Une requête claire adressée à Sébastien Lecornu
Le message transmis au premier ministre est volontairement bref et pressant : les signataires demandent « solennellement » l’abandon du projet de réforme de l’assurance‑chômage.
La lettre commune, envoyée dans la soirée du vendredi 14 novembre, s’adresse directement à Sébastien Lecornu et vise la mise à l’écart d’un texte qualifié de « très controversé », lancé durant l’été par le précédent gouvernement.
Sur le fond, les organisations réclament explicitement « le retrait de la lettre de cadrage » qui leur avait été adressée le 8 août par François Bayrou, alors premier ministre. Cette demande constitue la pièce centrale du courrier collectif dévoilé par l’AFP et dont Le Monde s’est procuré une copie.
Les signataires et l’absence notable du Medef
L’en‑tête du courrier porte les logos de sept organisations : cinq syndicats — CFDT, CFE‑CGC, CFTC, CGT et FO — et deux mouvements patronaux — la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P).
Ces sept acteurs sociaux ont choisi de s’unir pour adresser une position commune au gouvernement. En revanche, le Medef ne s’est pas associé à l’initiative et figure explicitement comme absent de cette démarche collective.
La répartition des signataires montre une convergence inhabituelle entre syndicats et organisations patronales de proximité. Le choix de formuler la requête sous la forme d’une lettre commune donne une visibilité renforcée à leur opposition au calendrier et au contenu de la réforme.
Ce que demande la lettre
Les signataires demandent le retrait de la lettre de cadrage envoyée le 8 août. Dans le vocabulaire administratif et politique, une « lettre de cadrage » fixe les objectifs et les contraintes d’une réforme, ainsi que les orientations chiffrées et calendaires auxquelles s’attendre.
En demandant son retrait, les organisations réclament de fait la suspension du processus préparatoire permettant d’avancer vers l’adoption du texte. Elles jugent manifestement que les éléments contenus dans ce document ne sont pas acceptables et qu’ils nécessitent une renégociation ou un abandon pur et simple.
Contexte et interprétations
Le projet de réforme de l’assurance‑chômage, lancé durant l’été par le précédent gouvernement, est décrit dans la lettre comme très controversé. Cette qualification reflète le malaise partagé par les signataires, qui estiment que la méthode ou le contenu du projet ne permettent pas un débat social apaisé.
Selon le texte rendu public, tout porte à croire que le locataire de Matignon donnera une suite favorable à cette requête. Cette formulation indique que les auteurs de la lettre anticipent une décision rapide du premier ministre, mais elle ne constitue pas une confirmation officielle de la part du gouvernement.
Enjeux et suite attendue
La demande de retrait de la lettre de cadrage soulève plusieurs enjeux politiques et sociaux. D’un point de vue procédural, retirer un tel document interrompt le cadre établi pour la réforme et oblige l’exécutif à redéfinir ses modalités d’action.
Sur le plan social, l’unité affichée des organisations signataires peut peser dans la balance lors des discussions à venir. L’absence du Medef signifie toutefois que la représentation patronale n’est pas entièrement rassemblée autour de cette position commune.
À ce stade, la lettre constitue une pression publique forte adressée au chef du gouvernement. Reste à connaître la réponse officielle de Matignon et les éventuelles discussions que le gouvernement acceptera d’engager avec les organisations concernées.
Le document dévoilé par l’AFP et diffusé via Le Monde permet d’identifier clairement les acteurs impliqués et la date de la lettre initiale — le 8 août —, mais il n’expose pas, dans la copie publique, l’intégralité des arguments détaillés qui ont conduit à cette demande collective.
Les prochaines étapes dépendront de la décision du premier ministre et des ouvertures éventuelles au dialogue social. Entre‑temps, la lettre commune marque une étape significative dans le débat sur la réforme de l’assurance‑chômage et illustre la capacité des partenaires sociaux à coordonner une réponse commune face aux orientations gouvernementales.





