Une primaire annoncée pour « l’automne 2026 »
La gauche unitaire, qui plaide pour une candidature commune à l’élection présidentielle de 2027, s’est réunie à Trappes (Yvelines) samedi 15 novembre pour afficher son intention d’unir ses forces face à l’extrême droite. Lors de ce rassemblement, les responsables ont annoncé la tenue d’une primaire prévue pour « l’automne 2026 », dont la date précise et les modalités doivent être communiquées durant la première quinzaine de décembre, a indiqué Lucie Castets.
Présentée l’an dernier comme la candidate potentielle à la fonction de première ministre par la gauche unie, Lucie Castets a assuré que l’annonce prochaine de la date de la primaire « va créer un effet d’entraînement, une dynamique ». Elle s’appuie notamment sur une enquête Elabe pour BFM-TV selon laquelle 72 % des électeurs du Nouveau Front populaire souhaitent une candidature unique de la gauche.
Acteurs et engagements : qui porte l’union ?
Le « serment » d’un candidat commun avait déjà été prononcé en juillet à Bagneux (Hauts-de-Seine). Y figuraient Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, les ex-députés de La France insoumise Clémentine Autain (L’Après) et François Ruffin (Debout !), ainsi que Benjamin Lucas, coordinateur de Génération.s.
Lors du rassemblement de Trappes, ces responsables se sont retrouvés pour donner un aspect concret à cet engagement. Trois personnalités ont d’ores et déjà déclaré leur candidature à la primaire : François Ruffin, Clémentine Autain et Marine Tondelier, cette dernière devant être officiellement désignée par son parti au début de décembre. Interrogé sur une éventuelle participation, Olivier Faure a indiqué que « la décision n’était pas prise ».
Deux figures de la gauche qui arrivent en tête des sondages — Jean‑Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, et Raphaël Glucksmann, dirigeant de Place publique — ont pour l’heure refusé de prendre part à ce processus. Ils estiment pouvoir incarner un vote utile sans passer par une primaire commune.
Des fractures internes et des réserves persistantes
Le projet d’union ne fait pas l’unanimité. Au sein du PS, certains militants et cadres se montrent sceptiques, préférant soutenir Raphaël Glucksmann. Johanna Rolland, maire de Nantes, a rappelé que le congrès du parti a tranché en faveur d’une candidature commune, mais qu’une consultation des militants est prévue « après les municipales ».
Olivier Faure a souligné l’évolution des opinions internes : « Tous ceux qui [en interne] étaient sceptiques sur le ‘format Bagneux’ jugent aujourd’hui qu’il est utile. Cette obligation morale va augmenter au fur et à mesure qu’on va avancer vers la présidentielle. » Malgré ces signaux, des observateurs et responsables extérieurs doutent de la capacité du PS à se rallier à un candidat issu d’un autre courant. Un responsable de Place publique a ainsi affirmé qu’il ne voyait pas les socialistes se ranger « derrière Tondelier si elle gagne ».
Le Parti communiste français ne partage pas, pour l’instant, cette volonté d’union intégrale, même s’il possède, selon Clémentine Autain, « une culture antifasciste et une tradition d’union ».
Stratégie, calendrier et obstacles programmatiques
La gauche unitaire a choisi de structurer sa démarche autour de conventions thématiques : la première, consacrée à l’éducation, a rassemblé des jeunes des quartiers populaires et a dénoncé le séparatisme scolaire. D’autres conventions sont prévues afin d’enrichir une plateforme programmatique qui doit être lancée en février prochain.
Mais l’élaboration d’une stratégie commune se heurte à des divergences sur des sujets concrets. Les partis partenaires ont défendu des positions opposées à l’Assemblée sur le budget, un point que Clémentine Autain reconnaît en concédant que « la séquence budgétaire ne fédère pas ». Elle critique par ailleurs la position de compromis adoptée par les socialistes vis‑à‑vis du gouvernement.
Ces désaccords offrent toutefois aux électeurs de gauche la possibilité de distinguer des profils politiques, estime Autain : « Ça donne aux électeurs de gauche la possibilité de trancher un profil lié à une ligne politique. »
La tenue du rassemblement de Trappes précède d’une journée un autre rassemblement, à Pontoise, autour de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui réunit une partie de la social‑démocratie. Raphaël Glucksmann y participe, mais cette présence ne semble pas inquiéter les partisans de l’union. Olivier Faure a réagi en estimant que chacun pouvait vouloir « incarner ce qu’il veut », tout en avertissant que l’absence à la primaire risquerait d’accroître la fragmentation de la gauche.
Un député socialiste résume le risque : si plusieurs candidatures concurrentes persistent, « ce sera Jospin 2002 », en référence à la dispersion des voix qui avait marqué l’élection de 2002.
Le calendrier annoncé — primaire à l’automne 2026, date et modalités dévoilées en première quinzaine de décembre — fixe désormais l’horizon politique autour duquel les débats internes et les convergences programmatique devront se structurer.





