Elisabeth Borne est réapparue à l’Assemblée nationale jeudi 13 novembre, dans un retour discret qui intervient au lendemain du vote en première lecture portant sur la suspension de la réforme des retraites. Cette réforme, adoptée « au forceps » en 2023 et souvent associée à son nom, a été au cœur des discussions politiques et publiques depuis plusieurs années.
Un retour encadré par des règles constitutionnelles
Jusqu’à cette session, l’ancienne Première ministre (2022-2024) n’avait pas pu siéger en raison d’un délai constitutionnel qui empêche, pendant une période donnée, les membres sortants de certains gouvernements de reprendre immédiatement leur siège à l’Assemblée. Son entrée dans l’Hémicycle survient peu après qu’elle ait laissé entendre, quelques semaines auparavant, qu’elle accepterait de sacrifier la réforme pour favoriser un compromis.
Ce déplacement ne signifiait pas seulement une présence symbolique : Elisabeth Borne a réintégré le groupe Parlementaire Ensemble pour la République et a rejoint la commission des affaires étrangères. Elle siégeait, aux côtés d’autres anciennes membres du gouvernement, dont l’ex-ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher (septembre 2024-octobre 2025), montrant sa volonté d’investir son mandat parlementaire.
Regrets et critiques publiques
Un mois après avoir quitté son portefeuille de ministre de l’éducation nationale (décembre 2024-octobre 2025), Elisabeth Borne n’a pas dissimulé son « regret » d’avoir été évincée du gouvernement. Dans une interview accordée à La Tribune à la mi-octobre, elle a critiqué la « succession » de huit ministres de l’éducation depuis 2017 et denoncé, selon ses mots, l’absence de « ligne » du ministre Sébastien Lecornu.
Ces propos illustrent sa lecture d’un besoin de stabilité et de continuité dans la politique éducative, tout en soulignant le contraste entre la nécessité de renouvellement du gouvernement et le coût politique que représente le départ d’une personnalité expérimentée. Ses remarques ont relancé le débat sur la gestion des ministères et la cohérence des orientations gouvernementales au fil des alternances et des remaniements.
Rumeurs et ambitions parlementaires
Depuis son retour dans l’Hémicycle, Elisabeth Borne a vu réapparaître des rumeurs sur son avenir institutionnel, notamment une hypothèse de nomination à la Cour des comptes. Elle a démenti ces spéculations et insiste sur son intention de s’investir pleinement dans son mandat de députée.
Sa réintégration du groupe Ensemble pour la République et de la commission des affaires étrangères s’inscrit dans ce cadre : elle souhaite conserver une influence politique en restant active sur les dossiers nationaux et internationaux. Interrogée sur sa stratégie, elle a également laissé entendre qu’elle n’entendait pas céder l’initiative à ses opposants internes, en particulier au président du groupe et secrétaire général de Renaissance, Gabriel Attal, qu’elle considère comme un rival politique au sein de la majorité.
La présence d’anciennes ministres et la capacité d’Elisabeth Borne à capitaliser sur son expérience gouvernementale feront l’objet d’observations attentives au sein de l’Assemblée. Son retour marque une étape importante pour comprendre comment les personnalités récemment sorties de l’exécutif cherchent à transformer leur capital politique en action parlementaire.
Sur le fond, la question de la réforme des retraites reste loin d’être tranchée. Le vote en première lecture, évoqué au début de la séance, ouvre une nouvelle phase législative et politique. Pour Elisabeth Borne, qui porte l’héritage de l’adoption controversée de 2023, le défi sera de concilier cette histoire politique avec son rôle renouvelé de députée et d’actrice au sein d’un groupe parlementaire qui doit gérer autant les clivages internes que les attentes de l’opinion.





