Un territoire d’ancrage historique
Le pourtour de l’étang de Berre, dans les Bouches‑du‑Rhône, représente un ancrage électoral ancien pour le Rassemblement national (RN). Dès 1995, le parti — alors Front national — avait remporté des mairies comme Marignane et Vitrolles, deux résultats longtemps cités comme des succès locaux majeurs.
Trente ans plus tard, le RN se présente comme « maître des quatre circonscriptions » qui bordent la vaste lagune saline. Le parti occupe ainsi une place consolidée dans ce paysage où se mêlent industries lourdes, zones d’activité, villes‑dortoirs et espaces naturels fragiles.
Franck Allisio, délégué départemental de la fédération RN et député depuis 2022 de la 12ᵉ circonscription qui couvre la rive sud, résume cette appropriation symbolique. « Depuis les législatives de 2024, l’étang est un lac patriote, bleu, blanc, rouge. On va confirmer cela aux municipales », affirme‑t‑il, soulignant l’ambition du parti pour les scrutins locaux à venir.
Objectifs locaux et cartographie des cibles
Autour de l’étang, plusieurs communes sont ciblées par le RN : Martigues, Vitrolles, Berre‑l’Étang, Fos‑sur‑Mer, Istres, Gignac‑la‑Nerthe, Le Rove, entre autres. Ces villes varient par leur taille et leurs enjeux, du pôle industriel aux quartiers résidentiels périphériques.
Romain Tonussi, député RN de la 8ᵉ circonscription qui couvre la rive nord, annonce déjà une montée en puissance des candidatures. Il évoque un « record de candidatures » et affirme que « deux tiers des habitants de ma circonscription pourront voter pour une liste RN dans leurs villes ». Cette affirmation signale un accroissement net de la présence locale du parti par rapport aux municipales de 2020.
Pour mémoire, en 2020 le RN se présentait dans 20 des 119 communes du département des Bouches‑du‑Rhône. Le parti entend donc multiplier ses listes et accroître son maillage municipal pour les élections prochaines.
Consolidation du pouvoir et alliances locales
Au‑delà des candidatures, le RN ambitionne de conserver des bastions récemment conquis. Le parti espère notamment pérenniser sa présence à Rognac, remportée lors d’une élection partielle fin 2024.
Parallèlement, le RN comptabilise des alliances ou des convergences locales. Le maire de Marignane, Eric Le Disses — classé divers droite — est cité comme un promoteur actif de « l’union des droites ». Il est également vice‑président du conseil départemental, sous la présidence de Martine Vassal (divers droite). Le texte original indique par ailleurs qu’Eric Le Disses a racheté la « marque » RPR avec Franck Allisio, un détail de stratégie politique locale repris dans les discours des protagonistes.
Profil de l’électorat et argumentaire du RN
Le discours local du RN décrit une périphérie marseillaise déçue par les autres formations politiques. Franck Allisio caractérise cet électorat comme une « classe moyenne » lassée par l’augmentation du coût de la vie et en quête d’ordre et de justice — fiscale et sociale. « L’étang de Berre, c’est le cœur de notre électorat. Une périphérie de Marseille qui vote RN parce qu’elle est profondément déçue par les autres partis. Une classe moyenne qui n’en peut plus de toujours payer plus en gagnant un peu moins, qui a envie d’ordre, de justice fiscale et sociale. Et veut dégager un personnel politique usé par le pouvoir », martèle‑t‑il.
Ce positionnement met l’accent sur des motivations économiques et identitaires, présentées comme moteurs du vote pour le RN autour de l’étang. Les responsables locaux misent sur la traduction de ce ressenti en sièges municipaux lors des prochaines élections.
Dans ce contexte, le RN combine une stratégie de conquête municipale renforcée, des candidatures plus nombreuses et des alliances locales ponctuelles. Le territoire de l’étang de Berre apparaît ainsi comme un laboratoire d’ancrage pour le parti, où s’articulent héritage historique, recomposition des candidatures et promesses de réponse aux préoccupations sociales et économiques des habitants.
