La « taxe Zucman » devra attendre. Samedi 25 octobre au soir, les députés ont clos la deuxième journée de débats sur le projet de loi de finances (PLF) 2026 sans entamer la discussion de l’article 3, qui regroupe de nombreux amendements portant sur une taxation accrue des contribuables les plus aisés.
Ce report tient à une décision d’agenda: les parlementaires ont choisi de prioriser d’autres articles lundi afin de bénéficier de la présence du ministre de l’économie, Roland Lescure, appelé à se déplacer le reste de la semaine. Le fait est devenu un argument d’ordre pratique pour repousser l’examen du texte le plus conflictuel, du moins provisoirement.
Un débat différé pour raisons pratiques
Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, la question de l’article 3 a toutefois continué d’alimenter les échanges. Plusieurs groupes parlementaires, et en particulier le « socle commun » ainsi que les socialistes, ont indiqué qu’ils souhaitaient obtenir un délai supplémentaire pour tenter de négocier un compromis susceptible de faire aboutir le budget.
La présence du ministre a été présentée comme un élément déterminant: la semaine de travaux parlementaires s’annonce chargée et les responsables de groupes ont privilégié un calendrier permettant de maximiser les interventions ministérielles. Concrètement, cela a reporté à plus tard la discussion des dispositions les plus sensibles du PLF 2026.
Ambiance et stratégies dans l’hémicycle
Malgré une mobilisation inhabituelle pour une fin de semaine, l’« enfer parlementaire » que certains redoutaient ne s’est pas matérialisé, du moins pas encore. Les consignes données dans les groupes étaient claires: en l’absence d’un recours au 49.3 pour boucler le PLF, chaque vote pourrait avoir une portée singulière et nécessiter une attention soutenue des élus.
Le document souligne également une forte présence des chefs de file, qui ont souvent donné l’exemple en restant en séance de manière régulière, et parfois continue. Cette attention collective traduit la conscience que le calendrier législatif et les équilibres politiques rendent chaque amendment potentiellement déterminant.
Cependant, l’approche n’a pas été uniforme. Le Rassemblement national (RN) a enregistré une absence notable: sa présidente, Marine Le Pen, en déplacement dans les Vosges samedi, n’a assisté à aucun des débats et les bancs de son groupe sont restés clairsemés. Son allié, Éric Ciotti, était lui aussi peu visible dans l’hémicycle ce jour-là. Ces absences ont été relevées comme un élément factuel qui a influé sur l’atmosphère des débats, sans toutefois déterminer à elles seules l’issue des votes à venir.
Vers un compromis ou une crispation prolongée ?
Les socialistes et les composantes du socle commun disposent désormais d’un laps de temps supplémentaire pour tenter de concilier positions et amendements autour de l’article 3. Le report ouvre une fenêtre pour négocier les ajustements nécessaires, mais il n’élimine pas la possibilité d’une confrontation politique plus tranchée lorsque l’article reviendra à l’ordre du jour.
Le calendrier, déjà contraint par la nécessité d’entendre les ministres et de boucler le PLF avant les échéances fixées par la procédure budgétaire, reste tendu. Chaque groupe sait que la marge de manœuvre est réduite et que la cohérence des alliances sera déterminante pour la suite.
En l’état, l’avancement des débats montre une stratégie prudente: retarder l’examen des questions les plus sensibles pour consolider des accords et éviter des confrontations explosives au moment des votes. Reste à voir si cette stratégie permettra d’aboutir à des compromis durables ou si elle ne fera que différer des tensions qui, plus tard, pourraient se cristalliser autour de l’article 3 et du PLF 2026 dans son ensemble.




