Macron se dit « plutôt positif » mais reste vigilant
Jeudi soir, en marge du sommet des chefs d’État qui précède la COP30 à Belém (Brésil), le président français Emmanuel Macron s’est déclaré « plutôt positif » sur la perspective d’accepter l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, tout en affirmant rester « vigilant ».
« Je suis plutôt positif, mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France », a-t-il déclaré aux journalistes, reprenant une ligne déjà exprimée à plusieurs reprises depuis l’ouverture des négociations sur ce texte très controversé au sein de la classe politique et du monde agricole français.
Les garanties obtenues et la réaction de la Commission
Emmanuel Macron a expliqué que les garanties obtenues — qualifiées de « clauses de sauvegarde » — avaient modifié son appréciation de l’accord. « Nous avons été entendus par la Commission, qui non seulement nous a donné une réponse positive sur les clauses de sauvegarde, mais a souhaité aussi apporter des soutiens en particulier au secteur de l’élevage, apporter aussi un renforcement des protections de notre marché intérieur avec un renforcement de notre union douanière », a-t-il ajouté.
Le président a précisé que, « dans les semaines qui viennent », la Commission européenne mènerait un « travail » avec le Mercosur « pour que ces clauses soient acceptées ». Il a laissé entendre que l’entrée en vigueur de l’accord dépendrait donc de la mise en œuvre effective de ces garanties.
Contexte et calendrier du traité
Destiné à libéraliser les échanges entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud — dont les deux géants, le Brésil et l’Argentine — le traité du Mercosur avait été signé à la fin de 2024. Adopté le 3 septembre 2025 par la Commission européenne, le texte doit encore être approuvé par les 27 États membres avant de pouvoir entrer en application.
Macron a rappelé sa position antérieure : il avait affirmé à plusieurs reprises que l’accord n’était « pas acceptable en l’état », principalement en raison des craintes exprimées par les agriculteurs français face à une possible « concurrence déloyale » des productions sud-américaines.
Position personnelle et conditions posées
« J’ai été cohérent depuis le début. J’ai dit qu’en l’état, il n’était pas acceptable, c’est pour ça que je vous dis qu’il est en train d’être changé. Et donc si ces clauses sont bien mises en œuvre qui n’existaient pas dans l’accord, à ce moment-là nous considérons que cet accord peut être acceptable », a-t-il déclaré à Belém.
Par ces mots, le chef de l’État souligne que son éventuel soutien national dépend avant tout de garanties concrètes et vérifiables concernant la protection des filières françaises, notamment l’élevage.
Signaux diplomatiques vers une signature en décembre
Mercredi, à l’issue d’une rencontre entre le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la présidence brésilienne a indiqué dans un communiqué que les parties étaient « disposées à signer » l’accord lors du sommet du Mercosur prévu le 20 décembre à Rio de Janeiro.
La date du 20 décembre, citée par l’exécutif brésilien, survient alors que plusieurs étapes domestiques restent à franchir côté européen : en particulier l’examen et l’approbation du texte par chacun des 27 États membres, condition nécessaire pour l’entrée en vigueur de l’accord.
Enjeux et perspectives
L’accord vise à accroître les échanges entre deux zones économiques importantes, mais il se heurte à des préoccupations économiques et environnementales largement partagées par des acteurs politiques et sociaux. En France, la fronde agricole a pesé sur le débat public et poussé les autorités européennes à préciser des mesures de protection et d’accompagnement.
Le calendrier diplomatique et la mise en œuvre effective des clauses de sauvegarde seront déterminants pour la suite : il revient à la Commission, aux États membres et aux partenaires du Mercosur d’évaluer si les modifications et les engagements sont suffisants pour lever les réserves nationales.
En l’état, Emmanuel Macron se dit prêt à envisager l’accord si les protections obtenues sont réellement appliquées, tout en affirmant sa vigilance quant à la défense des intérêts économiques et sanitaires de la France.





