Crise démocratique en France : défiance massive, jeunesse inquiète — conventions citoyennes, référendums locaux et refondation de la Ve pour restaurer la confiance

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L’étude Ipsos « Fractures françaises » alerte sur une crise de confiance : montée du déclinisme (90 %), défiance envers l’exécutif et le Parlement et inquiétude chez les jeunes. À moins de deux ans de la présidentielle, le pays cherche des pistes — conventions citoyennes, référendums locaux, refondation de la Ve République — pour restaurer la confiance et éviter l’effritement démocratique.

La démocratie française traverse une période de tensions profondes. Depuis douze ans, l’étude « Fractures françaises », réalisée par l’institut Ipsos pour Le Monde, scrute l’état de la société. En 2025, après des mois d’instabilité politique, ses résultats signalent une montée de la défiance, du désespoir, du déclinisme et d’un désir de dégagisme — des symptômes qui inquiètent à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle.

Un fossé croissant entre électeurs et responsables politiques

Le lien entre les citoyens et leurs élus semble s’être fortement distendu. Selon l’étude, 96 % des personnes interrogées se déclarent mécontentes ou en colère de la situation du pays. Le deuxième mandat d’Emmanuel Macron n’a pas réussi à inverser cette tendance : plusieurs indicateurs sont en nette baisse depuis trois ans, notent les auteurs.

Autre signe marquant, le sentiment de déclin s’est fortement accentué. Aujourd’hui, 90 % des sondés estiment que la France est en déclin, alors que ce taux n’était « que » de 75 % en 2022. Ces chiffres traduisent un pessimisme partagé par une large partie de la population et renforcent la perception d’un système politique débordé par les crises.

Défiance généralisée envers l’exécutif et le Parlement

L’exécutif concentre une grande partie du rejet, mais les autres institutions n’ont pas su restaurer la confiance. Beaucoup avaient placé leurs espoirs dans les élections législatives de 2022, puis dans celles de 2024, qui ont rééquilibré les rapports de force. Or, le Parlement n’a pas pris la place attendue pour compenser un présidentialisme jugé trop vertical.

Après plusieurs motions de censure et des débats à haute tension, la cote des députés est retombée. Cette incapacité à offrir une alternative perçue comme stable alimente l’idée d’un paysage institutionnel fragmenté et inefficace aux yeux de l’opinion.

Épisodes récents et érosion du discours politique

Depuis le début du mois de septembre, la parole politique a été mise à l’épreuve par des événements qui ont déstabilisé l’exécutif. Les Français ont vu un premier ministre démissionner, annoncer qu’il ne rempilerait pas, puis être de nouveau nommé à la tête du gouvernement. L’exécutif, qui avait imposé puis défendu une réforme des retraites, a dû la suspendre.

La droite a, à son tour, joué un rôle décisif : Bruno Retailleau, président du parti Les Républicains, a contribué à la chute du gouvernement dans une stratégie jugée contraire à ses positions antérieures. La gauche affiche des divisions persistantes et le Rassemblement national, en quête de notabilité, a menacé de censurer « tout », attisant les tensions parlementaires.

Jeunes, alternatives et signes d’alarme pour la démocratie

Malgré ces fragilités, deux tiers des sondés se déclarent encore attachés à la démocratie. Toutefois, des fissures apparaissent. Parmi les moins de 35 ans, 42 % estiment qu’un autre système politique serait au moins aussi bon que la démocratie actuelle. Cette proportion illustre une tentation d’autoritarisme, notamment vers l’extrême droite, présente dans plusieurs catégories de la population.

Ces signaux doivent interpeller les acteurs politiques et la société civile : l’attachement formel à la démocratie coexiste avec des doutes profonds sur son efficacité et son avenir.

Quelles réformes pour la Ve République ?

Face à ces constats, des propositions circulent pour refonder la relation entre citoyens et institutions. La politiste Hélène Landemore a ainsi défendu, dans une tribune publiée par Le Monde, samedi 18 octobre, l’idée d’une Ve République plus « ouverte » et moins distante du peuple. Conventions citoyennes, « respirations » démocratiques en milieu de mandat, référendums locaux : les pistes ne manquent pas.

Au-delà des enjeux de dette ou de contexte international, les candidats à la présidentielle devront, faute de quoi, présenter des solutions concrètes pour renforcer la confiance. À défaut, « les fissures et les fentes souterraines (…), replâtrées à grand-peine, se rouvrir violemment et devenir des abîmes et des gouffres », rappelle la formule empruntée à Stefan Zweig, utilisée pour souligner les risques d’un effritement démocratique profond.

La trajectoire politique et institutionnelle des mois à venir sera déterminante : elle orientera la capacité de la France à transformer un diagnostic d’affaiblissement en pistes de rénovation républicaine, ou à voir ces fractures s’aggraver avant la présidentielle.

Parlons Politique

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