Mercosur : Macron favorable mais exige clauses de sauvegarde et aides; la FNSEA parle de reniement et craint une rupture pour l’agriculture française

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Accord Mercosur : Emmanuel Macron se dit « plutôt positif », mais conditionne son soutien à des clauses de sauvegarde, des aides ciblées pour l’élevage et un renforcement de l’union douanière pour protéger les filières françaises. La FNSEA parle de « reniement » et doute de l’applicabilité des garanties ; le texte, signé fin 2024 et adopté par la Commission le 3 septembre 2025, doit encore être ratifié par les États membres (possible signature finale le 20 décembre 2025).

L’accord commercial conclu entre l’Union européenne et le Mercosur promet d’élargir les échanges transatlantiques : il doit permettre à l’Europe d’exporter davantage de voitures, de machines ou de vins, tout en facilitant l’importation de bœuf, de volaille, de sucre ou de miel en provenance d’Amérique du Sud. Face aux critiques des agriculteurs, Emmanuel Macron s’est déclaré « plutôt positif » jeudi soir, tout en se disant vigilant quant à la défense des intérêts français.

Les enjeux économiques et les garanties évoquées

Interrogé en marge du sommet des chefs d’État qui précède la COP30 à Belém (Brésil), le président français a expliqué : « Je suis plutôt positif, mais je reste vigilant parce que je défends aussi les intérêts de la France. » Il a souligné que la Commission européenne avait écouté les préoccupations françaises et avait proposé des mesures complémentaires.

Selon M. Macron, la Commission a non seulement apporté une « réponse positive sur les clauses de sauvegarde », mais elle a aussi proposé des soutiens ciblés pour le secteur de l’élevage et un renforcement des protections du marché intérieur, notamment via un renforcement de « notre union douanière ». Ces clauses de sauvegarde autorisent, en théorie, une augmentation temporaire des droits de douane sur certains produits agricoles importés du Mercosur en cas de dommages avérés pour l’agriculture européenne.

Le président a précisé que, « dans les semaines qui viennent », la Commission européenne mènerait un « travail » avec le Mercosur « pour que ces clauses soient acceptées ». Il a rappelé sa ligne de conduite : « J’ai été cohérent depuis le début. J’ai dit qu’en l’état, il n’était pas acceptable, c’est pour ça que je vous dis qu’il est en train d’être changé. Et donc si ces clauses sont bien mises en œuvre qui n’existaient pas dans l’accord, à ce moment-là nous considérons que cet accord peut être acceptable. »

Opposition des filières agricoles et inquiétudes syndicales

La réaction du monde agricole a été immédiate et virulente. La FNSEA, principal syndicat agricole français, a dénoncé vendredi « un reniement total » de la part d’Emmanuel Macron et parlé d’« une rupture avec l’agriculture française ». Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a déclaré sur le réseau social X : « Cette déclaration, prononcée qui plus est à Belém, au cœur du territoire de nos concurrents agricoles, sonne comme un nouvel affront. Nous ne laisserons pas brader notre modèle, nos emplois ni notre souveraineté. Nous appelons les eurodéputés français à faire bloc pour s’opposer à cet accord inacceptable et à défendre nos producteurs. »

Le syndicat et plusieurs acteurs de la filière agroalimentaire s’interrogent sur l’applicabilité réelle des clauses de sauvegarde. Leur crainte porte sur la rapidité et l’efficacité des mécanismes prévus pour protéger les marchés européens en cas de concurrence jugée déloyale. Ces doutes s’ajoutent aux inquiétudes environnementales et sanitaires souvent soulevées lors des négociations commerciales impliquant des produits agricoles.

Calendrier et étapes à venir

Le traité du Mercosur, destiné à libéraliser les échanges entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud — dont le Brésil et l’Argentine — a été signé à la fin de 2024. Adopté le 3 septembre 2025 par la Commission européenne, le texte doit encore être approuvé par les 27 États membres avant d’entrer en vigueur.

Mercredi, au terme d’une rencontre entre le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la présidence brésilienne a indiqué dans un communiqué qu’elle était « disposée à signer » l’accord lors du sommet du Mercosur prévu le 20 décembre 2025 à Rio de Janeiro. Cette annonce situe une prochaine échéance politique pour la conclusion formelle du traité.

Entre-temps, la Commission européenne devra clarifier les modalités d’application des clauses de sauvegarde et définir les aides ou dispositifs de soutien ciblés dont bénéficierait, selon Paris, le secteur de l’élevage. La ratification par les parlements nationaux des États membres reste une étape politique et juridique déterminante qui pourrait influer sur le calendrier final.

Sur le plan politique intérieur, la position du chef de l’État combine ouverture au compromis et promesse de vigilance. Reste à voir si les garanties évoquées satisferont les eurodéputés et les représentants agricoles français lors des prochains débats.

Parlons Politique

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