Un vote serré relance la procédure
Samedi 8 novembre, l’Assemblée nationale a autorisé la poursuite de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 en adoptant la partie consacrée aux recettes par 176 voix pour, 161 voix contre et 58 abstentions.
Ce résultat étroit permet aux députés de reprendre la lecture du texte après la pause parlementaire. Le vote illustre la fragilité de la majorité sur ce dossier et la difficulté, pour le gouvernement, d’aligner des soutiens suffisants au Palais-Bourbon.
Un article au cœur des tensions : la suspension de la réforme des retraites
Au centre des débats figure une disposition importante qui modifie le calendrier d’application du report de l’âge d’ouverture des droits à une pension. Présentée par l’exécutif comme une concession, cette mesure prévoit la suspension — au moins temporaire — de la réforme des retraites portée par le gouvernement.
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a introduit cette disposition pour tenter d’obtenir le soutien du Parti socialiste (PS) et d’éviter une censure, selon les termes rapportés lors des discussions. Le texte portant sur ce calendrier doit être examiné en séance mercredi 12 novembre, lors de l’ultime journée de débats, après une interruption de quarante-huit heures liée aux commémorations du 11-Novembre.
En commission, la même disposition avait déjà reçu un avis favorable : elle avait été approuvée le 31 octobre par une majorité des suffrages exprimés. Reste à vérifier si l’issue en hémicycle suivra la même trajectoire lors de l’examen prévu mercredi.
Débats, calendrier et incertitudes constitutionnelles
Au-delà du contenu des amendements, se pose une question procédurale majeure : l’Assemblée nationale parviendra-t-elle à examiner l’intégralité du PLFSS dans les délais imposés par la Constitution — c’est‑à‑dire avant la clôture des débats fixée au mercredi soir ?
Si la discussion ne parvient pas à couvrir tous les articles d’ici là, le gouvernement s’est engagé à transmettre au Sénat la version du texte intégrant l’ensemble des amendements validés à l’Assemblée nationale. Cet engagement vise à garantir la continuité de l’examen parlementaire, même en cas d’impossibilité matérielle d’épuiser la discussion en première lecture.
Dans ce contexte, plusieurs inconnues subsistent : l’ampleur des regroupements de députés qui soutiendront ou s’opposeront à la suspension de la réforme des retraites, l’impact de ce vote sur la cohésion de la majorité et le calendrier effectif des débats entre les deux chambres.
Ce que laisse entendre la séquence parlementaire
La succession des étapes — vote serré sur les recettes, approbation en commission de la modification du calendrier des retraites et examen en séance de l’article-clé — reflète une dynamique prudente du gouvernement, qui cherche à concilier contraintes budgétaires et arbitrages politiques.
Pour l’instant, l’Assemblée nationale a pris une décision limitée mais décisive : permettre que la procédure suive son cours. L’issue de la journée de mercredi 12 novembre déterminera si la suspension de la réforme des retraites obtient le soutien attendu ou si le gouvernement devra réajuster sa stratégie parlementaire.
En l’absence d’une adoption complète de tous les articles avant la date butoir, la transmission au Sénat de la version enrichie des amendements validés constituera le mécanisme retenu pour poursuivre l’examen du PLFSS.
La situation reste donc à suivre de près, tant sur le fond des dispositions concernant l’âge d’ouverture des droits que sur la manière dont l’exécutif gérera l’équilibre politique au sein de l’Assemblée nationale.





