Le groupe Droite républicaine, rattaché au camp gouvernemental, ne votera pas « automatiquement » le budget de l’État, a averti Laurent Wauquiez lors d’une conférence de presse tenue à l’Assemblée nationale mardi 21 octobre.
Un vote conditionné et des lignes rouges
« Ne pas censurer le gouvernement ne veut pas dire que nous voterons automatiquement (…) le budget », a plaidé le président du groupe. Il a ajouté : « encore moins un budget qui serait sous la coupe des socialistes ». Selon lui, ses députés tenteront de « supprimer toutes les taxes nouvelles » et d’empêcher les « augmentations d’impôts », privilégiant à la place « des économies supplémentaires sur la dépense publique ».
Laurent Wauquiez a souligné l’enjeu procédural : si le gouvernement n’utilise pas l’article 49.3 de la Constitution — un recours qui vise à obtenir l’absence de censure des socialistes — alors « le budget sera ce qu’on en fera ». Par cette formulation, il a signifié que le groupe jouera un rôle actif dans les amendements et les votes.
Priorités chiffrées : travail, défiscalisation et conditionnalité
Le chef de file des parlementaires a présenté deux priorités pour la discussion budgétaire. La première est d’instaurer une allocation sociale unique fixée à 70 % du SMIC. Cette mesure vise, selon lui, à « revaloriser le travail » en incitant au retour à l’emploi.
La deuxième priorité porte sur le retour intégral de la défiscalisation des heures supplémentaires, dispositif mis en place sous Nicolas Sarkozy. Laurent Wauquiez a assuré que « le premier ministre [Sébastien Lecornu] est très ouvert sur le sujet ».
Le président du groupe a aussi appelé à poser une condition de résidence de trois ans pour que des étrangers puissent prétendre aux aides sociales. Cette proposition s’inscrit dans la continuité des débats liés à la récente « loi immigration », a-t‑il précisé.
Amendements et réactions au sein de la majorité
Jean-Didier Berger (Hauts-de-Seine, LR), membre de la commission des finances, a salué la suppression, par un amendement LR adopté en commission, d’une taxe proposée par le gouvernement sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales détenant au moins 5 millions d’euros d’actifs. Ces structures sont parfois utilisées pour contourner l’impôt, rappellent ses auteurs.
Jean-Didier Berger a ironisé en qualifiant la proposition initiale de « une taxe Zucman light ». Il a salué le remplacement de cette taxe dans le texte de la commission par une imposition liée au décès du propriétaire des holdings. Il a toutefois rappelé que tous les votes devront être rejoués en Hémicycle, où les députés repartiront de la copie initiale du gouvernement.
Plusieurs députés LR ont par ailleurs proposé des mesures complémentaires pendant la conférence de presse. Elles concernent notamment l’aide médicale d’État, le titre de séjour pour soins, ainsi que la rationalisation du nombre et du périmètre des agences de l’État. Certaines de ces propositions pourraient être présentées en marge des projets de budgets.
Le budget de la Sécurité sociale et les conditions d’accès aux aides
Sur le volet social, le groupe LR a également formulé des priorités pour le budget de la Sécurité sociale. La députée Josiane Corneloup (Saône-et-Loire) a indiqué que le groupe proposera de « limiter à deux ans la durée du [Revenu de solidarité active] pour les personnes qui sont aptes à travailler ». Cette proposition vise à renforcer l’incitation au retour à l’emploi, selon ses promoteurs.
Les annonces de Wauquiez dessinent ainsi une stratégie d’opposition conditionnelle au sein de la majorité : soutenir le gouvernement face à une censure éventuelle mais peser activement sur le contenu du budget, par amendements et retraits de mesures jugées contraires aux orientations du groupe.
Au-delà des intentions affichées, l’impact réel de ces propositions dépendra des débats en commission et, surtout, des résultats des votes en Hémicycle, où la majorité parlementaire pourra soit confirmer, soit modifier les arbitrages opérés en commission.