres] va connaître une croissance autour de 1,3 %-1,4 % cette année, alors que l’Allemagne est presque en récession et que la France enregistre une croissance faible », souligne Michel Martinez, chef économiste Europe à la Société générale. Selon cette lecture, la moyenne de la zone masque des trajectoires nationales très disparates : pendant que les poids lourds peinent, d’autres économies européennes progressent à un rythme plus soutenu.
Ce contraste renvoie à plusieurs explications possibles — structure productive différente, exposition aux chocs internationaux, politique monétaire et budgétaire, ou encore facteurs politiques internes — sans qu’il soit possible, à partir des seuls éléments fournis, d’en établir la hiérarchie exacte. L’observation principale reste toutefois claire : la croissance agrégeée de la zone euro ne reflète pas uniformément la situation de chacun de ses membres.
Implications et enjeux
La faiblesse économique des principaux pays européens comporte plusieurs conséquences. Sur le plan financier, une inflation persistante associée à des déficits publics élevés peut accroître la vulnérabilité aux mouvements de marché et aux primes de risque. Sur le plan institutionnel, des crises politiques prolongées peuvent retarder l’adoption de budgets, entraver la mise en œuvre de réformes et réduire la marge de manœuvre des gouvernements pour répondre à des chocs extérieurs.
Les références au FMI, mentionnées par certains économistes, traduisent l’existence de scénarios extrêmes où la combinaison d’une détérioration budgétaire et d’une perte de confiance des investisseurs nécessiterait un soutien extérieur. Ces hypothèses restent, dans le texte d’origine, présentées comme des anticipations alarmistes plutôt que comme des certitudes établies.
Par ailleurs, l’image de la « locomotive » européenne devenue « wagon de queue » porte une portée symbolique : elle témoigne d’un changement de perception quant au rôle historique de la France au sein de l’Union, et plus largement d’une interrogation sur la capacité des grandes économies européennes à assurer une croissance durable et coordonnée.
À court terme, la priorité pour les observateurs et les décideurs consiste à stabiliser les situations nationales — en renouant avec des trajectoires de croissance, en maîtrisant l’inflation et en rétablissant la confiance budgétaire — afin d’éviter que les difficultés des grands pays n’affectent durablement l’ensemble du bloc européen.
Sans préjuger d’évolutions futures non mentionnées dans le texte initial, le panorama dressé souligne l’existence d’un paradoxe : une zone euro qui, dans son ensemble, maintient une dynamique modeste tandis que ses principaux États affichent des fragilités différenciées. Cette réalité impose des choix politiques et économiques susceptibles d’influer sur la trajectoire continentale dans les mois à venir.