Emmanuel Macron à Toulouse : retour politique, proposition d’un âge de majorité numérique à 15 ans, levée ciblée de l’anonymat et pression sur les plateformes

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Absent de Paris lors du vote qui suspendait la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’est rendu à Toulouse pour un échange très cadré sur « la démocratie à l’heure des réseaux sociaux ». Il y a proposé un « âge de majorité numérique » à 15 ans, la levée ciblée de l’anonymat, la responsabilisation des plateformes et la transparence des algorithmes, tout en dénonçant la lenteur d’application du DSA — sans préciser les modalités opérationnelles.

Emmanuel Macron n’était pas à Paris mercredi 12 novembre lorsque les députés ont adopté l’article du budget de la Sécurité sociale qui suspend la réforme des retraites. Le vote s’est déroulé alors que le chef de l’État était en déplacement à Toulouse, un déplacement organisé, selon ses propres mots, « en un temps record ».

Un déplacement et un cadre très maîtrisé

Sur le site de l’imprimerie du quotidien La Dépêche du Midi, Emmanuel Macron a animé pendant deux heures trente un échange très cadré avec des lecteurs du journal sur le thème « la démocratie à l’heure des réseaux sociaux ». L’intervention, limitée et structurée, a eu lieu dans un contexte politique chargé : le débat budgétaire en cours conditionne l’avenir des décisions publiques, et le président ne s’était pas adressé aux Français depuis le 13 mai, lors d’une émission diffusée sur TF1.

Plusieurs observateurs ont vu dans ce déplacement une tentative de reprendre pied sur la scène nationale. Le format choisi — échange public mais contrôlé, dans un quotidien régional — souligne la volonté d’engager la conversation hors des circuits habituels des grands médias nationaux.

Des propositions sur la jeunesse et l’anonymat en ligne

Au cœur de son propos, Emmanuel Macron a comparé les réseaux sociaux au « Far West » et plaidé en faveur d’un « âge de majorité numérique » fixé autour de 15 ans, une position qu’il affirme marteler depuis janvier 2024. Il a expliqué que fixer un tel âge permettrait, selon lui, d’encadrer davantage l’accès des mineurs aux plateformes et de renforcer la responsabilité éducative et juridique.

Le président a également suggéré la « levée de l’anonymat » des internautes dans certains cas, afin de faciliter la responsabilisation judiciaire, en particulier pour ceux qui « proferent des contenus antisémites, racistes, discriminants ». Cette proposition vise à rendre identifiables les auteurs de propos répréhensibles, mais soulève, en pratique, des questions juridiques et techniques non développées lors de l’échange.

Responsabilisation des plateformes et transparence des algorithmes

Emmanuel Macron a défendu la responsabilisation des plateformes et la transparence des algorithmes, points qu’il a présentés comme essentiels pour limiter la diffusion de contenus haineux ou illicites. Il a toutefois reconnu que des mesures similaires figuraient déjà dans la législation européenne.

À ce sujet, il a fait part de ses regrets sur la lenteur de l’application du règlement européen sur les services numériques, connu sous le sigle Digital Services Act (DSA). « On n’a pas réussi à finaliser beaucoup d’affaires encore sur la base de cette directive […], parce que c’est très lent, très long et parce que c’est attaqué directement, politiquement, par les grands acteurs américains », a-t-il déclaré, jugeant la législation européenne « insuffisante ».

Le président a enfin rappelé que, selon lui, la DSA n’était « à ce stade, toujours pas appliquée » — une remarque qui souligne la difficulté persistante d’une mise en œuvre rapide et opérationnelle des règles européennes.

L’ensemble de ses propos sur la régulation du numérique a été tenu sans détail opérationnel précis sur les modalités pratiques d’une levée d’anonymat ni sur le calendrier d’application des mesures qu’il propose. Ces éléments, essentiels à toute évaluation juridique et technique, n’ont pas été développés au cours du débat.

Ce déplacement, décrit par l’entourage présidentiel comme organisé « en un temps record », aura donc servi à porter le débat sur la gouvernance numérique au premier plan, tandis que la vie parlementaire se concentrait sur le texte budgétaire. Le choix du lieu et du format témoigne d’une volonté de recomposer la parole présidentielle hors des cadres traditionnels, sans pour autant fournir, à ce stade, de nouveaux éléments concrets sur la mise en œuvre des propositions avancées.

Parlons Politique

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