Tribunal de Paris relaxe Raphaël Enthoven : qualifier LFI de profondément antisémite relève de la liberté d’expression (6 nov. 2024)

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Le 6 novembre 2024, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé Raphaël Enthoven, poursuivi par La France insoumise pour injure publique, jugeant que son message publié sur X après l’incident de Saint‑Étienne relevait de la liberté d’expression politique — une décision qui illustre la tension entre prise de parole sur les réseaux sociaux et protection de la réputation des partis.

Le philosophe et chroniqueur Raphaël Enthoven a été relaxé le jeudi 6 novembre 2024 par le tribunal correctionnel de Paris, poursuivi pour injure publique par La France insoumise (LFI). Selon les magistrats, les propos visés « n’ont pas excédé les limites admissibles de la liberté d’expression ».

Les faits et la publication visée

La procédure faisait suite à un message publié par M. Enthoven sur le réseau social X le 1er mai 2024. Ce tweet réagissait à l’exfiltration, lors d’une manifestation à Saint‑Étienne, de Raphaël Glucksmann — tête de liste Place publique‑Parti socialiste — qui, ce jour‑là, avait été hué et la cible de jets de peinture à plus d’un mois des élections européennes.

Dans son message, Raphaël Enthoven écrivait notamment : « La France insoumise est un mouvement détestable, violent, complotiste, passionnément antisémite. Et ils sont tellement cons. (…) On n’en peut plus de ce club de déficients. » Ces formules figurent au cœur de l’action engagée par LFI pour injure publique.

Les faits de Saint‑Étienne avaient, par ailleurs, été décrits par plusieurs médias. Libération a rapporté que LFI n’était finalement pas l’organisateur de l’intervention : l’action avait été revendiquée par les Jeunes communistes de la Loire, et un militant affilié à LFI a reconnu y avoir participé à titre individuel. Ces éléments ont été pris en compte lors des débats, selon le tribunal.

La décision et sa motivation

Le tribunal correctionnel a estimé que les propos poursuivis s’inscrivaient « dans le sillage de ce débat d’intérêt général majeur suscité par ce fait d’actualité ». Les juges ont relevé que la responsabilité de LFI avait été évoquée dans le climat de haine et de violence dénoncé par Raphaël Glucksmann.

Les magistrats ont aussi souligné que ce débat puisait sa source dans « tout un ensemble de polémiques récurrentes à propos de pratiques et de propos, jugés violents, outranciers, complotistes et/ou antisémites de membres » de La France insoumise. Au regard de ce contexte, ils ont considéré que les expressions employées par M. Enthoven ne dépassaient pas ce que la liberté d’expression autorise sur des sujets de nature politique et d’intérêt général.

La relaxe se fonde donc sur l’appréciation du contexte public et polémique dans lequel les propos ont été tenus, ainsi que sur l’équilibre entre protection de la réputation d’un mouvement politique et liberté d’expression politique, jugée ici primordiale.

Réactions et portée

Après l’énoncé du jugement, Raphaël Enthoven a commenté la décision en reprenant une partie de son argumentation : « La France insoumise est un mouvement antisémite, passionnément antisémite. C’est même le premier parti antisémite de France. Et le dire est un élément du débat. Désormais, c’est ainsi, c’est une opinion. Ce n’est pas un délit. »

Le dossier illustre la délicate frontière que tracent les juridictions entre la libre expression d’opinions politiques — y compris sévères ou outrancières — et la protection contre les propos constitutifs d’injure ou d’incitation.

Le tribunal a retenu que, dans ce cas précis, les modalités et la temporalité du message — publié en réaction à un incident de manifestation très médiatisé — permettaient de le situer dans un débat public légitime. La relaxe ne vaut toutefois pas pour tous les propos tenus sur les réseaux sociaux : chaque affaire reste soumise à l’appréciation concrète des juges, qui examinent le contenu, le contexte et la portée des mots employés.

Aucune autre déclaration officielle de La France insoumise relative au jugement n’a été reproduite dans le dossier public cité lors de l’audience. Le litige avait été impulsé par le mouvement de Jean‑Luc Mélenchon, qui avait assigné le philosophe pour injure publique à la suite du message du 1er mai 2024.

Ce dossier met en lumière la porosité croissante entre incidents de rue, polémiques médiatiques et réactions instantanées sur les réseaux sociaux, où des propos tenus dans l’émotion peuvent rapidement donner lieu à des procédures judiciaires. Le tribunal a, en l’occurrence, privilégié la pleine appréciation du contexte politique et médiatique pour statuer sur la licéité des expressions tenues.

Parlons Politique

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