Salles de shoot à Paris et Strasbourg : maintien suspendu au vote du budget de la Sécurité sociale, prolongation jusqu’en 2027 incertaine

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À l’ouverture, le 6 novembre, de la nouvelle halte soins addictions (HSA, dite « salle de shoot ») de Paris, la docteure Elisabeth Avril déplore l’incertitude politique : ces dispositifs, expérimentés depuis 2016 à Paris et Strasbourg, ne seront assurés au‑delà du 31 décembre que si le Parlement tranche. Un amendement gouvernemental propose une prolongation jusqu’en 2027, mais l’issue reste incertaine malgré des évaluations favorables sur la réduction des risques et l’accès aux soins.

La docteure Elisabeth Avril affiche une lassitude palpable face à un débat renouvelé depuis des années : « Que faut‑il de plus pour obtenir une pérennisation de la salle ? »

Elle intervient au moment de l’ouverture, jeudi 6 novembre au matin, de la « halte soins addictions » (HSA) de Paris, communément appelée « salle de shoot ». Porteuse du projet depuis bien avant sa mise en place en 2016, elle ne cache pas sa déception devant l’incertitude politique qui pèse encore sur ces dispositifs.

Une expérimentation qui dure — et reste précaire

Depuis leur création, les haltes soins addictions fonctionnent sous le régime de l’expérimentation. Placées sous ce statut depuis neuf ans, les structures de Paris et de Strasbourg sont, pour l’instant, les seules en France à proposer une consommation à moindre risque encadrée.

Pourtant, leur avenir n’est pas garanti : la poursuite de l’activité au‑delà du 31 décembre dépend d’une décision législative. En l’absence d’une disposition spécifique inscrite dans la loi, ces HSA pourraient voir leur fonction interrompue au terme de l’expérimentation.

Le rôle déterminant d’un amendement gouvernemental

La question est aujourd’hui liée à un amendement déposé par le gouvernement sur le projet de financement de la Sécurité sociale, actuellement débattu à l’Assemblée nationale. Cet amendement ne propose pas une pérennisation au sens strict, mais une nouvelle « prolongation » de l’expérimentation jusqu’au 31 décembre 2027.

La proposition d’extension est elle‑même conditionnée par le sort du projet de loi qui la porte. Ce texte suit un parcours parlementaire décrit comme chaotique, comparable à celui du budget, si bien que l’issue reste incertaine et dépend des arbitrages politiques à venir.

Face à cette situation, les acteurs du terrain redoutent l’effet d’un calendrier parlementaire défavorable, qui priverait des équipes et des personnes bénéficiaires d’une visibilité indispensable pour organiser la continuité des soins.

Des évaluations jugées favorables par les soignants

Les partisans des HSA affirment que les preuves de leur efficacité sont déjà apportées. Dans une tribune publiée dans Le Monde, jeudi, un collectif de soignants écrit : « Ces lieux sont la réponse la plus efficace et la plus humaine à la consommation de rue. Toutes les évaluations l’attestent : scientifiquement, socialement, concrètement, cela fonctionne. »

Cette formulation rassemble l’argument central des professionnels : au‑delà de la réduction des risques immédiats liés à la consommation, ces lieux favoriseraient l’accès aux soins et la mise en relation avec d’autres services sociaux et médicaux.

Les chiffres et les rapports d’évaluation sont régulièrement invoqués par les défenseurs de ces dispositifs. Leur interprétation et la traduction de ces éléments en texte législatif restent cependant soumises à des arbitrages politiques.

Les enjeux pour les acteurs locaux et les usagers

À Paris comme à Strasbourg, les équipes pluridisciplinaires mettent en avant la continuité des prises en charge et la prévention des risques sanitaires. Pour les usagers, la fermeture éventuelle d’une HSA constituerait une perte d’accès à un espace encadré, gratuit et anonyme, qui vise à limiter les risques associés à la consommation en rue.

Les promoteurs du maintien des HSA insistent sur la nécessité d’une décision rapide et lisible du législateur. Sans calendrier clair, les associations et structures hospitalières se heurtent à des difficultés pour planifier leurs activités et sécuriser des financements pérennes.

La question juridique et politique de la pérennisation — ou de la simple prolongation — demeure au cœur des débats. Elle résume le dilemme entre une reconnaissance durable du modèle HSA et la prudence d’un prolongement expérimental soumis à décisions futures.

À l’heure où s’ouvre la nouvelle halte soins addictions de Paris, le constat de Mme Avril illustre la fatigue d’un secteur qui réclame des réponses définitives : les acteurs attendent que le Parlement tranche, pour que cesse une incertitude qui dure depuis la création de ces dispositifs en 2016.

En l’absence d’une décision formelle inscrite dans la loi avant la date butoir évoquée, la pérennité concrète des salles de consommation à moindre risque resterait suspendue aux échéances parlementaires et aux arbitrages politiques des prochains mois.

Parlons Politique

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