Budget du RN: François Ecalle alerte sur des gains irréalistes (immigration, fraude, TVA) et réclame une évaluation chiffrée et transparente

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François Ecalle, ancien magistrat, juge le budget du Rassemblement national difficile à chiffrer : les gains promis (immigration, lutte contre la fraude, baisses de TVA) reposent sur des hypothèses optimistes et semblent irréalistes. Il demande une évaluation chiffrée, transparente et conforme au droit avant d’en faire un programme électoral.

François Ecalle, ancien magistrat à la Cour des comptes et fondateur de Fipeco.fr, publie une analyse critique des mesures budgétaires annoncées par le Rassemblement national. Ces mesures constituent la colonne vertébrale du programme du parti en vue d’élections législatives anticipées et de l’élection présidentielle de 2027.

Un budget difficile à qualifier et à chiffrer

« C’est un budget aussi difficile à chiffrer qu’à qualifier », affirme François Ecalle. Selon lui, le projet combine une poursuite de la politique de l’offre déjà menée sous Emmanuel Macron, l’utilisation de ce qu’il appelle des « baguettes magiques budgétaires » — notamment les effets attendus de restrictions sur l’immigration et la lutte contre les fraudes — et un discours politique destiné à l’électorat populaire, centré sur des baisses de TVA.

Cette combinaison rend l’évaluation des économies et des recettes très incertaine. Plusieurs postes avancés par le parti lui semblent irréalistes ou au moins difficilement vérifiables avec les chiffres publics disponibles, estime Ecalle.

Immigration : des estimations contrastées

Sur la question de l’immigration, Ecalle se réfère à un rapport du Conseil d’analyse économique datant de 2021, qui estimait que l’impact de l’immigration sur les finances publiques allait d’une perte nette de 0,5 % du PIB (–15 milliards d’euros) à un gain net de 0,5 % du PIB (+15 milliards d’euros).

Il poursuit : « Même en retenant l’analyse la plus pessimiste (un coût net de 15 milliards), je ne vois pas comment arriver à un gain net de 25 milliards d’euros. » Autrement dit, pour atteindre les montants avancés par certains scénarios politiques, il faudrait que l’effet budgétaire de mesures sur l’immigration soit nettement plus favorable que les évaluations publiées en 2021.

Fraudes fiscales et sociales : un potentiel de recettes limité

Concernant la lutte contre les fraudes, l’argument avance que des moyens renforcés permettraient d’accroître significativement les recettes. Ecalle rappelle que, ces dix dernières années, les recettes tirées du contrôle fiscal ont augmenté d’environ 3 milliards d’euros par an, grâce à des moyens juridiques et techniques supplémentaires mis à disposition des contrôleurs.

À partir de ce constat, il juge très ambitieux l’objectif consistant à « augmenter de 5 nouveaux milliards en cinq ans ». Pour la fraude sociale, la situation est similaire : les recettes actuelles liées aux contrôles s’élèvent aujourd’hui à 3 milliards d’euros. Les propositions qui visent à les tripler sont, selon lui, irréalistes au regard des progressions observées et des marges d’action identifiables.

Budget politique et encadrement constitutionnel

Ecalle rappelle une règle de pratique budgétaire : un gouvernement rédigera généralement un budget qu’il juge conforme à la Constitution. La situation est différente pour les programmes présentés par l’opposition, qui peuvent contenir des mesures exposées au risque d’un contrôle constitutionnel.

Il illustre ce point par une référence politique contemporaine : la taxe dite « Zucman », réclamée par la gauche, suscite des débats sur sa conformité. Selon certains commentateurs, une telle taxe pourrait être censurée par le Conseil constitutionnel, ce qui illustre la divergence entre propositions politiques et faisabilité juridique.

En synthèse, l’analyse de François Ecalle met en garde contre une lecture trop optimiste des gains budgétaires promis sans démonstration chiffrée robuste. Plusieurs des sources d’économies avancées demandent des hypothèses fortes pour atteindre les montants annoncés, et certaines projections paraissent en décalage avec les évolutions observées ces dernières années.

Cette mise au point n’écarte pas a priori l’existence de marges d’amélioration des recettes publiques, mais souligne la nécessité d’une évaluation détaillée, chiffrée et transparente avant d’en faire la base d’un programme gouvernemental.

Parlons Politique

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