Fin de la première phase du cessez‑le‑feu
La première phase du plan de paix visant un cessez‑le‑feu à Gaza s’est achevée le lundi 13 octobre, avec la libération des derniers otages israéliens retenus par le Hamas. Cette étape, présentée comme majeure pour la résolution du conflit, intervient alors que l’Union européenne souhaite jouer un rôle plus visible et actif dans la région.
Dans un message publié sur X, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a annoncé une initiative destinée à renforcer la présence de l’Union européenne dans la zone. « Le plan de paix nécessite un soutien international fort pour réussir. L’UE est prête à faire sa part », a‑t‑elle écrit, indiquant par ailleurs la reprise prochaine d’une mission de surveillance civile au poste frontalier de Rafah entre Gaza et l’Égypte. [15 octobre]
Le rôle attendu de l’EUBAM Rafah
L’annonce met l’accent sur la mission EUBAM Rafah (EU Border Assistance Mission), une opération civile non armée de l’Union européenne créée en novembre 2005. Composée notamment d’éléments de police italiens, espagnols et français, l’EUBAM a pour mandat de superviser et soutenir la gestion du point de passage frontalier de Rafah, entre Gaza et l’Égypte.
Selon le mandat décrit, la mission se veut une présence neutre et tierce destinée à favoriser la confiance entre Israël et l’Autorité palestinienne, et à appuyer les efforts de cette dernière pour gérer de façon autonome et efficace le poste‑frontière. Concrètement, l’EUBAM contribue à la circulation des personnes et à l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, tout en renforçant les compétences locales et en facilitant la coopération entre toutes les parties impliquées.
Historique et limites opérationnelles
Initialement active entre 2005 et 2007, l’EUBAM a vu ses opérations sur le terrain suspendues le 15 juin 2007 à la suite de la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. Malgré cette suspension, la mission a maintenu un bureau de liaison et une capacité minimale de veille, poursuivant des activités de conseil et de formation au profit des autorités palestiniennes à partir de 2014.
La mission est explicitement limitée au volet technique et de monitoring : elle ne dispose pas de pouvoirs coercitifs. Son action se cantonne à l’observation, au renforcement des capacités locales et à la coopération conformément à l’accord de circulation et d’accès adopté en 2005. Une mission limitée à l’observation (EUBAM Rafah) intervient donc exclusivement sur ces aspects.
Le 31 janvier 2025, l’EUBAM Rafah a déployé une équipe spécialisée au point de passage pour permettre, selon le texte d’origine, aux parties de rouvrir le poste de contrôles frontaliers après un accord de cessez‑le‑feu conclu entre Israël et le Hamas. Toutefois, ce cessez‑le‑feu a de nouveau été rompu le 18 mars 2025, lorsque les opérations militaires israéliennes dans Gaza ont repris, entraînant la suspension des activités de l’EUBAM dès le mois de mars.
Présence européenne en Cisjordanie
Outre l’EUBAM à Rafah, l’Union européenne est présente en Cisjordanie via un autre dispositif civil : EUPOL COPPS (European Union Coordinating Office for Palestinian Police Support). Ce dispositif assure la formation et le soutien aux forces de police palestiniennes, dans le cadre d’un engagement plus large de l’UE en faveur du renforcement des institutions palestiniennes.
Enjeux et précautions
La réactivation annoncée d’une mission civile de surveillance à Rafah est présentée par les responsables européens comme pouvant jouer « un rôle important dans le soutien du cessez‑le‑feu ». Reste que la mission, de par son caractère non armé et sans pouvoir coercitif, dépendra largement de la coopération des acteurs locaux et de la stabilité du contexte sécuritaire.
L’annonce du 13 octobre par Kaja Kallas marque une étape significative dans l’implication européenne, mais elle ne garantit pas le maintien durable des opérations sur le terrain. Les précédentes suspensions, en particulier celles liées aux évolutions militaires et politiques de 2007 puis de mars 2025, témoignent des limites opérationnelles que l’Union devra prendre en compte pour toute reprise effective des activités.
La coordination entre EUBAM, EUPOL COPPS et les autorités concernées — israéliennes, palestiniennes et égyptiennes — sera déterminante pour assurer la circulation des personnes et l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, objectifs centraux rappelés dans les différents mandats européens cités.