Jordan Bardella peaufine sa candidature présidentielle avec une tournée-signature autour de Ce que veulent les Français, avant le procès en appel de Marine Le Pen

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Chaque soir, Jordan Bardella multiplie signatures et selfies lors d’une tournée pour Ce que veulent les Français (Fayard) : un rituel millimétré — symbole d’une stratégie de répétition — qui façonne une proximité performative avec un public intergénérationnel et transforme le livre en instrument politique du Rassemblement national.

Chaque soir, Jordan Bardella répète le même rituel devant une foule compacte et patiente : il longe la file, s’installe à sa table, sourit sur commande et lance, joyeusement : « Allez, on peut y aller. »

La scène se renouvelle quelles que soient la météo et l’heure. Les heures s’étirent au rythme des signatures et des portraits que les lecteurs apportent — le tout autour d’un livre dont la lecture est la colonne vertébrale de la soirée (Ce que veulent les Français, Fayard, 392 pages, 23,90 euros).

La mécanique de la dédicace

L’rituel est millimétré. Selon le récit, Jordan Bardella signe 1 500 fois au cours d’une tournée, pose 1 500 fois pour une photo et adresse 1 500 « merci, merci beaucoup ». Ces chiffres, répétés dans la salle comme des marqueurs, résument une stratégie politique fondée sur la répétition.

La répétition n’est pas qu’un geste cérémoniel. Elle structure la relation publique. Signer, saluer, poser pour une photo, tout cela répété jusqu’à l’usure façonne une proximité très codifiée entre l’élu et son électorat.

C’est le deuxième ouvrage du président du Rassemblement national (RN) en deux ans. L’auteur ne cache pas qu’un troisième volume ne le laisserait pas indifférent. Cette cadence de publications participe à l’image d’un responsable politique en mouvement permanent.

Un public intergénérationnel et une identité mise en avant

À l’arrière de la file, lundi 10 novembre au soir à Perpignan, une mère et sa fille patientent pour la dédicace. Agnès, 62 ans, ancienne de la fonction publique, évoque la sincérité qu’elle prête au président du RN. Sa fille, dont le prénom est gardé secret parce qu’il serait « très identifiable », accompagne la scène.

« Sa sincérité. Il s’ouvre aux gens. Ce n’est pas un fils de riche, il n’a pas fait d’études : pour moi, c’est très positif quand on voit ce que nos dirigeants à bac + 20 ont fait du pays », affirme Agnès.

Ses propos tracent un portrait politique : la valorisation d’un parcours perçu comme éloigné des élites, la préférence pour un style pragmatique, et le rejet d’un certain établissement universitaire. Agnès ajoute qu’elle apprécie « l’idée du ‘binôme’ » et n’efface pas l’héritage de Marine Le Pen dans son regard porté sur le mouvement.

Elle estime aussi que Bardella attire « d’autres personnes, les jeunes, à travers son parcours, et les classes supérieures. En 2027, il peut élargir. » Cette anticipation électorale est rapportée telle quelle, fidèle au propos entendu dans la file.

Entre intime et performatif

Les dédicaces politisées oscillent entre moments intimes et performances publiques. Pour la personne qui reçoit la signature, l’instant peut ressembler à une reconnaissance individuelle. Pour le candidat, il s’agit d’un acte de visibilité contrôlée, répété et médiatisé.

La scène décrite — jeunes et plus âgés mêlés, pochettes de livres pressées contre la poitrine, sourires photographiques — illustre une mise en scène maîtrisée. Elle fonctionne comme une machine à transformer l’adhésion en image et l’image en récit politique.

Le livre, objet tangible de ces rencontres, joue un rôle de catalyseur. Il structure les conversations, donne matière aux portraits questionnés lors des séances, et permet d’ancrer une parole politique dans un format lisible et vendable.

Ce que dit la foule

La patience et l’enthousiasme de la file racontent autre chose qu’un simple succès commercial : ils documentent une relation de confiance à construire ou à consolider. Les phrases courtes, les remerciements répétés et les selfies créent un langage commun entre l’auteur et son public.

Les témoignages recueillis dans la file montrent des motivations variées : reconnaissance personnelle, espoir d’un changement pragmatique, désir d’un candidat perçu comme « non sectaire ». Ces motivations se mêlent à des considérations personnelles, comme la carrière dans la fonction publique d’Agnès, et à des références à des personnalités politiques antérieures.

La dédicace, au-delà de l’échange, devient ainsi un micro-laboratoire d’opinions où se tissent discours et émotions. Elle livre une photographie — instantanée mais répétée — d’un moment politique particulier.

Parlons Politique

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