La revue médicale britannique The Lancet a publié, le 29 octobre, la neuvième édition de son rapport annuel sur les liens entre santé et changement climatique, le Lancet Countdown 2025, dix jours avant l’ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil.
Un constat d’ensemble alarmant
Rédigé par 128 experts issus de 57 universités et réalisé en collaboration avec plusieurs agences des Nations unies, le rapport indique que les menaces combinées du réchauffement et de la dégradation environnementale « ont atteint des niveaux sans précédent ».
Les auteurs relèvent que, malgré quelques progrès, un nombre croissant de dirigeants mondiaux menace d’annuler ces avancées et que, par conséquent, « les populations du monde entier en paient le prix fort », alerte Anthony Costello, professeur à University College London et coprésident du Lancet Countdown.
Selon Costello, « ces opportunités manquées se paient en millions de vies ».
Des impacts sanitaires marqués en 2024
Parmi vingt indicateurs suivis par le rapport, douze ont battu des records en 2024. Le plus préoccupant reste l’augmentation des décès liés à la chaleur : depuis les années 1990 leur nombre a cru de 63 %, atteignant en moyenne 546 000 morts par an entre 2012 et 2021, soit une hausse de 23 % si l’on tient compte de la croissance démographique mondiale.
Le rapport souligne aussi que 84 % des vagues de chaleur observées entre 2020 et 2024 n’auraient pas eu lieu sans le changement climatique. En 2024, les nouveau‑nés de moins d’un an et les personnes de plus de 65 ans ont connu jusqu’à vingt jours de canicule sur l’année, une exposition respectivement 389 % et 304 % plus élevée qu’à la fin du XXe siècle.
À l’échelle planétaire, chaque habitant a été exposé en moyenne à 1 609 heures de chaleur suffisante pour entraîner un risque de stress thermique lors d’activités légères en extérieur, soit une hausse de 35,8 % par rapport à 1990. Le stress thermique aggrave de nombreuses pathologies chroniques (cardiovasculaires, respiratoires, mentales) et perturbe le sommeil : la durée moyenne du sommeil a diminué de 9 % en raison de nuits trop chaudes.
La combinaison chaleur‑sécheresse a favorisé les incendies. En 2024, la pollution aux particules fines issue des feux de forêt aurait causé 154 000 décès, soit 36 % de plus que durant la décennie précédente.
Sécurité alimentaire, événements extrêmes et maladies infectieuses
L’année 2024 a été marquée par une sécheresse extrême touchant 61 % des terres émergées. Ce record a plongé 123 millions de personnes supplémentaires dans une situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère par rapport à la période 1981–2010.
Parallèlement, les jours de précipitations extrêmes ont augmenté de 64 % au niveau mondial entre les périodes 1961–1990 et 2015–2024. Ces déséquilibres climatiques ont accru les risques de propagation de maladies infectieuses, notamment dans les régions tropicales.
Les événements météorologiques extrêmes (canicules, inondations, tempêtes) ont causé au moins 1 600 morts et déplacé plus de 8 000 000 de personnes en 2024, selon le rapport.
Rôles des combustibles fossiles et des politiques publiques
Les auteurs déplorent que les énergies fossiles demeurent fortement subsidiées par certains États. Le soutien public européen à des populations en difficulté énergétique, motivé en partie par la hausse des prix liée au conflit russo‑ukrainien, illustre selon eux ce paradoxe.
La pollution liée aux combustibles fossiles a, elle, été responsable de 2,5 millions de décès en 2022, rappelle le rapport, tandis que les pertes humaines et matérielles liées aux impacts climatiques continueront de s’intensifier si la dépendance aux fossiles persiste.
« La destruction des vies et des moyens de subsistance continuera à s’intensifier tant que nous n’aurons pas mis fin à notre dépendance aux combustibles fossiles et que nous n’aurons pas considérablement amélioré notre capacité d’adaptation », prévient Marina Romanello, directrice exécutive du Lancet Countdown.
Conclusions et enjeux pour la COP30
Le Lancet Countdown 2025 dresse un tableau des impacts sanitaires déjà observés du changement climatique et met en avant l’urgence d’actions d’atténuation et d’adaptation. Il relie chiffres et tendances — chaleur, qualité de l’air, sécurité alimentaire, événements extrêmes — pour souligner la pression croissante sur des systèmes de santé souvent déjà fragilisés.
Le rapport rappelle enfin que les décisions politiques prises lors des forums internationaux, dont la COP30 à Belém, auront des conséquences directes sur la santé publique mondiale.
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