Le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a annoncé dimanche 19 octobre « une rupture dans la forme » avec son prédécesseur Bruno Retailleau, tout en affirmant vouloir préserver la continuité des politiques sur le fond. Invité de l’émission « Questions politiques » (France Inter / Franceinfo / Le Monde), il a insisté sur un ton choisi et mesuré : « Je n’aurai pas de mots blessants. Je ne vise pas à diviser la société. »
Rupture de ton, continuité des orientations
Interrogé sur la nature de ce changement, Laurent Nuñez a distingué clairement la forme et le fond de l’action gouvernementale. Selon lui, la rupture se situe principalement dans la manière de s’exprimer et de conduire le débat public. « Une rupture dans la forme ? Oui, certainement. Je n’aurai pas de mots blessants, » a-t-il répété, précisant qu’il souhaitait éviter les formules susceptibles d’attiser les divisions.
Pour autant, le ministre a indiqué qu’il n’entendait pas modifier les grandes lignes de la politique intérieure menée récemment. « Il n’y a pas de rupture sur le fond, » a-t-il expliqué, en rappelant la continuité avec les actions menées par Bruno Retailleau, puis par Gérald Darmanin et Christophe Castaner. Cette continuité s’appuie, selon lui, sur une même exigence en matière de respect des valeurs républicaines.
Assimilation, intégration : un choix de vocabulaire
Sur la question sensible du vocabulaire public, Laurent Nuñez a été explicite : certains mots ne figureront pas dans son discours. Il a notamment déclaré : « Il y a des mots que je n’utiliserai pas. Quand vous convoquez le débat sur l’assimilation… Je ne le ferai jamais. » Il a précisé que, même si le terme « assimilation » existe dans le code civil, son emploi renvoie à une opposition entre « intégration versus assimilation » que lui-même souhaite éviter.
Nuñez a exprimé sa préférence pour la notion d’intégration. « Moi, je crois à l’intégration. On s’intègre parce qu’on respecte les règles des valeurs républicaines, » a-t-il expliqué, faisant ainsi du respect des principes républicains le critère central de l’inclusion au sein de la société.
Fermeté sur le respect des valeurs
Malgré ce choix d’un registre moins conflictuel, le ministre a tenu à afficher une ligne dure vis‑à‑vis des comportements qu’il juge contraires aux valeurs de la République. Il a averti qu’il serait « intraitable avec ceux qui ne respectent pas les valeurs ». Cette fermeté, selon ses déclarations, justifie la poursuite de mesures et d’actions destinées à garantir l’ordre public et la sécurité, sans pour autant changer l’esprit des politiques antérieures.
Le propos de Laurent Nuñez vise à concilier deux objectifs affichés : calmer le débat public en renonçant aux formules provocatrices, tout en maintenant une application stricte des règles républicaines. Le ministre présente ce positionnement comme une manière de rassembler plutôt que d’opposer, sans renoncer à des décisions fermes lorsque la loi ou l’ordre public l’exigent.
Un ministre avec une expérience gouvernementale
Laurent Nuñez a rappelé son parcours au sein du gouvernement, notamment son rôle antérieur comme secrétaire d’État entre octobre 2018 et juillet 2020 auprès de Christophe Castaner. Cette expérience, a‑t‑il laissé entendre, fonde sa capacité à assurer la continuité des services de l’État tout en ajustant le ton politique.
En somme, l’intervention du ministre lors de « Questions politiques » trace une ligne claire : modifier la manière de communiquer sans rompre avec les objectifs et les priorités poursuivis par ses prédécesseurs. Ses déclarations posent les jalons d’une pratique ministérielle qui prétend conjuguer clarté républicaine et retenue rhétorique.
Les propos rapportés lors de cette émission donnent un premier aperçu du style que Laurent Nuñez souhaite imprimer à la tête du ministère de l’Intérieur. Reste à observer dans les prochains actes officiels et interventions publiques si cette rupture de ton se traduira par des évolutions notables dans la politique et sa mise en œuvre.
